La guerre d’occupation israélienne contre Ghaza continue de faucher des vies et de dévaster le territoire, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu. Hier matin, un enfant a été grièvement blessé dans le quartier de Chujaïya, à l’est de la ville de Ghaza, après qu’un drone israélien de type Quadcopter a largué une bombe à proximité de la rue As-Sikka.
Selon les correspondants locaux, les chars et bulldozers israéliens ont intensifié leurs opérations dans le sud du secteur, notamment à Khan Younès, où des tirs nourris ont visé plusieurs zones résidentielles. Les engins de l’armée d’occupation poursuivent le nivellement et la destruction des maisons dans le sud-est de la ville, tandis que l’artillerie bombarde sans relâche les environs de Bani Souhaïla. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les quartiers d’At-Tuffah et d’Ad-Daraj, à l’est de Ghaza, ont également été pris pour cible par des tirs d’artillerie. Ces attaques viennent s’ajouter à une série de violations de la trêve censée être entrée en vigueur le 10 octobre dernier.
À Nusseïrat, dans le centre de la bande, l’hôpital Al-Awda a confirmé la mort d’un civil, tué lors d’une frappe israélienne qui a touché un groupe de Palestiniens ramassant du bois à l’est du camp d’Al-Bureïj. D’autres bombardements ont visé la même zone, près de ce que les militaires appellent la « ligne jaune », zone tampon créée par l’armée pour séparer les zones sous contrôle israélien de celles encore accessibles aux civils palestiniens.
Le ministre sioniste de la Défense ordonne de détruire tous les tunnels
Alors même qu’un cessez-le-feu est en vigueur, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé avoir ordonné à son armée de détruire « tous les tunnels » du territoire. Sur la plateforme X, il a déclaré : « Si les tunnels n’existent plus, le Hamas n’existera plus», sans préciser les zones visées ni le calendrier de ces opérations. Ces ordres viennent confirmer la poursuite de la politique de destruction systématique du territoire, Israël contrôlant désormais plus de la moitié de la bande de Ghaza, et maintenant ses troupes jusqu’à la «ligne jaune ». Malgré cet accord, l’armée a violé à plusieurs reprises la trêve, multipliant les frappes et les tirs contre des civils dans les zones palestiniennes à l’ouest de cette ligne.
Des négociations autour des combattants piégés à Rafah
Sur le plan diplomatique, les médiateurs régionaux poursuivent leurs efforts pour résoudre la question de quelque 200 membres de la résistance palestinienne toujours retranchés dans des tunnels à Rafah, au sud du territoire, désormais sous contrôle total de l’armée sioniste. Selon des informations rapportées par la chaîne israélienne i24 News, la Turquie tente de jouer un rôle de médiation dans cette affaire. Des sources proches du dossier ont révélé à l’agence Reuters que les combattants pourraient rendre leurs armes en échange d’un passage sûr vers d’autres zones de Ghaza. Le Caire aurait proposé que les armes soient remises à l’armée égyptienne, accompagnées de cartes des tunnels, afin de permettre leur destruction sous supervision. Aucune des parties, ni Israël ni la résistance palestinienne, n’a encore accepté ces conditions. Deux sources citées par Reuters estiment d’ailleurs que les combattants, coupés du commandement depuis mars, pourraient ne pas être informés du cessez-le-feu actuel.
Leur évacuation constituerait néanmoins une étape essentielle pour maintenir la fragile trêve en place. Sur le plan humanitaire, un rapport publié dans la revue médicale britannique, The Lancet, par les chercheurs Sami Zahran et Ghassan Abou Sitta, des universités du Colorado et américaine de Beyrouth, dresse un constat glaçant. Selon leurs estimations, les 60 199 Palestiniens tués jusqu’au 31 juillet 2025 ont perdu en moyenne 51 années de vie chacun — soit un total de plus de trois millions d’années de vie perdues à cause de la guerre israélienne contre Ghaza. Cette évaluation scientifique souligne l’ampleur du désastre humain et la profondeur du traumatisme collectif infligé à la population palestinienne.
Plus de 10 000 martyrs toujours sous les décombres
La Commission nationale des personnes portées disparues à Ghaza a révélé, jeudi, que plus de 10 000 martyrs restent ensevelis sous les ruines des bâtiments détruits depuis le début de la guerre. Elle appelle la communauté internationale à envoyer d’urgence des équipes spécialisées et des équipements lourds pour récupérer les corps, une opération aujourd’hui impossible en raison du blocus israélien qui empêche l’entrée de matériel humanitaire et de secours. Alors que les grandes puissances continuent de se retrancher derrière un silence diplomatique, Israël multiplie les violations du cessez-le-feu en toute impunité. Les frappes de drones, les bombardements d’artillerie et les démolitions massives rappellent que, derrière les termes de « trêve » et de « reconstruction », c’est toujours la logique de destruction et d’étranglement du peuple palestinien qui prévaut. Dans un Ghaza asphyxié, où les enfants blessés par les drones côtoient les milliers de corps encore piégés sous les décombres, la guerre ne s’est jamais vraiment arrêtée. Elle a simplement changé de rythme, dissimulée derrière les illusions d’un cessez-le-feu qu’Israël foule chaque jour aux pieds.
M. Seghilani
