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Crise financière aiguë à l’ADE : risque imminent de la hausse des tarifs

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Le directeur général de l’Algérienne des eaux (ADE), Zidane Meraha, a tiré, avant-hier, l’alarme, et ce, pour la énième fois quant à la situation drastique que vivait son entreprise, sollicitant l’aide des pouvoirs publics.

En effet, il est question de pertes générées par les fuites sur les réseaux défectueux, mais également les pertes issues de branchements illégaux, non facturés, qui se sont multipliés à l’échelle du territoire national. S’exprimant lors d’une rencontre qui, l’a regroupé avec une centaine de cadres syndicaux, le DG de l’ADE a affirmé que son entreprise fait face à des « difficultés sérieuses », estimant que seul un effort collectif avec l’appui des pouvoirs publics peut permettre de dépasser cette « étape délicate». étant plus explicite, Merah, a fait savoir que l’entreprise perd, avec les paramètres actuels, 30 dinars par m3 d’eau distribué. « Ce déficit devrait s’aggraver avec une augmentation des charges dues à la hausse du prix de l’énergie (+20%) et du gasoil (+40%) », sans oublier les charges salariales revues à la hausse depuis janvier dernier. En gros, ça coûte de plus en plus cher de produire de l’eau potable pour l’ADE, ce qui impose à l’institution de réfléchir à de nouvelles alternatives pour maintenir son équilibre financier. Côté solutions, Zidane a estimé qu’un recours au réajustement tarifaire de l’eau s’imposait mais la décision relève des pouvoirs publics. Il a assuré, dans le même ordre d’idées, que réajustement peut préserver cette ressource qui fait l’objet de gaspillage. Pour rappel, le même responsable avait récemment indiqué que seulement 42% du volume d’eau potable produit actuellement, sont facturés, le reste (58%) est réparti en 30% sous forme de pertes dans les réseaux d’alimentation et le vol à travers des branchements illicites. De surcroît, il dira que le coût de production d’un mètre cube d’eau est estimé entre 60 et 80 DA, alors que l’état le cède au consommateur à 18 DA seulement, soit une perte de 42 DA minimum. Par ailleurs, selon les chiffres avancés par Zidane, pour assurer un service public de l’eau, l’état subit des pertes énormes. Citant l’exemple de l’assainissement, le mètre cube d’eau épurée coûte 80 DA, le transfert d’un m3 d’In-Salah à Tamanrasset 70 DA et celui produit par le dessalement d’eau de mer 80 DA. Ces coûts devraient être revus à la hausse avec l’augmentation des prix de l’énergie de 20% et du gasoil de 40%. En effet, après la hausse du prix du carburant et de l’électricité en Algérie, il est quasiment impossible de voir les tarifs des autres services inchangés. D’autre part, le DG de l’ADE recommande une forte dynamique de croissance peut permettre à l’entreprise de dépasser ce cap. Une nouvelle organisation a été mise en place par l’ADE pour redynamiser la gestion dans le sens d’une décentralisation pour donner un rôle plus grand aux unités de l’entreprise, a avancé le même responsable. En outre, une série de mesures ont été prises dans le même objectif, et ce, à travers, notamment, la révision des missions des zones, la signature des contrats de performance avec les directeurs d’unités et le recours à une évaluation indépendante. Merah a, dans un autre sillage, affirmé, sa disponibilité à améliorer les conditions de vie et le revenu des travailleurs, précisant que toute amélioration des résultats sera récompensée. D’ailleurs, un nouveau système de salaires touchant 68% des travailleurs sera appliqué dès février en cours. Tandis que les unités de l’ADE en mesure de faire face à ces nouvelles charges salariales ont le feu vert pour l’appliquer avec effet rétroactif à partir de janvier 2016, a ajouté le même responsable. Néanmoins, Merah a tenu à préciser que cet effort financier ne pouvait être soutenu « alors que 52% de l’eau se perdent et que 8 milliards de dinars destinés aux équipements n’ont pas été utilisés ».
Il y a quelques jours, le ministre des Ressources en eau Abdelouahab Nouri, a totalement écarté la hausse des prix de l’eau. Le ministre a affirmé qu’il «n’est pas question de revoir le prix de l’eau à la hausse» et que «le taux de remplissage des barrages est à hauteur de 65% alors que les 13 stations de dessalement produisent pas moins de 2,3 millions de m3/jour». Le ministre a estimé qu’il y avait d’autres manières d’agir, notamment en réduisant les coûts et les dépenses. Toutefois, le DG de l’ADE ne semble pas du même avis et estime que la réorganisation de l’entreprise qu’il dirige n’est pas suffisante pour amortir les pertes dues à un prix dérisoire du mètre cube d’eau. Quelle est la solution? Le gouvernement va-t-il décider d’une autre augmentation ? On le saura dans les tous prochains mois. Mais le scénario n’est pas à exclure si les prix du pétrole continuent à se situer à moins de 50 dollars le baril. Rappelons que le montant des créances de l’Algérienne des eaux est évalué à 45 milliards de dinars dont 29 milliards de créances auprès des ménages et 16 milliards auprès des artisans et des entreprises. Ces créances se répercutent négativement sur la santé financière de l’ADE, qui a beaucoup de charges et frais pour l’entretien, la maintenance des équipements, leur réfection, leur renouvellement, les tâches administratives et techniques, etc. Des procédures de recouvrement sont toujours entreprises à l’encontre, mais ces mauvais payeurs ne reculent, hélas, devant rien !
Lamia Boufassa

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