Les parents mènent depuis la mise en vigueur du confinement partiel dans la wilaya de Constantine dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, une véritable bataille au quotidien pour préserver leurs enfants d’une contamination, des effets du stress et l’ennui, et pour se rapprocher des adolescents, parfois rebelles.
Plusieurs parents ont affirmé à l’APS, être conscients qu’en maintenant leurs enfants à la maison et en veillant à l’application stricte des mesures du confinement, ils participent aux efforts collectifs de lutte contre le Covid-19. Pour Kamel, fonctionnaire dans le secteur de l’industrie, cette période lui a donné l’occasion de partager plus de temps avec ses trois enfants, notamment son grand Bilel, âgé de 17 ans, pour lequel »le confinement avec toute la famille à la maison est un peu dur ». « Je consacre plus de temps à mon fils aîné que pour ses petits frères, afin de l’aider à gérer son temps et ses activités durant la journée », a-t-il précisé. Et d’ajouter : »Je me comporte avec mon fils comme si j’étais son ami. J’essaye de communiquer plus avec lui pour lui donn er confiance et combler son besoin de se confier et lui éviter de sortir à l’extérieur ». Chez les jeunes, l’envie de sortir en permanence est une forme de fuite du vécu familial et une manière de combler l’absence de la figure paternelle communicative, a expliqué à l’APS, le sociologue Ziane Mohamed, enseignant à l’université Abdelhamid Mehri-Constantine 2. Il a souligné que « du point de vue sociétal, le père a un devoir primordial de faire oublier aux enfants les pesantes mesures de confinement ». « La société algérienne est une société collective vivant dans le +nous social+ faute d’autonomie individuelle due aux mœurs et coutumes, qui impliquent de vivre dans le groupe social et le partage avec les autres », a relevé M. Ziane. Il a également mis l’accent sur la nécessité pour les parents de « saisir cette occasion pour être plus présents dans la vie des adolescents en rétablissant la communication et en valorisant les compétences de leurs enfants », des pratiques qui permettront aux parents de reprendre la maîtrise du parcours éducatif, a-t-il dit. « Quand la parole du père est entendue, l’enfant est convaincu du risque de contaminer toute la famille s’il sort à l’extérieur et de l’importance de rester auprès de ses parents. Cela contribue à réduire la sensation d’isolement chez les jeun es durant le confinement et les aidert à faire émerger la créativité », a soutenu le sociologue.
Accompagner les enfants durant cette période difficile
Mme Rachida, mère de quatre enfants, relève pour sa part que « le confinement est une expérience inédite que nous vivons avec nos enfants. Cette période de crise sanitaire nous incite à changer notre mode de vie, à affronter les problèmes psychologiques qui se présentent et à gérer le quotidien avec nos enfants pour s’adapter au confinement ».
« Durant cette période de confinement, nous essayons d’occuper les tout-petits en organisant des activités diversifiées pour parer au stress et briser l’ennui, à savoir du sport, de la lecture, du dessin, mais aussi en les impliquant dans les tâches ménagères ou en cuisine en demandant leur aide ou leur avis », a-t-elle poursuivi. De son côté, Osmane, père de famille, estime que cette période de confinement lui a permis de revoir sa méthode d’éducation, notamment en matière d’hygiène, assurant s’impliquer davantage dans les études de ses enfants. Il s’est cependant, montré soucieux quant à l’usage excessif des appareils informatiques, par les enfants, pendant le confinement. Contacté à ce sujet, le psychologue Rabah Loucif a indiqué que ce phénomène de l’ère moderne, à savoir la nomophobie, se manifeste par la peur excessive d’être séparé de son téléphone mobile et l’usage excessif des outils technologiques (ordinateur, tablette, smartphone). Il a expliqué que les enfants deviennent otages de cette attirance accrue qui agit directement sur leur quotidien. Ils développent ainsi des troubles du comportements et d’interactivité.
Pour bien gérer la période de confinement, M. Loucif conseille les parents, notamment les mères de famille, d’éviter de trop parler du coronavirus et d’instaurer un mode de vie adapté, basé sur une éducation positive et érudite, à commencer par la gestion du temps et la création d’un climat familial convivial et d’une ambiance appropriée pour répondre aux besoins des enfants. Le psychologue préconise, en outre, pour éviter des troubles psycho-pédagogiques, de combler la rupture scolaire par la révision des cours antérieurs et des exercices pour tenter de créer une atmosphère semblable à celle de l’école, sans oublier de complimenter les enfants et les motiver également par le biais des concours ou de jeux divertissant.