Tayeb Zitouni a gagné sa tournée dans les travées du marché. Son action sur le terrain est à saluer. Cela n’enlève en rien le mérite de ses collègues de l’Agriculture, de la Pêche ou encore de l’Intérieur. Leur étroite collaboration a payé. Résultat des courses, abondance de produits et prix à la portée.
Mieux encore ? Les parasites qui gravitent autour du circuit sont neutralisés. L’exploit « ramadhanèsque » trouve reconnaissance dans le dernier message présidentiel. Pour autant, les spéculateurs, de tous bords, ne sont pas tous finis. Toujours aux aguets. Comme ceux qui font main basse sur un fruit exotique fort prisé par les Algériens : la banane ! Ce marché juteux à l’ombre duquel sont tapis des intermédiaires. Ils manœuvrent et manigancent derrière le dos du consommateur. Une exception, un cheveu sur la soupe « chorba » du Ramadhan clément de 2024. Ces charognards ont même failli passer entre les mailles du dispositif de veille des autorités. Mais, vigilant qu’il est le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, n’a pas baissé la garde. Chemin faisant, celui qui était en virée dans l’algérois, lors du premier jour de l’Aïd El Fitr, a bien fait ses preuves. Alors que les importateurs ont reçu toutes les facilités du monde pour approvisionner le marché (320 000 tonnes importées en 2023), étonnement le prix de la banane a explosé. La vente en gros a atteint 480 DA et jusqu’à 600 DA en détail. Le fait qu’il n’y a pas de substitut local à ce produit réduit la marge de manœuvre. Mais, le ministre a trouvé la parade : Le boycott ! « La banane, ‘’manaklouhach’’ (on s’abstient d’en manger) ! On va la saisir», qualifiant les spéculateurs derrière la flambée des prix de « voleurs ». En faisant cet appel du pied aux citoyens, Zitouni a fait parler de lui. En bien pour tout consommateur responsable qui se respecte et en mal pour les « alarmistes ». Les premiers, fort nombreux ont salué l’initiative. Les seconds, à contre-courant des intérêts du citoyen, ont tourné en dérision, l’appel du ministre. À tort, eux qui ne savent pas la pertinence de cette action. En montrant ainsi la voie du boycott de la banane pour faire fléchir les prix, le ministre vient d’« homologuer » un acte citoyen. Ce genre d’appel qui trouve, jusque-là, preneurs dans les réseaux sociaux, peut désormais trouver du sens. Car, c’est avec la contribution du citoyen que les décisions des autorités se réalisent sur le terrain. Aux citoyens, maintenant, et à côté des autorités, de passer à l’acte les appels au boycott à l’effet de mettre fin au diktat des spéculateurs sur les prix. Ces charognards, il faut les « frapper à la poche » pour reprendre le jargon bien de chez nous.
Farid Guellil