L’ancien porte-parole de la Délégation algérienne aux Accords d’Évian, Réda Malek, a déclaré, hier, à Alger, que «les faits historiques sont têtus», et que les leçons de l’Histoire enseignent fortement sur «la défaite inévitable de tout système colonial», face à la volonté des peuples en lutte pour leur liberté et indépendance.
Pour l’ex-chef du gouvernement,«le respect de la légalité internationale est exigée de tous», dira l’ex-chef du gouvernement, Réda Malek, allusion à l’esprit et les textes des Nations unies, consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à l’occasion de la célébration de la Journée de la Victoire, date du cessez-le-feu du 19 mars 1962, consacrant le droit à l’autodétermination du peuple algérien, et donc son indépendance, après des sacrifices consentis durant sa lutte de libération.
Pour l’ex-porte-parole de la Délégation algérienne aux négociations d’Évian, mêmes les grandes puissances se sont pliées à la volonté des combats des peuples pour s’affranchir du joug colonial, il citera, à titre d’exemple, la France et les États-Unis au Vietnam, et bien sûr, le système colonial français en Algérie, avant de lancer que la date du 19 mars 1962 «est un jour de la Victoire du peuple algérien», mais aussi, a-t-il souligné, «la Victoire des peuples d’Afrique». Animant une conférence ayant pour thème «Le 19-Mars : Fête nationale de la Victoire, facteur de parachèvement de la décolonisation en Afrique», rencontre organisée par l’Assemblée communale d’Alger-Centre, pour marquer cette date, Réda Malek s’est adressé à une assistance nombreuse, composée de personnalités nationales, de parlementaires, de représentants de la société civile et des élus locaux. Étaient également invités à cette manifestation de la célébration de cette date historique, dans le combat du peuple algérien, l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Bouchraya Beyoun, et une délégation représentant les étudiants africains en Algérie. Pour l’ex-porte-parole de la Délégation algérienne aux Accords d’Évian, la politique extérieure de l’Algérie puise ses valeurs, ses principes et ses fondamentaux de son Histoire, et des sacrifices consentis de son peuple dans son combat contre le colonialisme, réaffirmant que «l’Algérie a et continuera à soutenir, et a être solidaire avec ceux qui luttent pour des causes justes», et d’ajouter «comme celle du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance», a-t-il souligné. Affirmant que l’Algérie «ne renoncera pas à ses principes». Sur le processus inachevé de la décolonisation au Sahara occidental, l’ex-chef du gouvernement lancera l’interrogation: «Pourquoi le Maroc a remplacé la colonisation espagnole au Sahara occidental?» Appelant le Royaume chérifien a «faire preuve de sagesse, en se conformant à la Légalité internationale», a-t-il indiqué. Se remémorant la déclaration de l’ex-président français, le général de Gaulle, acculé par la Communauté internationale et la primauté du Droit international, en évoquant les Nations unies (ONU), «ce machin», après ce, Réda Malek ajoute que la puissance coloniale française «s’est pliée», au bout du compte, à la volonté du peuple algérien pour son indépendance et au Droit international, par la tenue du référendum du 3 juillet 1962. Pour notre interlocuteur, aux faits de l’actualité en cours, dont les derniers développements de la question du Sahara occidental sur les scènes régionale et internationale, notamment les attaques des responsables marocains contre l’Institution onusienne, en la personne de Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité, par la remise en cause par Rabat de la Résolution 690, relative à la création et au déploiement de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Après les propos de de Gaulle en question, rappelés par Réda Malek, plus de cinquante ans après. Il dira aussi «c’est cet même esprit colonial» qui se manifeste, à travers les attaques du Maroc contre l’ONU et Ban Ki-moon et également par «les tergiversations» de Rabat dans «sa dérobade» à la Légalité internationale.
Le Maroc prône une solution «altérée et amputée»
Intervenant, hier, lors de la conférence précitée de Réda Malek, le représentant de la RASD, à Alger, l’ambassadeur Bouchraya Beyoun a affirmé que l’entêtement de Rabat à ne pas se conformer au Droit international, pour une question de décolonisation inscrite à l’ONU, «aggravera la situation dans la région», a-t-il averti. Pour notre interlocuteur, toute négociation sous les auspices onusiens sont sur la base du Droit international, lequel droit n’est pas «respecté» par les autorités coloniales au Sahara occidental, qui s’acharnent à «proposer des solutions altérées et amputées» de ce que stipule la Charte de l’ONU, et notamment les Résolutions onusiennes sur le Sahara occidental, «consacrant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», a-t-il rappelé. Indiquant, plus loin, qu’«à chaque situation de crise à laquelle est confronté le Maroc», Rabat, poursuit Bouchraya, «emprunte la voie de la fuite en avant», dont les rapports de tensions en cours entre le Maroc et l’ONU, alors que le Secrétaire général, Ban Ki-moon, n’a rappelé que «le caractère de la question sahraouie, et la nature fondamentale» du conflit sur le Sahara occidental, opposant le Front Polisario au Royaume chérifien, à savoir, un territoire soumis à un processus de décolonisation. Rappelant, encore, qu’aucun pays «ne reconnaît la souveraineté marocaine» sur le Sahara occidental.
Le diplomate sahraoui indiquera qu’il s’agit «d’une force occupante». Et les dernières décisions de l’Union européenne mettant un terme à ses accords avec Rabat, car incluant le Sahara occidental, ou les propos de Ban Ki-moon en qualifiant la présence du Maroc au Sahara occidental «d’occupant», et aussi les décisions et les Résolutions de l’Union africaine (UA) et les soutiens à la cause sahraouie s’inscrivent en droite ligne avec la Légalité internationale. Notons par ailleurs que la présidente de la Commission de UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a averti que la nouvelle attitude du Maroc, relative aux mesures prises vis-à-vis de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso), constituait «un précédent très dangereux, qui remet en question le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde».
Karima Bennour