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Crimes au Darfour : Le Soudan dit vouloir remettre Béchir à la CPI

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Le président déchu Omar el-Béchir, poursuivi depuis plus d’une décennie par la justice internationale sur des accusations de crimes contre l’humanité dans le cadre du conflit au Darfour, sera remis à la Cour pénale internationale (CPI), a affirmé mardi un haut responsable soudanais.

Incarcéré à Khartoum depuis sa destitution par l’armée en avril, M. Béchir, 76 ans, est recherché depuis 2009 par la CPI, basée à La Haye, pour «génocide», «crimes de guerre» et «crimes contre l’humanité» au Darfour (ouest), durant un conflit meurtrier ayant éclaté en 2003 avec des insurgés issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées. «Ceux qui ont été accusés par la CPI doivent y aller», a affirmé Mohamed al-Taayichi, membre du Conseil souverain soudanais, dans un communiqué. «L’un d’entre eux est Omar el-Béchir et (il y en a) trois autres», a-t-il ensuite précisé lors d’une conférence de presse dans la capitale du Soudan du Sud, Juba. Trois anciens proches d’Omar al-Béchir sont poursuivis par la CPI: Ahmed Haroun, ancien secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Abdelrahim Mohammad Hussein, ancien ministre de la Défense et de l’Intérieur, et Ali Kosheib, chef des milices Janjawid. M. Béchir, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1989 et chassé par la rue l’an dernier, récuse l’ensemble des chefs d’accusations. «Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous supportions totalement la CPI et nous avons convenu que les quatre criminels devaient lui être remis», a encore déclaré M. Taayichi, sans préciser la date à laquelle serait mise en œuvre la mesure. M. «Béchir et les autres seront présentés à la CPI. C’est une décision du gouvernement», a confirmé à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Fayçal Mohamed Saleh. Cette annonce du Conseil souverain soudanais survient après qu’une délégation du gouvernement a rencontré des groupes rebelles à Juba.

Justice et réconciliation
La justice et la réconciliation au Darfour –où 300.000 personnes ont été tuées et des millions déplacées depuis le début du conflit selon l’ONU– ont été au cœur des discussions, a affirmé Mohamed al-Taayichi.
Celles-ci ont abouti à un accord pour la mise en place de plusieurs mécanismes de pacification de la région, dont une cour spéciale pour enquêter sur les crimes commis au Darfour, d’après la même source. «Nous ne pouvons rendre justice aux victimes sans prendre en compte leur souffrance, c’est une vérité à laquelle on ne peut échapper», a déclaré M. Taayichi. «Nous avons très bien avancé, surtout sur la question de la justice et de la réconciliation», a déclaré de son côté devant la presse, Nimir Mohamed Abdurahman, des groupes rebelles du Darfour. «Nous avons convenu avec le gouvernement de transition à Khartoum de mettre en place un gouvernement qui respectera la justice et (sanctionnera) tous ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité», a-t-il ajouté. Cette décision montrera «la volonté politique» du gouvernement «de mettre fin à la crise au Darfour et dans d’autres régions. Nous croyons aussi qu’un accord de paix global est nécessaire et nous ne pouvons y aboutir sans collaborer totalement avec la justice de transition», a renchéri Ahmed Hassen Mohamed, porte-parole du Conseil souverain. La remise de M. Béchir à la CPI est une exigence du mouvement de contestation ayant chassé Omar el-Béchir du pouvoir, des habitants du Darfour ainsi que des groupes rebelles de cette région. Destitué par l’armée en avril 2019 sous la pression populaire, M. Béchir a été condamné en décembre par un tribunal soudanais à une peine de deux ans en institution pénitentiaire pour «corruption». Pendant plusieurs années, avant sa destitution, et malgré le mandat d’arrêt international de la CPI, l’ancien président s’est rendu en visite officielle dans plusieurs pays, notamment en Syrie en décembre 2018 pour rencontrer le président syrien Bachar al-Assad, et en Russie.
Le Soudan s’est doté en août dernier d’un Conseil souverain, une instance à majorité civile appelée à superviser la transition, selon les termes d’un accord entre le Conseil militaire, qui avait succédé à M. Béchir, et les meneurs de la contestation.

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