Le mouvement populaire pacifique, entamé depuis le 22 février dernier, à travers l’ensemble des wilayas du pays contre le cinquième mandat et en faveur d’un changement profond, n’a pas été sans impact sur le parti FLN.
Procédant mercredi dernier à la modification du directoire provisoire du parti, Mourad Bouchareb a vu le nombre des membres dudit directoire passer de 7 à 22, avec le retour d’anciennes figures du parti FLN (P/FLN), en vue de se prémunir contre d’autres impacts de la mobilisation populaire pacifique, en cours. Mais l’entente n’était pas au rendez-vous, avec le retour de certaines figures, au vu de la journée houleuse, qui a marqué le mercredi en question du P/FLN, notamment suite à la divulgation de l’identité des nouveaux membres, les caciques du parti, ses redresseurs. Abdelkrim Abada, militant de longue date et ancien coordinateur du mouvement de redressement du P/FLN a annoncé, le lendemain de sa désignation, sa démission « avec effet immédiat et sans conditions » de la nouvelle équipe dirigeante du parti. Dans un communiqué, Abada a prévenu qu’il « se démarque totalement de toute exploitation de son nom et de son parcours militant dans toute manœuvre politicienne ou partisane de quelque partie que se soit, notamment dans ce virage historique et décisif pour l’Algérie ». Il faut rappeler qu’un mouvement de redressement composé d’anciens membres dirigeants et de parlementaires s’est formé récemment au sein du P/FLN, contre Mouad Bouchareb, auquel ils contestent la gestion chaotique de leur formation politique. Jouant les pompiers, le coordinateur général Bouchareb a donc tenté d’éteindre l’incendie, en lançant l’initiative d’élargissement de son staff dirigeant, situation oblige, pour « rassembler tous les courants du FLN ».
Dans ce remue-ménage et l’entrée sur scène des caciques du parti et des redresseurs, fort est de constater l’absence à ce jour, de l’ex-secrétaire général de l’ex-parti unique, Abdelaziz Belkhadem, une absence qui suscite des interrogations au sein de la formation politique version Bouchared, alors que celui-ci l’avait «rencontré», par souci de jouer la carte du rassembleur, qui a fini par ne pas se poursuivre. Dans des explications sur son soudain renoncement et démission, Abada a indiqué qu’« il est, à l’instar de tous les membres du mouvement de redressement du FLN, ancré dans les rangs du peuple algérien dans son soulèvement civilisé et honorable ». Soudainement, ce responsable jette l’éponge et déclare, à propos de sa démission : « J’ai démissionné de cette instance [ direction du FLN] parce que mes convictions ne me permettent pas de travailler avec sa composante actuelle. Il y a des personnes au sein de cette direction que j’ai combattues depuis 2010 et avec lesquelles je ne peux aucunement travailler à présent ». Il dira même : « je ne peux pas travailler avec les gens qui sont à l’origine de la crise » s’est-t-il contenté de déclarer. Poursuivant dans ses propos, il avance que la nouvelle posture qu’il adopte s’inscrit sur la nouvelle voie qu’il a décidé, d’emprunter, celle, dira-t-il « de travailler pour le parti et non pas pour un cinquième mandat.
J’ai été contre le quatrième mandat présidentiel, je ne peux donc pas soutenir un cinquième mandat »a-t-il lancé. Pour cet ennemi juré d’Ould Abbès, SG sortant et prédécesseur de Bouchareb, « ce n’est pas le FLN qui a choisi ce candidat [à savoir, Bouteflika] » avant d’ajouter « est-ce que le Comité central du FLN s’est réuni pour proposer cette candidature ? Ce candidat est libre et le FLN n’a pas de candidat pour la présidentielle du 18 avril prochain »a-t-il soutenu, déclaration émise, après trois semaines de manifestations populaires pacifiques de millions d’Algériennes et d’Algériens contre le 5e mandat et pour le changement, à travers le pays. En rappelant, à qui veut l’entendre que « ce ne sont pas des individus ou la direction qui prend ce genre de décisions [de choisir un candidat]. Ce sont les instances du parti qui se réunissent et définissent le candidat pour la présidentielle ». Abada ajoute qu’au sein du parti FLN « nous ne sommes pas concernés par ce cinquième mandat »a-t-il affirmé, car selon lui « on ne peut qu’être avec le peuple ». Estimant que « les conditions ne sont pas réunies » pour le redressement ou la refondation du P/FLN, cette formation politique, «n’est pas indépendante », Abada a fini par constater que « ses responsables et ses instances dirigeantes sont désignés, nommés et non pas élus démocratiquement » sans manquer de dire que « le parti FLN est une véritable institution, il faut que ses instances émanent de la volonté souveraine de ses militants ».
Signe de suspicion dans les rangs du FLN, la séance plénière de l’APN, jeudi dernier, consacrée aux questions orales et aux auditions des ministres, a été désertée, et dans la directive verbale des responsables de l’APN, les médias ont été sommés de filmer à partir des écrans de télévision et ont été privés de l’espace qui leur est habituellement réservé à l’APN pour accomplir leur travail.
Hamid Mecheri