Humam Husari retrace la vie en Syrie et plus particulièrement à Damas durant l’attaque chimique de 2013. Ce cinéaste s’expose à de nombreux risques pour mettre en scène un film sur la guerre alors qu’elle bat toujours son plein.
Cinq ans et 7 mois que la Syrie est en guerre. Le bilan humain tellement lourd que le nombre de morts n’est plus comptabilisé depuis un an. Human Husari, un cinéaste et journaliste free-lance, veut montrer à tout le monde les horreurs de la guerre, et comment les habitants la perçoivent et surtout à quel point ils espèrent la paix.
Avant son projet de mettre en scène un film sur les conditions de vie des Syriens, Humam Husari a publié sur youtube de courtes vidéos de la population de Damas pendant les attaques et dans les hôpitaux. Pas de censure, pas de flous, des morts et du sang, des pleurs et surtout des familles dévastées. «Vous n’avez pas le pouvoir de contester, vous ne pouvez pas être tristes. Vous pouvez juste être paniqués ou inquiets. Vous êtes impuissants», déclare-t-il en parlant des Syriens. Une impuissance qu’il ressent également. «Je ne tournais pas parce que je suis caméraman, je tournais parce que c’était la seule chose que je pouvais faire pour les victimes».
En postant ces vidéos et en filmant ces scènes, il faisait la seule chose qu’il se sentait capable de faire : montrer cette horreur au reste du monde. Ces vidéos sont alors visionnées dans le monde entier. Il se sert de sa notoriété et de ses connaissances sur la Syrie et sur son expérience de la guerre pour produire et mettre en scène un court-métrage dramatique.
Des acteurs plus concernés que jamais
Une équipe de tournage à deux ; Humam Husari et son caméraman, Sami el Shami. Le film est fait avec l’aide des habitants qui deviennent acteurs le temps d’une scène. Le court que le cinéaste finance entièrement seul est une fiction. «Nous avons besoin d’expliquer comment et pourquoi les habitants sont rentrés dans cette guerre et sont aujourd’hui une partie d’elle. Je parle d’une histoire qui est vécue par des personnages réels». Ce film est comme un documentaire avec un schéma narratif original. Des acteurs mettent en scène des passages de leur propre vie.
Le personnage principal est Mohamed Desmaski, un ancien étudiant et un ancien culturiste professionnel, qui a perdu sa femme et ses enfants à cause de la guerre. Il fut appelé à combattre pour la défense de sa ville contre les offensives gouvernementales. Ce rebelle appuie la véridicité du film : «L’histoire est basée sur de faits réels». Si Mohamed a accepté le rôle c’est pour participer au message que le film véhicule. «Il essaye de transmettre au monde que ceux qui vivent ici ne sont pas juste des combattants, ils ne sont pas des terroristes. Ils sont des gens avec une vie.
La guerre les conditionne pour devenir des avions de chasse» a-t-il dit. Des acteurs dont le casting d’après Humam «était le plus compliqué». Environ deux mois ont été nécessaires pour écrire et produire un film de 15 minutes. «J’ai été stupéfié de voir combien ces gens ont pu exprimer leur tragédie et coopérer avec moi sur ce film». Il faut du courage pour montrer la cruauté de la guerre et pour la dénoncer.