Après avoir fait le déplacement à Moscou, lundi dernier, suite au cessez-le-feu décrété en Libye, et accepté par les deux parties, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez el-Serraj et le maréchal Khalifa Haftar ont négocié, sans se rencontrer, lors des pourparlers de la capitale russe, via les ministres russe et turc, de la Défense et des Affaires étrangères, au terme desquels, Haftar a quitté Moscou sans parapher l’accord, alors que son rival Fayez El-Serraj l’a signé.
Commentant la crise politique en Libye, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, lors de son déplacement officiel, au Sri Lanka, a déclaré que les conséquences de l’intervention militaire en 2011 en Libye, qu’il qualifie d’«aventure criminelle», la Libye et la région, notamment le Sahel, les subissent encore à ce jour. Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré, en effet, lors d’une conférence de presse suite à des pourparlers avec son homologue sri lankais que «l’État libyen a été bombardé par l’Otan en 2011 et nous, et surtout, le peuple libyen, récoltons toujours les conséquences de cette aventure criminelle et illégale», a déclaré M. Lavrov. Sur la rencontre de Moscou, devant être sanctionnée par la signature du document relatif au cessez-le-feu, après avoir été accepté, par les deux parties libyennes, le gouvernement d’union nationale et celle du maréchal Khalifa Haftar, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, que Khalifa Haftar « a quitté Moscou sans signer l’accord de cessez-le-feu » précisant que les deux hommes « ne se sont pas rencontrés », lors de leur présence à Moscou, après l’entrée en vigueur, dimanche dernier, à minuit, du cessez-le-feu, en Libye, rendue possible grâce à une intense activité diplomatique des chefs de diplomatie, notamment de la Russie, de la Turquie, d’Algérie, d’Italie et d’Égypte. Les pourparlers de Moscou, entre Fayez El-Serraj et son rival Khalifa Haftar, se sont déroulés, sans que les deux hommes se rencontrent, ils ont négocié un accord de cessez-le-feu, via les ministres russe et turc de la Défense et des Affaires étrangères, dans le sillage des discussions résultant d’un accord russo-turc annoncé le 8 janvier dernier à Istanbul par le président russe, Vladimir Poutine et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. La rencontre de Moscou est intervenue, à moins d’une semaine de la tenue, dimanche prochain, de la Conférence de Berlin sur la Libye. Alger, qui a connu un ballet diplomatique la semaine passée, dont le déplacement de Fayez Serraj et une délégation de hauts responsables représentant Khalifa Haftar, sur la crise libyenne, a salué l’annonce du cessez-le-feu et l’adhésion des acteurs libyens en conflit armé, pour que ces derniers puissent s’acheminer sur la voie du règlement pacifique via un dialogue inter-libyen, pour sortir le peuple libyen et son pays du chaos auquel ils sont confrontés, depuis 2011.
Le président Tebboune participera à la Conférence de Berlin
Alors qu’Alger était au rythme du ballet diplomatique, sur la crise libyenne, la semaine passée, la Chancelière Allemande, Angela Merkel a invité, dans un appel téléphonique, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la conférence de Berlin sur la crise libyenne. Une invitation qui a été encore une fois au centre d’un autre appel téléphonique de la responsable allemande au président Tebboune dans la soirée de lundi, jour de la tenue à Moscou, des pourparlers indirectes entre Fayez el-Serraj et Khlalifa Haftar, pour la signature de l’accord du cessez-le-feu, qu’ils ont accepté, mais signé, à ce jour, seulement par le président du Conseil présidentiel du GNA, Fayez El-Serraj. Hier, la présidence a annoncé le déplacement, dimanche prochain, à Berlin, du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, pour assister à la conférence qu’abritera la capitale allemande sur la crise libyenne. De son côté, le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a entamé, depuis hier, un déplacement officiel de deux jours, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, pour des entretiens avec ses homologues à Ryadh et Dubaï, autour de la situation actuelle du monde arabe, et plus particulièrement en Libye, à l’aune du cessez-le-feu décrété dimanche à 00h00. En réaction au départ du maréchal Khalifa Haftar de Moscou sans parapher l’accord, le ministre des Affaires étrangères turc Mawloud Cawushoglu a déclaré aux médias que le refus du commandant de l’armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, de signer un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement libyen d’union national « montre qui veut la guerre et qui veut la paix », soulignant que la Turquie « a fait tout ce qui était en son pouvoir pour assurer un cessez-le-feu » a-t-il indiqué. Le porte-parole des Nations unies (ONU), Stéphane Dujarric, avait mis l’accent sur la nécessité « d’une surveillance impartiale » du cessez-le-feu, si ce dernier « était conclu entre le GNA et le maréchal Khalifa Haftar. « Pour qu’un cessez-le-feu en Libye soit respecté, il devrait y avoir un mécanisme impartial de surveillance et de mise en œuvre, ainsi que des mesures de confiance », a-t-il expliqué et d’indiquer que la mission de l’ONU en Libye, Unsmil, composée d’environ 230 personnes, dirigée par Ghassan Salamé « enregistre et vérifie actuellement les violations du cessez-le-feu signalées », a précisé le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Karima Bennour