Le centre de désintoxication pour les drogués et autres fumeurs incorrigibles de tabacs, sis à la cité Zouaghi, sur les hauteurs de la ville de Constantine et fonctionnel depuis déjà trois ans, vient de se doter d’une cellule pour la désintoxication des «accros» à l’Internet.
Pour Raouf Bougoufa, directeur de l’établissement public de santé de proximité EPSP Bachir-Mentouri qui nous accordé jeudi matin un entretien dans son bureau situé à la cité Daksi, qui semble convaincu que l’Internet s’il est mal exploité devient un problème de santé public, a déclaré d’emblée que l’idée de lutter contre la magie bleue a fait son chemin et qu’il fallait faire quelque chose pour sensibiliser les utilisateurs d’Internet sur les dangers de la surconsommation d’Internet, qui au-delà de 6 heures de fixation par jour devient un véritable accro. D’ailleurs, ajoute notre interlocuteur, cette initiative reste une première dans le monde arabe et le continent africain. Opérationnel depuis déjà quelques jours, plus précisément depuis le 28 mai 2016, cette cellule se veut un moyen pour désamorcer cette accoutumance pour le moins néfaste pour tous ceux qui ne le savent pas, ou qui font mine d’ignorer que l’addiction est désormais considérée par les spécialistes de la santé comme étant un trouble clinique. Mais ce n’est pas tout, actuellement les accros à Internet sont atteints de cyberdépendance, cela dit, souligne encore notre vis-à-vis, il a été aussi établi qu’une personne qui passe plus de 6 heures sur Internet sur quelque chose qui n’a pas de rapport avec le travail évolue vers la dépendance à Internet. Alors, comment éradiquer l’overdose d’Internet, quand on sait que le premier centre de désintoxication d’Internet a été créé en Chine en 2004 ? C’est dans cette optique qu’une équipe composées de psychologues (2) de psychiatres(2), d’assistantes sociales (2) et enfin de deux médecins généralistes animent cette cellule de désintoxication destinée essentiellement aux accros de l’Internet, autrement dit à facebook particulièrement et aux réseaux sociaux d’une façon générale. Cette cellule qui n’a pas encore reçu ses premiers visiteurs est la première du genre dans le monde arabe et en Afrique, la troisième au monde après la Chine et la Corée du Sud. Pour rappel, il existe déjà depuis quelques années un centre intermédiaire de soins en addictologie (CISA), et la création de cette nouvelle cellule se chargera d’apporter les soins psychologiques aux accrocs de facebook qui voudraient échapper à ce monde virtuel dans lequel ils se sont retrouvés prisonniers.
«Être accro à Internet, c’est exactement comme pour tout autre forme d’accoutumance, à la drogue ou à la cigarette, il faut que la personne concernée ait une volonté pour suivre le programme ou une thérapie spéciale pour reprendre sa vie normale, nous dira Raouf Bougoufa qui, avec une équipe de médecins psychiatres détachés de l’hôpital psychiatrique de Djebel-Ouahch, sont sur d’autres accoutumances telles que les drogues, l’alcool et le tabagisme. Pour notre interlocuteur, il reste dangereux de sous-estimer les dommages de la dépendance à facebook qu’on peut comparer aux mêmes risques des drogues physiques, est-il encore conseillé. Sur le même registre, et selon les statistiques non exhaustives, l’Algérie compte environ 10 millions d’utilisateurs de facebook, avec une croissance annuelle de 10%, chose qui pousse à parler d’un véritable phénomène de société qui se déploie à une grande vitesse. Pour lutter contre ce phénomène, un programme a été particulièrement conçu pour les utilisateurs des réseaux sociaux avec pour objectif d’aboutir à limiter la dépendance, réduire les dommages psychologiques, sociaux et de sécurité éprouvés par celui qui vit dans ce monde virtuel. Notre interlocuteur soutient aussi le fait que l’Internet est une arme à double tranchant du moment que les fanatiques de facebook sont vulnérables au lavage de cerveau par les groupes islamistes extrémistes qui emploient l’Internet comme outil de recrutement. Pour combattre cette dépendance maladive, la cellule offre aux patients volontaires un traitement ou une thérapie dans un espace très adéquat, avec des conseillers, des psychiatres qui leur feront découvrir les vraies raisons de leur addiction aux réseaux sociaux et les aideront à se débarrasser de cette néfaste habitude.
En tout état de cause, ces «cures» de désintoxication est un processus permettant de ramener les problèmes liés à l’addiction à un niveau minimum acceptable vis-à-vis des conséquences catastrophiques sur la vie quotidienne (émotives, sociales, économiques). Idéalement, la plupart des cures de désintoxication visent à instaurer une abstinence. Par ailleurs, il est dit aussi que la mise en œuvre d’une cure de désintoxication doit être une action volontaire de la personne souffrant de l’addiction. Pour le personnel soignant, c’est une condition essentielle à la réussite de la cure. La cure de désintoxication est souvent la première étape d’un processus permettant à l’individu d’adopter un changement durable de style de vie. Facebook a déjà plus de dix ans d’existence. Aujourd’hui, tout le monde, ou presque, s’y est mis.
Mais certains, beaucoup plus que d’autres, sont devenus de véritables «monstres d’Internet», au point que des cures de désintoxication leurs sont maintenant prodiguées, comme en Chine par exemple.
Car le danger, comme dans tout processus d’addiction, c’est que le risque intervient quand nous chargeons l’extérieur de combler un vide intérieur dès lors que l’utilisation de facebook devient irrationnelle et immodérée, d’où une surconsommation outrancière. Toutefois, il est à noter que le recours à cette thérapie demeure un acte volontaire, au même titre que la désintoxication de ceux qui s’adonnent à la drogue ou au tabagisme.
Mâalem Abdelyakine