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Corée du Nord : Premier show aérien public en dépit des sanctions

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Quelques semaines seulement après son cinquième essai nucléaire, la Corée du Nord organise, ce week-end, son premier show aérien public, civil et militaire, en dépit des lourdes sanctions internationales qui pèsent sur le pays.

Le «Wonsan Air Festival International Friendship» (Festival international aérien amical de Wonsan) dure deux jours. Il est organisé sur l’aéroport Kalma, un ancien aérodrome militaire, rénové l’an dernier pour favoriser le tourisme autour de la ville portuaire de Wonsan (est). Sa tenue était programmée avant le 5e essai nucléaire nord-coréen, effectué le 9 septembre, qui a déclenché l’ire des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux et asiatiques, et la menace de nouvelles sanctions internationales.
Le show a débuté par une démonstration aérienne d’un… hélicoptère militaire américain, un Hughes MD-500 – un des nombreux appareils acquis dans les années 1980 par Pyongyang via un pays tiers afin de contourner les restrictions américaines à l’exportation vers la Corée du Nord, l’une des dictatures les plus fermées au monde. L’industrie aéronautique de la Corée du Nord est visée dans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée après le 4e essai nucléaire nord-coréen le 6 janvier. Le texte interdit aux Etats membres des Nations unies de vendre ou de fournir à la Corée du Nord du carburant pour aéronefs.
Selon un récent rapport de l’Institut de recherche américain Nautilus for Security and Sustainability, la Corée du Nord a cependant suffisamment de ressources internes pour entretenir une flotte aérienne, notamment en raison d’un faible nombre d’exercices organisés chaque année.
Après l’hélicoptère Hughes, l’avion le plus performant de la chasse aérienne nord-coréenne, un MiG-29 Fulcrum de première génération de fabrication russe, a enchaîné plusieurs figures avec des passages assourdissants à basse altitude au-dessus des spectateurs. Le reste de l’aviation nord-coréenne est surtout constitué de copies chinoises antiques de MiG-17, MiG-19 ou autres MiG-21. Les aéroports nord-coréens sont en général soumis à une haute sécurité, mais pour ce premier festival aérien public l’accès à l’aéroport Kalma a été ouvert à plusieurs milliers de spectateurs, à des médias étrangers et à plusieurs centaines de passionnés d’aviation venus d’une vingtaine de pays.

«Fleurs du ciel»
Vedettes du show, les deux premières pilotes féminines d’avions de chasse nord-coréens, ont fait une démonstration en formation aux commandes de deux MiG-21. Jo Kum-Hyang et Rim Sol avaient été baptisées l’an dernier «Fleurs du ciel» par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un qui avait assisté à l’un de leurs entraînements.
«Même un homme cent pour cent viril aurait du mal à faire cela !», s’est enthousiasmé en anglais le présentateur du show lors d’un virage serré des deux appareils. Après l’atterrissage, la foule s’est fait gronder alors qu’elle se précipitait vers la piste pour féliciter les deux pilotes. Pour plusieurs observateurs étrangers, les démonstrations aériennes nord-coréennes d’un MiG-29 et d’un Sukhoi-25 auraient été impossibles dans d’autres shows aériens internationaux. «Vous ne verrez jamais cela ailleurs dans le monde. Les règlements interdisent tout vol ou manœuvres au-dessus de la foule», explique Peter Terlouw, un photographe néerlandais. «Pour nous, c’est génial!»
Dans le domaine civil, des avions d’un autre âge de la compagnie nationale Air Koryo, assurant des liaisons intérieures, ont aussi suscité l’intérêt. «C’est très spécial de se retrouver à proximité de ces vieux appareils dans un pays comme la Corée du Nord», note Ashley Walker, 39 ans, un pilote britannique de la compagnie chinoise Cathay Pacific basée à Hong Kong. «Il n’y a pas d’avion de ce type en utilisation ailleurs dans le monde», ajoute-t-il en montrant un Antonov AN-24 sur le tarmac. Ces appareils de transport sont «magiques et vous ramènent dans le temps», résume ce passionné, à qui son organisme de voyages britannique Juche Tours a promis de brefs vols sur des avions civils, incluant un Iliouchine-18 et un Tupolev-134. Autre amateur, King Hui, 63 ans, de nationalité canadienne, indique être déjà venu une fois en Corée du Nord. Mais les consignes pour la prise de photos étaient «pas de militaire, pas de militaire, et maintenant nous arrivons à voir cela»…
La région de Wonsan fait actuellement l’objet d’un plan de développement touristique avec la région voisine du Mont Kumgang. Avec une station de ski, Masik, achevée en 2013, cette zone a été développée à l’origine pour des visiteurs sud-coréens. Mais après la mort d’un touriste sud-coréen, abattu par un soldat nord-coréen alors qu’il s’était égaré hors des sentiers autorisés, Séoul a interrompu toute visite de ce site pour ses ressortissants.

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