Connaissant l’état des lieux qui marque à chaque fois l’organisation et la bonne gestion des marchés, il est difficile de croire que l’on évitera l’anarchie et le chaos qui envahissent les espaces urbains occupés par ces lieux de commerces. Cela dit, la chasse aux vendeurs à la sauvette, les mesures d’éradication de marchés illicites, la restitution des trottoirs aux piétons, la normalisation de la circulation routière dans certains quartiers, restent des dossiers sensibles pouvant, hélas, nourrir les arguments de ceux qui applaudissent a la révolte contre des mesures d’exclusion visant de jeunes chômeurs, ambulants, vendeurs à la sauvette et autres commerçants illicites occupant le marché informel. Les tables de marchands de cigarettes, les étalages des vendeurs de films et autres CD-rom, les citernes ambulantes des vendeurs d’eau potable et les revendeurs moins visibles qui proposent n’importe quel produit dans n’importe quelle gamme de contrefaçon, ont fini par s’installer dans un décor banal dictant ses normes et son mode de fonctionnement au mépris de tous les discours. Inscrit dans une «légalité» imposée par l’évolution des déficits et des carences collectives, forgé par des décennies de tâtonnements dans la construction du projet social, le commerce sauvage occupe tous les espaces urbains et règne sur les mentalités, les pratiques et les comportements. Autour de marché indétrônable, des rues et des ruelles occupées par ces vendeurs qui se spécialisent dans différents produits. L’habillement, la quincaillerie, l’électronique, les téléphones portables et même les animaux ont droit à leur trottoir de vente et d’exposition. Avec le chômage en toile de fond, comment assumer le choix d’un assainissement du cadre urbain et du commerce illicite sans prendre le risque de nourrir la colère de centaines de candidats à l’émeute ? Les innombrables marchands de fripes, de légumes, d’huile d’olive, de chaussures réinvestissent à chaque fois les points habituels de la ville et tout un chacun l’aura bien constaté à la rue Didouche Mourad, devenue piétonnière depuis quelque temps où les trottoirs sont jonchés d’étals. Le commerce informel a même gagné les allées du square Bennacer, c’est de la pizza, des cacahuètes, du thé etc. Les portes des immeubles ne se voient plus alors que leurs patios sont pris en otage par ces vendeurs d’habits féminins les transformant en dalle d’essayage ! Et dire que L’APC s’en lave les mains donnant plus de travail aux services de sécurité pour remettre de l’ordre. Et c’est vraiment le jeu du chat et de la souris. On vend des euros au su et au vu de tout le monde en faisant concurrence aux institutions bancaires sans que personne n’ose prendre des mesures adéquates! Les rues Didouche Mourad et autres places publiques semblent être le lieu favorisé de l’informel, pour preuve l’achalandage dans ces espaces d’articles divers. Constantine semble se rétrécir relativement au squat continuel et impondérable de ses chaussées et trottoirs. L’informel, encore et toujours, reste un phénomène qui nous colle réellement à la peau, malgré le discours officiel qui annonce à chaque occasion son éradication totale. Mais comme dit l’adage «chassez le naturel, il revient au galop.» Alors sommes- nous condamnés à vivre éternellement avec cet informel qui a tout envahi.
Mâalem Abdelyakine