Le Premier ministre britannique Boris Johnson a conditionné vendredi la poursuite des négociations commerciales post-Brexit à «un changement fondamental d’approche» de la part des Européens, malgré la menace d’un «no deal» le 1er janvier. Le sommet européen de jeudi a donné lieu à un nouveau dialogue de sourds, les 27 exigeant des concessions de Londres, tout en disant vouloir poursuivre les pourparlers pour arriver à un accord de libre-échange avant l’année prochaine, quand les règles européennes cesseront de s’appliquer au Royaume-Uni. «Ils ont abandonné l’idée d’un accord de libre-échange, il ne semble y avoir aucun progrès de la part de Bruxelles donc ce que nous leur disons, c’est: venez nous voir en cas de changement fondamental d’approche, sinon cela nous va très bien de parler des détails pratiques» d’une sortie sans accord commercial, a déclaré Boris Johnson à la télévision britannique. «Nous devons nous préparer à un arrangement qui ressemble à ce qui a été conclu avec l’Australie», ce qui revient à un «no deal» où les échanges sont régis par les règles de l’Organisation mondiale du Commerce, a-t-il ajouté, relevant qu’il ne reste «plus que dix semaines avant la fin de la période de transition» suivant la sortie de l’UE, effective le 31 janvier dernier. Après son intervention, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que des négociateurs européens se rendraient à Londres la semaine prochaine «pour intensifier» les discussions. Bruxelles estime qu’un compromis sur un éventuel accord de libre-échange doit être trouvé d’ici à la fin octobre pour pouvoir être mis en oeuvre en janvier. Mais Boris Johnson avait fait du sommet européen de jeudi une date butoir, estimant que faute de compromis, les deux parties devraient l’»accepter et aller de l’avant». Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE y ont constaté «avec inquiétude que les progrès réalisés sur les questions clés qui intéressent l’Union ne sont toujours pas suffisants pour qu’un accord soit conclu» dans le peu de temps dont disposent encore les deux parties. Ils ont demandé à ce que Londres fasse «le nécessaire pour rendre un accord possible», semblant durcir leur position par rapport aux échanges survenus plus tôt dans la semaine entre Boris Johnson et Ursula von der Leyen. La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, était ensuite revenue en partie sur cette déclaration tranchée, appelant à des concessions de part et d’autre pour débloquer les négociations.
Mais Londres a été piqué au vif. Le négociateur britannique David Frost s’est dit jeudi soir «déçu» par les demandes européennes et même «surpris que l’UE ne s’engage plus à travailler de manière intensive». Les pourparlers entre Londres et Bruxelles achoppent toujours sur trois sujets: l’accès pour les Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence – malgré de récents progrès – et la manière de régler les différends dans le futur accord.