La preuve qu’il ne s’agit pas là d’une simple campagne ponctuelle et populiste mais réside très certainement dans le fait que l’idée d’État providence et vache laitière est abandonnée au profit du compter sur soi afin de mettre en valeur, et d’optimiser les potentialités de ce pays, et de ces zones, si riches et si pauvres à la fois.
Pour saisir le sens de l’énorme entreprise lancée par le président Tebboune en matière de lutte contre les zones d’ombre, la meilleure chose à faire me semble être l’idée de convoquer Confucius, porteur d’une sagesse qui a su traverser les siècles, les millénaires, et les âges, sans dommages, preuve de son bon sens et de sa justesse. Ce grand sage chinois nous dit ceci : « quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson ». Partant, on se surprend à dire que les idées les plus simples sont toujours les meilleures.
Et, pour enchaîner vers la simplicité, il me semple judicieux de choisir un exemple palpable, éclatant de lumière en ces temps où toute ombre doit être placée sous les sunlights. Imaginons un hameau fort pauvre, très isolé, comme il en existe des dizaines de milliers en Algérie. Au lieu de s’échiner à y injecter des aides, des subventions et des fonds, il est préférable et plus rentable de miser sur des retours sur investissements. Cela évite de perpétuer, de reproduire à l’infini, cette sempiternelle légende du tonneau des Danaïdes. Toutes les aides accordées, quand cela est fait de cette manière désinvolte, où les responsables locaux se conduisent en de vulgaires fonctionnaires, nullement tenus par une quelconque obligation de résultat, consisteraient à vider l’océan à l’aide d’une petite cuillère. L’absence de retour d’écoute de la part de ces mêmes responsables, fera que ces aides continueront d’aller à vau-l’eau.
Le vaste mouvement opéré par le Président dans le corps des administrateurs locaux répond sans doute à cet impératif. Tebboune ne veut pas endormir les Algériens avec de fausses promesses. Les responsables qui ne s’investissent pas totalement, et ne croient pas à ce qu’ils font, doivent quant à eux céder la place et ne pas gêner la manœuvres, tant sont nombreux et profonds les vastes chantiers qui nous attendent.
À Oumache, petite bourgade située à Biskra, où je me trouvais en reportage il y a de cela une dizaine d’années, j’avais critiqué le projet des 100 locaux commerciaux par commune sonnant comme un slogan surréaliste appelé à bercer les citoyens de slogans creux, pendant que les marchés publics continuent d’alimenter et d’enrichir les mêmes. Trop de commerce tue le commerce ! dans une bourgade où les gens « crèvent » la dalle, comment envisager des commerces où l’on vendrait autre chose que des rêves et des illusions. Les locaux d’Oumache tombent en ruine. « dommage ! ». Et, pour enchaîner sur notre idée de base, focaliser sur ce hameau pauvre pour en tirer la quintessence peut être source de salut et de délivrance. Prenons le cas d’éleveurs de chèvres, animaux s’adaptant à toutes les conditions, et mangeant de tout, et au lait très apprécié, au lieu de laisser chaque éleveur se débattre face à ses problèmes, attendant des aides qui ne servent à rien sauf à entretenir sous perfusion ce hameau, si ce potentiel est porteur, et après étude, il faut consacrer l’argent des aides à constituer une coopérative, permettre la mise en place d’une ligne de collecte, tracer la route pour faire venir les transformateurs et, à terme, envisager de créer des labels, bios de préférence, et arriver même à conquérir le marché occidental. Un chef de daïra n’y suffirait pas. Mais un manager qui croit en la potentialité de sa région, et qui « en veut », si. Les actuels choix stratégiques de Tebboune se cristallisent dessus cette vision nouvelle. L’apport d’hommes compétents, pluridisciplinaires et pleinement engagés lui est absolument nécessaire.
Mohamed Abdoun