Accueil ACTUALITÉ «CHARTE POUR UNE ALGÉRIE LIBRE ET DÉMOCRATIQUE» : L’appel d’intellectuels algériens

«CHARTE POUR UNE ALGÉRIE LIBRE ET DÉMOCRATIQUE» : L’appel d’intellectuels algériens

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Plus d’une centaine d’acteurs politiques, activistes de la société civile, intellectuels, artistes et journalistes, établis en Algérie ou à l’étranger, ont dévoilé, dans une tribune médiatique, la nouvelle vision qu’ils préconisent pour une nouvelle Algérie selon les aspirations du Mouvement du 22 février.

Intitulé « Charte pour une Algérie libre et démocratique», le document a accueilli la signature de plusieurs personnalités, dont Mokrane Aït Larbi (avocat), Lazhari Labtar (écrivain et journaliste), Kamal Bouzid (Professeur en médecine), Bachir Deraïs (cinéaste), Koceïla Zerguine (avocat), Saïd Sadi (ancien président du RCD), Arezki Metref (Journaliste), Mohamed Ifticène (cinéaste). «La révolution démocratique est en marche. En ces heures où le destin de l’Algérie se joue entre les forces du progrès et les nostalgiques des années de plomb agrégés au sein de l’ancien système, les patriotes sont appelés à leurs responsabilités. Leur union autour d’une vision politique et stratégique fidèle aux sacrifices d’hier et aux appels d’aujourd’hui est plus que jamais requise pour assurer le succès de cette révolution et mettre en échec les dévoiements visant à régénérer le système», souscrivent cette galaxie d’intellectuels algériens, dans un document s’étalant sur douze pages.
«L’intérêt suprême du pays et de l’idéal démocratique, qui lui est corollaire, ne doivent souffrir aucune ambiguïté. Dans cette perspective et pour la clarté de nos objectifs, nous proposons en préalable une adhésion totale et convaincue aux principes qui constituent les fondements d’un État de droit moderne pour une Algérie démocratique tournée vers le progrès», ont-ils également expliqué leur vision pour une sortie de crise. Le document ajoute : «L’Algérie est devant un défi historique majeur : doter le pays de l’État-nation qui lui assurera stabilité, liberté, justice et développement». «Maintenant que les pièges, les intimidations, les arrestations arbitraires et les manipulations sont restés sans effet sur le peuple, il est temps d’engager les démarches qui donneront à la révolution le sens qui traduira enfin en perspective démocratique l’immense sacrifice consenti par notre peuple pendant et après la guerre de Libération», a-t-il été souligné dans ce document.
En plus d’être «un grand moment de citoyenneté et de civisme», la révolution démocratique du 22 février est, aux yeux des promoteurs de cette initiative, une invitation à «parachever en fait la guerre de Libération nationale par les prolongements politique et institutionnel empêchés par les affrontements fratricides de 1962 et les régimes qui en sont issus ». Les rédacteurs de la « Charte pour une Algérie libre et démocratique » défendent ainsi l’originalité de leur initiative, qui s’ajouterait ainsi à une foultitude de projets de sortie de crise, allant dans le «même objectif» mais souffrant de l’absence d’un «débat approfondi ».

«Le Mouvement doit lever les ambigüités»
Pour ces intellectuels, aujourd’hui, deux approches « s’affrontent sur les problèmes de fond», et observent que « le mouvement doit lever toutes ces ambiguïtés et trancher des enjeux fondamentalement différents afin d’éviter que l’insurrection citoyenne ne soit déviée de sa trajectoire révolutionnaire alternative ou qu’elle ne soit polluée par des confusions théoriques et pratiques de plus en plus pesantes».
À l’opposé de ce que voient Karim Younès et son Panel pour la médiation et le dialogue, les initiateurs de cette «Charte» recommandent de passer d’abord par une phase de transition, qu’ils considèrent comme «un moment fondamental dans la renaissance de la nation». Elle «doit être entendue et admise par tous comme une séquence historique décisive qui est le complément naturel de la guerre de Libération», car «La révolution doit veiller à assurer  définitivement l’assainissement de la scène politique algérienne».
Pour se distinguer des autres initiatives lancées récemment par des partis politiques, les signataires de la «Charte» se disent partisans d’une transition qui «doit être aussi courte que possible», à condition aussi de ne pas dépasser les six mois, arguant de soucis d’ordre pratiques comme l’assainissement du fichier électoral. Autre proposition mise sur la table : une structuration du mouvement non pas par le sommet car «désormais dépassée», mais par la base, en élisant, à l’issue de débats lancés dans les différentes régions, des représentants pour prendre part à une convention nationale.
«Pour éviter les contestations et les infiltrations déstabilisatrices, les participants à la convention nationale doivent être, pour partie, proposés par consensus ou élus par la base (communes ou daïras) et pour partie proposés ou élus par les organisations socioprofessionnelles qui ont su garder une certaine autonomie par rapport à la nébuleuse des structures satellitaires du pouvoir. Des personnalités dont l’expérience politique a été consacrée par un parcours connu dans les luttes démocratiques peuvent être appelées à donner crédit et performance à ces assises», précisent-ils. Partie très influent dans la société algérienne, mais exclu par l’instance de Karim Younès, les initiateurs de la «Charte pour une Algérie libre et démocratique» entendent réhabiliter la diaspora nationale à l’étranger, en insistant sur leur implication à «l’assemblée d’où seront issus les responsables qui auront à diriger les différentes instances de la transition». Cette « Charte » est allée même proposer un nouveau organigramme de la structure administrative du pays, en proposant un modèle calqué sur les États européens, en parlant ainsi d’un État-régions unitaires, et d’adopter une nouvelle Constitution « qui institue la pleine citoyenneté de tous les Algériens, l’adhésion sans équivoque de tous les acteurs politiques à un minimum républicain (l’alternance au pouvoir, la séparation des pouvoirs, l’égalité homme/femme, le respect des droits humains, l’identité nationale récupérée, la liberté de culte et de conscience corrélée à la non-politisation du religieux)».
Hamid Mecheri

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