Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, a relevé, hier, lors de son passage au Forum du Courrier d’Algérie, plusieurs lacunes et failles dans la politique de gestion de pandémie du coronavirus initiée par les autorités publiques.
« Le secteur de la Santé dans le pays est en difficulté, depuis des années déjà, et malheureusement on est toujours dans la même situation, aujourd’hui, même avec l’apparition de la pandémie du coronavirus. Les professionnels sont justement inquiets par rapport aux moyens mis à leur disposition pour pouvoir gérer la pandémie », a déclaré l’invité du Forum.
« L’Organisation mondiale de la santé (OMS), a recommandé à tous les pays à travers le monde de mettre à la disposition des professionnels de la santé ainsi que pour les malades des moyens de protection, entre gants, bavettes et autres pour éviter la contamination; et malheureusement dans notre pays, soit ils sont en quantité insuffisante, soit carrément indisponibles », a-t-il encore ajouté.
Pourtant, a-t-il enchaîné, il y a trois raisons pour lesquelles les professionnels de la santé doivent être protégés des risques de contamination contre toutes les maladies contagieuses, à cause du contact permanent avec les personnes atteintes, en citant en premier lieu la préservation de sa propre santé, car, a-t-il expliqué, si le personnel de la santé est atteint cela va engendrer, inévitablement, un manque de personnels dans le secteur ; et devient également une courroie de transmission pour la maladie contractée.
L’invité du Forum s’est surtout étonné de l’absence d’un Plan d’action d’urgence dans le pays, pourtant recommandé par l’OMS pour tous les pays de la planète avec les mêmes directives, alors que chez nous c’est à peine qu’on découvre de quoi il s’agit réellement.
M. Merabet a évoqué également le problème de la centralisation des décisions qui fait que toute décision est soumise à des instructions qui doivent venir d’en « haut », en citant en exemple le cas de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui, selon la même source, attend toujours un document officiel, venant des autorités concernées pour pouvoir répartir les moyens disponible sur les autres établissements de santé, ce qui constitue aux yeux de M.Merabet une anomalie de gestion dans des situations d’urgence, comme celle que nous vivons aujourd’hui, alors que la note faisant état du gel des congés pour le personnel médical est arrivé à temps.
Le syndicaliste du secteur de la santé a aussi souligné les multiples incohérences et la lourdeur dans les prises de décisions, en citant notamment la fermeture des mosquées, le manque de coordination entre les services concernés, un dysfonctionnement à outrance des programmes dans le secteur, un manque de moyens mis à la disposition des professionnels du secteur (appareil respirateur, nombre de place restreints, manque d’équipement médical), un manque d’organisation et le chevauchement des prérogatives qui fait que tous les officiels s’expriment sur la question, sans disposer de suffisamment d’éléments sur le coronavirus.
M.Merabet a surtout insisté sur la communication institutionnelle, pour sensibiliser l’opinion publique sur les moyens de prévention, le comportement à adopter pour éviter les risques de contamination, à travers des spots dans tous les médias et en trois langues, des dépliants, des campagnes de sensibilisation du citoyen pour adhérer aux démarches initiées et mettre dans le Plan d’action d’urgence une éventuelle mobilisation des retraités de la santé, les établissements privés de santé, ainsi que ceux de la santé militaire pour pouvoir faire face à cette pandémie si jamais on passe à la phase trois.
Brahim Oubellil