Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaâ tire son épée du fourreau et va en guerre contre les utilisateurs des réseaux sociaux qui colportent des ragots, distillent des rumeurs et profèrent des insultes et ce à l’encontre des institutions, les symboles de l’État ou des personnes. L’ancien Procureur général près la Cour d’Alger promet ainsi une lutte sans pitié contre les auteurs qui ciblent autrui par des propos diffamatoires, injurieux et offensant. Autrement dit, « l’État sera intransigeant en cas d’atteinte à la stabilité sociale», a martelé, mardi dernier, devant l’Assemblée populaire nationale, Boudjemaâ, en réponse à des préoccupations des députés. Le contexte de son intervention, faut-il le souligner, était le débat sur le projet de loi relative à l’organisation et le fonctionnement du Tribunal des conflits. Pour le membre du Gouvernement, aucune tolérance pour l’insulte ne serait permise, ni encore moins la calomnie, l’injure et l’humiliation, comme flot de violence verbale qui, faut-il l’avouer, foisonne les réseaux sociaux. Boudjemaâ a fait parler de lui. Sa déclaration intervient à point nommé et ses propos fermes et augustes tenus devant les députés ont, semble-til, fait mouche. C’est le cas de le dire, puisque ce phénomène inquiète car il a atteint un tel niveau de prolifération qui pourrait porter atteinte à la stabilité sociale. Voire provoquer l’ordre public. Bien que la Constitution garantisse les droits en matière de liberté d’expression, ces mêmes droits ne doivent pas être détournés à des fins nuisibles, voire dangereuses qu’une atteinte à la stabilité sociale, à l’État et ses institutions, mais aussi contre des personnes particulières. Comme nous l’apprend l’adage, « il faut savoir raison garder ! » Ce n’est malheureusement pas le cas, puisque beaucoup de gens ont tendance à confondre liberté d’expression et diffamation. La législation à ce sujet est pourtant claire. Le texte modifiant et complétant l’ordonnance 66-156 portant Code pénal a été adopté l’année dernière. Prenant l’article 146 de la loi par exemple, sous lequel toute personne coupable d’outrage, d’injure ou la diffamation tombe sous le coup.
Farid Guellil