L’équilibre financier de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) a constitué l’axe autour duquel a tourné l’essentiel des déclarations que Tedjini Hassan Haddam, son directeur général, a faites, hier, lors de son passage au Forum du quotidien El Moudjahid.
Celui-ci a, en effet, expliqué toute la stratégie de l’établissement qu’il dirige par le souci de préserver cet équilibre ; « préserver », parce qu’il a déclaré que ce dernier est assuré depuis quelques années. Bien mieux, il a confirmé la participation de la CNAS, dans le cadre de la solidarité inter-caisses instaurée par le ministère de tutelle, du renflouement de la trésorerie, présentement en situation difficile, de la CNR (Caisse nationale des retraites). Mais sans pour autant qu’il ne précise le montant débloqué à cet effet solidaire. Il s’est contenté, sur ce point précis, de rejeter, d’une manière diplomatique, il faut le dire, le montant de 250 milliards de DA avancés par une consœur. Et à propos de discrétion sur le montant de certaines opérations dans lesquelles la CNAS est partie prenante, Tedjini Hassan Haddam a éludé une question d’une autre consœur se rapportant, celle-là, sur le montant des transferts de malades à l’étranger. Ce qui ne l’a pas empêché de saisir l’occasion qui lui était ainsi offerte pour se réjouir de la baisse sensible, enregistrée ces dernières années, des transferts à l’étranger. Une baisse, de l’ordre de 90%, qui constitue, a-t-il déclaré, « un véritable soulagement pour les finances du secteur ». Cette digression terminée, le DG de la CNAS est revenu à son sujet favori : l’équilibre financier de la caisse qu’il dirige, à savoir. Et ce, pour mettre en exergue les trésors d’ingéniosité que ses responsables ont déployé pour l’assurer et déploient pour le maintenir, du fait, a-t-il expliqué, « les seules ressources de la CNAS proviennent des cotisations des assurés ». Mais également pour insister, de nouveau, sur son impérieuse nécessité, du fait, dans ce cas, qu’il (l’équilibre financier) commande, a-t-il dit, et «au maintien des prestations fournies aux assurés » et, surtout, « à la pérennité même de la CNAS ». Des « vérités » qui sous-tendent selon l’invité du Forum d’El Moudjahid toute la stratégie de cette dernière visant à la préservation de cet équilibre ; une stratégie basée sur deux autres points tout aussi essentiels : la modernisation des structures et du mode de fonctionnement de la CNAS et son rapprochement, par l’ouverture de nouvelles antennes, des assurés. Pour aussi importants qu’ils soient dans la pérennité de la CNAS et de la poursuite des prestations qu’elle fournit à « ses 11 millions d’affiliés et, à travers eux, à 35 millions de personnes », ces points demeurent, pour Tedjini Hassan Haddam, insuffisants pour assurer la concrétisation des objectifs visés susmentionnés. Se basant sur les «175 milliards de DA» que la CNAS a déboursé, pour la seule année 2015, en remboursement des médicaments consommés par les assurés, il a appelé à une implication plus grande de ces derniers, de leurs médecins traitant et des pharmaciens dans les différents dispositifs mis en place par la CNAS pour arriver à une rationalisation plus grande de la consommation de médicaments. Un phénomène provoqué, selon lui, par deux comportements néfastes imputables, pour le premier, aux assurés et, pour le second, aux médecins. Ou du moins, pour une partie d’entre eux. Le « nomadisme des malades », en est le premier qui consiste en « la consultation, pour un même mal, de plusieurs malades » et, partant, par la présentation pour remboursement d’autant d’ordonnances établies. Et la prescription, sans raison médicale, par les médecins, d’un grand nombre de médicaments pour des maux qui n’en nécessitent pas autant. Pour le DG de la CNAS, ces deux comportements sont en cours de résorption depuis la mise en place de ce qu’il a appelé «le conventionnement des médecins traitants »; un dispositif ouvert, pour le moment, aux seuls retraités et malades chroniques et qui sera élargi, sous peu, a-t-il annoncé, à tous les autres assurés, qui permettra, aux premiers, « de se faire ausculter sans bourse délier » et, aux seconds, « de prescrire les seuls médicaments qu’il faut ». Dans la foulée, il a annoncé que la CNAS a démarché pas moins de 10 000 pharmaciens, établis à travers tout le territoire national, pour les amener à s’inscrire dans le dispositif de remboursement (de médicaments) qu’elle a mis en place. Et ce, non sans les exhorter à s’équiper de l’application informatique qui leur permettra d’être relié directement au réseau internet de la CNAS. Toujours dans l’objectif déclaré d’assurer l’équilibre financier de la caisse qu’il dirige et, partant, la pérennité des prestations qu’elle fournit à ses affiliés, Tadjini Hassan Haddam s’est longuement étalé sur les actions de sensibilisation que celle-ci mène auprès des employeurs pour les amener à déclarer leurs travailleurs. Des actions qui ont permis, a-t-il déclaré, « à 170 000 employeurs de bénéficier des dispositions de la Loi de finances complémentaire 2015 relatives à la déclaration de leurs employés ». Bien mieux, a-t-il ajouté, sur ce nombre, « 147 000 se sont déjà acquittés de leurs cotisations ». Des résultats qui ont toutes les chances de connaître une amélioration dans les mois à venir avec la prorogation, jusqu’à la fin de l’année en cours, de l’application des dispositions précitées de la loi susmentionnée. Parmi les autres mesures que la CNAS applique pour assurer l’équilibre de ses finances, son DG a annoncé la systématisation du contrôle à posteriori des déclarations des employeurs mais également des contrôles médicaux ; ces derniers, pour mettre fin aux certificats médicaux de complaisance et aux arrêts de travail injustifiés auxquels ils donnent lieu…
Mourad Bendris