Un spectacle de danse contemporaine, traitant par le mouvement de la libération comme acte d’affranchissement de l’oppression, intitulé « La trochoïde » a été présenté, lundi passé, par le chorégraphe Ahmed Khamis pour la première fois devant un public.
Produite par l’établissement Arts et culture de la wilaya d’Alger, cette dernière création du chorégraphe a été élaborée pour la célébration du 54e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Recrutés et encadrés pour l’occasion, 12 jeunes danseurs contemporains évoluent dans un univers intemporel évoquant une salle de classe où s’exercent l’oppression et l’aliénation et où se développe également un besoin d’affranchissement grandissant et redondant symbolisé par des mouvements collectifs circulaires ayant inspirés le titre de cette création. En guise de décor, un grand tableau blanc et un bureau d’instituteur, où les danseurs expriment par le mouvement ce désir de liberté, constituant un espace scénique clos, limitant le mouvement et accentuant le poids de l’oppression. Se libérer du joug colonial, de l’aliénation intellectuelle ou de l’oppression d’une société tels étaient les messages partagés avec le public moyennement nombreux de la salle Ibn Khaldoun. Des passerelles avec le théâtre et l’écriture dramaturgique étaient également perceptibles dans ce travail qui a parfois convoqué la narration.
La création musicale, également assurée par Ahmed Khemis et Khalil Hentati, se voulait un brassage entre la musique algérienne et des sons contemporains hip-hop, jazz et r’n’b ponctué d’intervention solennelles de leaders politiques ayant marqué l’histoire contemporaine universelle. Accompagnant ses danseurs sur scène, Ahmed Khemis évoluait comme un électron libre gravitant autour des tableaux avec la même énergie qui lui est connue, animant en arrièe plan un second spectacle qui se détachait parfois des tableaux exécutés par les autres danseurs dont Abdessamad Sadouki, Salaheddine Mechegueg ou encore Mokhtar Boussouf. D’une durée de 50 mn, « La trochoïde » est marquée de l’empreinte physique et spontanée du danseur et chorégraphe et de mouvements de ses précédentes créations comme « Le voyage de Boussaadia » ou « poussière ». Présents à cette première représentation, plusieurs spectateurs ont confié avoir apprécié cette « nouvelle approche dans la conception » même d’un spectacle pour un date historique comme la fête de l’indépendance, tout en se disant « agréablement surpris par ces possibilités offertes par la danse contemporaine », un art encore peu développé en Algérie. Fruit d’une résidence de création d’une quinzaine de jours chapeautée par Ahmed Khemis, ce spectacle entamera cet été une tournée dans plusieurs villes du pays.
