Par Mohamed Abdoun
Fallait-il vraiment être naïf et incapable de décrypter les «signaux cabalistiques», fort nombreux lorsqu’il s’agit de faire de la politique en Algérie, pour ne pas se rendre compte qu’Ahmed Ouyahia, en claquant la porte du RND, n’avait fait que répondre à ce pressant appel d’un homme avec son… destin. Notre journal, qui titrait déjà à l’époque que ce n’était qu’un au-revoir, rappelant au passage que Guidoum et Hafsi ne faisaient franchement pas le poids face à un Ouyahia dont le charisme dépasse de loin celui de son parti, ne laissait pas d’ajouter, que se sentant déjà dans les habits d’un présidentiable, il avait tout simplement tourné le dos à une formation politique qui l’aurait bien plus handicapé qu’aidé dans sa quête. Souvenons-nous que dans la foulée des printemps arabes, et bien avant que le président Bouteflika ne tombe malade, Ouyahia, lors d’une conférence de presse, avait clairement exprimé son opposition à un quatrième mandat, en soulignant que celui-ci ne rendrait pas service à l’Algérie. De l’eau aura coulé entre-temps sous les ponts. Bouteflika restera à la tête de l’État algérien. Les données ont changé. Cela ne fait absolument aucun doute. En revanche, il va très certainement s’adjoindre les services d’un vice-président. Et si les pronostics oscillaient, depuis des semaines, entre Belkhadem, Saâdani (sic !), Hamrouche, Sellal et Ouyahia, le choix final devrait indéniablement tomber sur l’ancien homme fort du RND. Or, un pareil poste ne peut représenter qu’une sorte d’antichambre vers la magistrature suprême, une fois que la voie sera ouverte. Sellal a laissé un intérimaire à la tête du gouvernement, ce qui sous-entend qu’il se contentera de reprendre un poste dans lequel il a parfaitement trouvé ses aises. Hamrouche, lui, a raté une autre occasion de se taire, en lançant un message dans lequel il avait clairement laissé entendre qu’il ne serait candidat que s’il était assuré de gagner. Quant à Saâdani et Belkhadem, sorte de deux faces d’une même médaille, force est de souligner ici que leur époque est révolue, et qu’ils ne sont là que pour faire tapisserie, en attendant que la relève fasse valoir ses droits au sein des instances dirigeantes de l’ex-parti unique. Un début de décantation se profile donc à l’horizon. Les observateurs, pour qui ces élections ne présentent désormais plus aucun suspense de quelque nature qu’il soit, se projettent déjà par-delà le 17 avril prochain. Avec un président affaibli, il va sans dire que le mode de gouvernance et de gestion des affaires de la cité sera changé. C’est un «chambellan», comme Ouyahia, qui va prendre petit à petit les choses en main, et régner en coulisses, en attendant qu’il rencontre enfin son destin…
M. A.