« On peut commencer la guerre quand on le souhaite, mais on ne la finit pas de même. » Cette citation de Nicolas Machiavel s’applique, dans un sens, à ce qui se passe actuellement chez notre voisin de l’Ouest. Il suffit de remplacer le mot « guerre » par « manifestation » pour prédire ce qui y adviendra. Au Maroc, notamment, où ce qui devait arriver arriva. La mèche a été allumée. Personne ne peut prévoir la suite. Le Maroc vit au cœur d’un soulèvement populaire. On est loin des actions sporadiques observées par-ci, par-là, dans les coins et les recoins du Royaume. Cette fois-ci, des manifestations ont éclaté dans des cités marocaines sensibles. Et même stratégiques en ce qu’elles représentent comme « postes avancés » pour la forteresse du roi à Rabat. Même la capitale, cœur du pouvoir, est sur une poudrière. Les Marocains ont crié leur ras-le-bol en manifestant à Rabat, Marrakech, Agadir, Casablanca…Ils ne se comportent comme de simples sujets à la merci du roi. C’est d’autant plus que « sa majesté » n’est plus ce qu’il était. Il est en situation d’abandon de poste. Mohammed VI est gravement malade. Il ne dirige plus. Il ne vit plus au Maroc qu’il troque pour une fin de règne paisible à l’étranger. Loin du peuple qui réclame ses droits basiques. Pour manger à sa faim, accéder aux soins, à la scolarité, au logement… M6 préfère une fin de règne chez ses maîtres qui lui dictent ce qu’il doit ou ne doit pas faire dans son pays. Aujourd’hui, les Marocains manifestent en citoyens dignes. Ils ne craignent plus devant l’oukase du Makhzen. Ils ne suivent plus la carotte et le bâton. Face à ses grandioses manifestations qui réclament la fin de la politique de paupérisation d’un régime aux abois, Makhzen ne sait plus comment s’y prendre. Quoi faire pour étouffer une révolte qui fait tache d’huile. C’est d’autant plus que le peuple a gagné en maturité avec tous les mouvements contre la normalisation observés depuis des moins maintenant. Face à cette révolte, le Makhzen perd le contrôle de la situation. La preuve, il recourt à une violente répression. Des centaines de manifestants ont été arrêtés. Les autorités ont été prises de court. Elles n’ont rien vu venir. Elles avaient l’habitude d’avoir affaire à des actions de protestation corporatistes qu’elles matent d’un seul coup de matraque. Cette fois-ci, les foules étaient plus denses et les mots d’ordre étaient plus engagés. À l’heure où nous mettions sous presse, les manifestants continuent à braver l’interdit et à défier les services de sécurité. À s’interroger, pour combien de temps le régime marocain tiendra encore avant de tomber ?
Farid Guellil