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Blida : Ramadhan, entre la boulimie des gens et le diktat des commerçants

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Même les calculs annonçant le 1er jour du Ramadhan pour aujourd’hui mardi 7 juin ont été faussés par le fin croissant qui s’est laissé voir dans de très nombreux pays du monde musulman, et même ailleurs, faisant, d’hier lundi, le 1er jour de ce mois sacré. S’il est très attendu par les musulmans du monde entier, il l’est pour différentes raisons même si la principale demeure celle de se conformer aux obligations faites par Dieu à ses sujets. En effet, pour de trop nombreux jeuneurs, Ramadhan est plutôt synonyme de boulimie, de bonne chère, de veillées sucrées et de tables pleines de victuailles durant toute la nuit. Pour arriver à répondre à ces besoins astronomiques, inutiles, néfastes pour la santé et le porte-monnaie, ils économisent quand ils le peuvent, s’endettent ou vendent leurs voitures, les bijoux de la famille ou autre chose. Et là, les quinze derniers jours avant le Ramadhan, ce sont des processions ininterrompues de femmes de tous âges, accompagnées de leurs progénitures bruyantes et indisciplinées, qui sillonnent les marchés, de plus en plus nombreux, dans les grandes villes, les villages et les hameaux. Elles se passent l’information par téléphone quand une ‘affaire’ est découverte. Pendant ces jours, elles raflent tous les ustensiles de cuisine qu’elles trouvent sur le marché, particulièrement ceux utilisés par les chefs-cuisiniers qui leur apprennent à préparer divers plats à travers les nombreuses chaines de télévision spécialisées dans ce domaine. Cette année, ce sont aussi les habits des enfants pour l’Aïd qui les attirent comme le sucre attire les abeilles et les mouches. Là aussi, c’est une véritable curée qui s’enclenche et qui continue jusqu’à la veille de l’Aïd el Fitr, quand il devient plutôt rare de trouver encore quelque chose de potable pour habiller les enfants. Ensuite, c’est l’homme –même si nous remarquons de plus en plus de femmes là aussi- qui investissent les marchés de fruits et légumes et les boucheries. Les quatre derniers jours du mois de Chaabane de cette année ont vu un rush inimaginable sur tous les produits de consommation, les viandes rouge et blanche en tête. En milieu d’après-midi, il n’y a plus rien et le marchand vous demande de revenir le lendemain si vous voulez acquérir un poulet ou deux ou trois kilos de viande. Même la ‘douara’ ou le ‘zelif’ ne sont pas épargnés et sont vendus avant même que le bélier soit égorgé. Les fruits et légumes sont aussi très demandés, en plus des épices, du beurre, raisins secs, des pruneaux et divers fruits secs. Il faut se lever tôt pour espérer trouver quelque chose d’assez bon et éviter de se faire bousculer au milieu de chaines devant tous les étals. De leur côté, les commerçants se préparent plusieurs semaines à l’avance et font jouer les connaissances et l’argent pour se faire approvisionner durant ce mois. Ils se préparent aussi en augmentant les prix de vente, ajoutant ainsi au désarroi des smicards qui n’en peuvent plus payer, encore plus cher, en oubliant surtout qu’ils sont les véritables artisans de cette cherté des prix de tous les produits, qu’ils acquèrent non pas selon leurs besoins immédiats. Sinon, comment expliquer qu’un citoyen, que nous avons rencontré chez un boucher, achète trois poulets en même temps « choisissez les plus grands » a-t-il demandé au vendeur qui lui annonce que le poulet est passé à 260 DA le kilo plein (contre 180 DA il y à peine une semaine). C’est la même chose pour tous les produits demandés durant le Ramadhan. Ce sont les détaillants qui nous l’ont confirmé à plusieurs reprises : « quand nous voulons acheter des légumes sous pression, nous ne les trouvons pas pendant deux ou trois jours puis, ils commencent à apparaitre, au double ou au triple de leurs prix réels » ont-ils précisé. Hier, au premier jour, à onze heure du matin, le marché de la ville était envahi par une foule immense, qui achetait tout, même ce qui était invendable il y a quelques jours. Les bouchers, ont recruté de nombreux employés pour répondre à la demande des clients et il vous faut près de deux heures d’attente pour être servi : il suffit d’acheter juste ce dont on a besoin pour la journée, le lendemain vous allez ramener quelque chose de plus frais et à meilleur prix.
Hadj Mansour

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