Intervenant lors des travaux de la 9e Conférence sur la sécurité internationale qui s’est tenue à Moscou en Russie, du 23 au 24 juin, le général de corps d’Armée, chef d’état-major de l’ANP, Said Chengriha a rappelé les positions immuables de l’Algérie qui a toujours plaidé pour l’action concertée de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier.
Dans une allocution prononcée lors de la 2e journée des travaux, Chengriha a indiqué que la conférence de Moscou constitue un cadre adéquat pour l’échange des visions sur les questions sécuritaires internationales et régionales, à l’effet d’aboutir à une compréhension mutuelle au sujet des enjeux sécuritaires actuels.
Il a notamment rappelé que la conjoncture internationale et régionale connait des changements géostratégiques compliqués et multidimensionnels, qui ont généré des défis et menaces nouvelles touchant à la sécurité et la paix dans notre espace régional, à savoir le Sahel. « En dépit de l’atténuation de l’ampleur des menaces et des risques des conflits armés entre des acteurs gouvernementaux classiques, il est clair que les menaces actuelles sont devenues transfrontalières et souvent en relation avec des acteurs non-gouvernementaux. Vous partagez avec moi sans l’ombre d’un doute, le constat que cette menace est devenue diffuse, multiforme et plus féroce. Ce constat s’applique également sur le continent africain en général et sur l’espace sahélo-saharien et maghrébin en particulier où cette région souffre, réellement, des affres du terrorisme, de trafic d’armes, de narcotrafic, de traite des êtres humains, de menaces cybernétiques et d’autres crimes organisés transfrontaliers ».
Le chef d’état-major a cité dans son intervention les répercussions des changements climatiques palpables à travers des périodes climatiques sévères, les tensions issues de la rareté de l’eau, les dangers de la famine, et les flux sans précédent des immigrants, liés avec ces perturbations climatiques. Ceci constitue une autre approche que l’Algérie a toujours défendue et qui appelle les nantis à aider les pays pauvres à dépasser les effets négatifs des changements climatiques, de la famine et de la pauvreté des effets qui constituent le terreau du terrorisme et de toutes les violences.
Chengriha n’a pas manqué de rappeler certains facteurs à l’origine de déstabilisation dans le monde en général et dans la région du Sahel en particulier : «d’autres facteurs de déstabilisation interviennent à l’instar des risques épidémiologiques, les conflits tribaux, l’exode des populations en fuite des zones de violence, en sus de la pauvreté dont souffrent les populations de cette région, ce qui a exacerbé la crise sécuritaire caractérisant cette région. Cette situation sécuritaire détériorée s’est davantage aggravée à cause de l’incapacité de certains pays à faire face avec efficacité à ces menaces qui se propagent encore à travers le continent africain, présageant l’imminence de grands risques sécuritaires pour les peuples africains », a-t-il souligné.
Sahel : l’Algérie n’entre pas dans le jeu des puissances
Cela semble un réel appel à la communauté internationale de prendre ses responsabilités dans la situation qui prévaut actuellement dans la région du Sahel et certains foyers de tension dans le continent africain. Ces précisions du chef d’état-major de l’ANP devraient en principe faire taire la polémique que veulent entretenir certaines parties de faire de l’armée algérienne, un corps expéditionnaire à la solde de puissances étrangères, prêtent à la faire débarquer là où leurs intérêts sont menacés. En rappelant que la réponse aux dangers qui guettent la région doit émaner d’une position partagée par la communauté internationale, Chengriha dément toute volonté de l’Algérie de se prêter au jeu des puissances occidentales en s’improvisant leur gendarme dans la région.
De plus, il n’a pas manqué dans son intervention de rappeler que les solutions à la crise que vit la région ne sont pas uniquement d’ordre militaire mais doivent se concentrer sur les causes à l’origine de l’instabilité qui sont d’ordres humains et social à l’instar de la pauvreté, la famine, la soif, l’accès aux soins et les déplacements de population. « Cette dimension sécuritaire hypothéquera, à court et moyen termes, les opportunités de développement dans le continent, et ouvrira la voie à des ingérences étrangères, sous prétexte d’éventuels efforts pour rétablir l’ordre dans les zones frappées par la violence, ce qui survient souvent d’une manière purement anticipée», a-t-il souligné.
Dans son discours il n’a pas manqué de rappeler à la communauté internationale son devoir de défendre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination en rappelant la responsabilité du Maroc dans la reprise des combats dans le Sahara occidental et son refus de reconnaitre son statut de force d’occupation.
Il a également mis l’accent sur la nécessité pour l’ONU, de prendre ses responsabilités afin de résoudre ce conflit qui date de longues années : « A ce contexte sécuritaire qui marque la région maghrébine et sahélo-saharienne, s’ajoute le conflit armée au Sahara Occidental, et ce à l’issue de la violation par le Maroc, de l’accord du cessez-le-feu le 13 novembre 2020. Le blocage enregistré dans la résolution de ce conflit conformément aux résolutions de l’ONU et la tergiversation de certains pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies au sujet de la désignation d’un représentant spécial du secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara occidental, ont contribué à la reprise des combats entre la République arabe sahraouie démocratique et le Maroc », a-t-il souligné.
Slimane B.