Plus de 200 millions de doses administrées dans le monde: pour faire face à la pandémie de Covid-19, les gouvernements comptent plus que jamais sur la vaccination, qui accélère mais révèle aussi les inégalités entre pays riches et pauvres.
Il aura fallu moins de trois semaines, depuis le 2 février, pour doubler le nombre de doses injectées: à 10H00 GMT samedi, au moins 201.042.149 doses avaient été administrées, dans 107 pays au minimum, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de sources officielles. Ce chiffre est sous-estimé, car deux grands pays, la Chine et la Russie, n’ont pas communiqué de nouvelles données depuis une dizaine de jours. Mais il révèle aussi une sur-représentation des pays riches: quelque 45% des injections ont été réalisées dans les pays du G7, qui n’hébergent pourtant que 10% de la population mondiale. Les dirigeants du G7 se sont ainsi engagés vendredi à partager une partie des vaccins avec les pays pauvres. Ils ont notamment annoncé plus que doubler leur soutien collectif à la vaccination, à 7,5 milliards de dollars, notamment via le programme onusien Covax, piloté par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le président français Emmanuel Macron a proposé que l’Europe et les Etats-Unis livrent « le plus vite possible » 13 millions de doses de vaccins à l’Afrique pour que le continent puisse vacciner ses 6,5 millions de soignants.
Premières vaccinations en Australie
Un projet de résolution du Royaume-Uni, distribué au Conseil de sécurité de l’ONU, invite les pays riches à donner des doses de vaccins contre la Covid-19 aux pays à faibles revenus. L’entreprise de biotechnologie américaine Novavax s’est elle engagée à mettre à disposition du programme Covax 1,1 milliard de doses de son candidat vaccin, a indiqué vendredi l’Alliance du Vaccin (Gavi). Il y a du retard à rattraper: à ce jour, plus de neuf doses sur dix (92%) ont été administrées dans des pays à revenu « élevé » ou « intermédiaire de la tranche supérieure » (au sens de la Banque mondiale), qui ne concentrent qu’une grosse moitié de la population mondiale (53%). Parmi les 29 pays à « faible » revenu, seuls la Guinée et le Rwanda ont commencé à vacciner.
D’autres Etats commencent tout juste leur campagne de vaccination. En Australie, le Premier ministre Scott Morrison, ainsi qu’une octogénaire et plusieurs soignants, ont reçu dimanche à Sydney une première dose du vaccin Pfizer/BioNTech, à la veille du véritable coup d’envoi de la campagne de vaccination lundi. La Nouvelle-Zélande a lancé la sienne samedi, alors que le pays a été largement félicité pour sa gestion de l’épidémie et n’a connu que 26 décès sur une population de cinq millions d’habitants. En Roumanie, près de 300 sans-abri ont été vaccinés. C’est l’un des premiers pays d’Europe à s’attaquer à l’immunisation de cette catégorie vulnérable.
Troisième vaccin russe
La distribution des vaccins est parfois émaillée de scandales: en Argentine, le ministre de la Santé Ginés González García a démissionné vendredi après des révélations selon lesquelles il proposait à ses amis de se faire vacciner au ministère sans prendre rendez-vous dans un hôpital. La distribution du vaccin de BioNTech et Pfizer pourrait être facilitée: il peut finalement être conservé pour deux semaines à des températures plus élevées que celles actuellement prescrites (entre -80 et -60 degrés), selon des données publiées vendredi par les deux laboratoires. La Russie a annoncé de son côté avoir enregistré son troisième vaccin contre la Covid-19 baptisé « Kovivak », dont 120.000 doses seront mises en circulation au milieu du mois de mars, après le vaccin Spoutnik V, homologué en août, et EpiVacCorona, en octobre. La pandémie a fait au moins 2.453.070 morts dans le monde depuis son apparition, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles. Inquiet devant la progression des variants du virus, le Canada imposera à partir de lundi des tests de dépistage à sa frontière terrestre avec les États-Unis, actuellement accessible uniquement pour les déplacements « essentiels », a annoncé Ottawa samedi. Et au Cambodge, une recrudescence de cas de contaminations touchant la communauté chinoise expatriée a conduit les autorités à boucler samedi la petite île de Koh Pich (île Diamant), reliée à la capitale Phnom Penh par plusieurs ponts.