Contrairement aux pronostics pessimistes ébruités depuis plusieurs mois, l’année 2018 s’annonce sous de bons auspices pour le commerce algérien, tiré à la hausse par un fort recul des importations dont les coûts se sont situés à 19,409 mds usd contre 19,944 mds usd à la même période de l’année écoulée, marquant une baisse de 2,7%.
La demande extérieure quant a elle a été pondérée par le rythme des importations lequel malgré une tendance timidement baissière continue de dominer la machine des échanges commerciaux.
Les données rendues publiques par les services des douanes font ressortir que le déficit commercial de l’Algérie a enregistré un recul de 63,7%, se capitalisant à 1,718 milliard de dollars sur les cinq premiers mois de 2018, contre un déficit de 4,734 milliards de dollars enregistré durant la même période de 2017.
Le rééquilibrage du volume des échanges commerciaux de l’Algérie, signe patent d’une amélioration de la dynamique économique au sens global, ne s’explique pas seulement par le rétablissement ayant impacté le marché des hydrocarbures, il est lié aussi à l’adoption d’une batterie de mesure incitatives et de soutien au développement de l’économie nationale adopté au terme des politiques engagées. Ainsi, le volume des exportations a augmenté à 17,691 milliards de dollars (mds usd) de janvier à fin mai 2018 contre 15,21 mds usd à la même période de 2017, soit uneune hausse de 16,31%.
La baisse des importations, un signe de rétablissement de l’économie
Globalement le taux de couverture des importations par les exportations a baissé et les transactions à l’importation ont comptabilisé des montants bien inférieurs à ceux enregistrés durant les années d’avant la crise pétrolière. Pour autant les indicateurs du tableau de bord annoncent de bons présages pour l’économie dans sa globalité. La mise en œuvre d’actions protectionnistes générées par les déséquilibres ayant touché le système financier national, suite à la crise pétrolière, à une époque où le consensus politique en faveur d’une ouverture du commerce et des investissements, reste malgré cela sous tension en raison de la fragilité persistante de l’économie nationale et des difficultés à s’adapter rapidement aux exigences d’une économie mondiale fortement marquée par les effets de l’innovation industrielle. En dépit de ce fait, les résultats économiques atteints à ce jour démontrent que la balance du commerce extérieur tend nettement vers un rééquilibrage à la faveur des réformes engagées et du rétablissement des cours sur le marché pétrolier.
Il s’en est suivi une progression de la demande globale (consommation des ménages et investissement des entreprises) entraînant une augmentation de la production au premier trimestre 2018 selon les données de l’ONS. Autant dire que les conséquences macro-économiques des réformes en branle sont, en partie, responsables du rééquilibrage de la balance commerciale dans sa globalité.
Des réformes restent à faire y compris dans le domaine du commerce extérieur
Nonobstant l’amélioration des indices économiques globaux, il faut reconnaitre que les réformes engagées ne parviennent toujours pas à déraciner la gestion bureaucratique des procédures d’importation qui est devenue un terreau pour de nombreuses pratiques nuisibles. L’adhésion de l’Algérie à l’OMC serait un signal fort pour simplifier ce système obsolète mais les habitudes prises ont généré des monopoles lucratifs et puissants qui seront lents à disparaître ou à contourner. Les formalités de contrôle des changes restent encore largement interprétées par le personnel des banques qui garde la nostalgie de la puissance de son rôle de contrôleur. Concernant l’investissement étranger, les multinationales recherchent classiquement des avantages comparatifs pour produire de façon compétitive pour un marché local solvable mais aussi vers un marché régional et/ou mondial, en intégrant leurs capacités commerciales et productives, d’où l’importance de l’intégration du Maghreb pont entre l’Europe et l’Afrique où l’Algérie pourrait trouver des avantages comparatifs. Il reste à noter que le modèle à dominance étatique à taux d’intégration verticale élevé va à l’opposé des nouvelles mutations mondiales. Les lourdeurs bureaucratiques (délais de négociation et de mise en place) et l’incertitude juridique (taux douaniers, fiscalité, réglementations) ont encore renforcé l’image d’un marché difficile et fermé, isolant l’Algérie des nouvelles mutations mondiales. Le problème essentiel à résoudre est la mise en place de subventions ciblées budgétarisées par le Parlement afin d’éviter des transferts artificiels des bénéfices par les prix de cession visant l’optimisation fiscale vers les lieux fiables et peu imposés, la distorsion de la concurrence, le monopole, source de surcoûts. Il s’agira d’améliorer le système d’information (limitation de l’accès aux données nationales pour les sociétés étrangères), éviter la distorsion des systèmes fiscaux- la distorsion dans l’accès aux données technologiques.
Zacharie S Loutari