Accueil RÉGIONS Blida : engouement pour l’eau de fleurs de distillation

Blida : engouement pour l’eau de fleurs de distillation

0

Un engouement se manifeste, en ces jours de Ramadhan à Blida, pour l’eau de fleurs distillée naturellement à partir de pétales fraiches, considérée comme un élément incontournable de la cuisine blidéenne.

En effet, l’eau de fleurs distillée naturellement demeure, à ce jour, l’une des bases essentielles de la cuisine blidéenne, au vue de ses multiples usages tant dans les plats salés que sucrés (gâteaux), d’où l’attachement des femmes à en choisir les meilleurs qualités pour en tirer meilleur profit et obtenir les saveurs voulues dans leur plats. Le marché « Souika » de Blida fait figure d’adresse tout indiquée de la ville pour la vente d’eau de fleurs distillée, dont les stocks sont généralement épuisés à la mi-journée, selon les assurances de l’un des vendeurs de la place, Nassereddine, dont la femme s’est spécialisée dans la distillation de l’eau de fleurs et de rose. « La demande sur l’eau de fleurs enregistre des pics durant le mois de Ramadhan, au vu de ses multiples usages dans la Sfiria, Lham Lahlou et autres douceurs, à l’instar des Ktaif et Kelb Ellouz, auxquelles il confère un goût et une saveur inimitables », a confié Nasreddine. Un autre vendeur connu de la placette, un séxagénaire, soutient, quant à lui, avoir des clients fidèles depuis de nombreuses années, qui viennent le solliciter de Tipasa, d’Alger et de Chlef pour l’ »excellence de la qualité de l’eau de fleurs de Blida », selon leurs propres affirmations, assure-t-il.

Un succès qui résiste en dépit de la hausse des prix du produit
La hausse des prix de ce produit distillé naturellement n’a nullement constitué une entrave à son succès.
Que l’on en juge : un litre d’eau de fleurs concentrée est cédé à 800 da, contre 400 à 500 da pour le litre moins concentré. Ce prix, pas à la portée de tous, est expliqué, selon les vendeurs, par le « manque de la matière première, conjugué à la complexité du procédé de sa préparation nécessitant du temps et de la patience », arguent-ils. Une dame rencontrée par l’APS à la Souika a déclaré être venue spécialement pour acquérir de l’eau de fleurs distillée naturellement, qu’elle préfère de loin à l’eau synthétisée industriellement, « en dépit de son prix élevé et de ses revenus modestes », concède-t-elle. « Le goût en vaut la chandelle », a-t-elle expliqué, dans un jeu de mots amusant.
Par contre, un quinquagénaire a tenu à exprimer sa désapprobation à l’égard des prix pratiqués pour ce produit, les trouvant « trop élevés » comparativement à ceux de la version synthétisée, ne dépassant pas les 100 da, qu’il aurait aimé acquérir n’était-ce l’insistance de sa femme, qui l’a « sommé » d’acheter l’eau de fleurs distillée naturellement.

Un métier ancestral en voie de déperdition
La distillation de l’eau de fleurs et de roses fait partie des métiers ancestraux légués de génération en génération chez les familles blidéennes, notamment de mère en fille. Malheureusement, ce beau métier embaumant les fleurs a perdu de son lustre, au fil des ans, au point où les femmes le pratiquant se comptent, aujourd’hui, sur les doigts d’une main, à Blida.
Seghir Hayette fait partie de ces femmes gardiennes de ce métier ancestral, chère à la ville des roses. L’ayant hérité de sa mère, elle tente de l’inculquer au plus grand nombre possible de filles intéressées, en vue de sa préservation, escompte-t-elle.
Cette dame a exprimé son souhait de voir les autorités concernées introduire ce métier ancestral (distillation de l’eau de fleurs et de roses) dans la nomenclature de la formation professionnelle, dans un objectif de le préserver de la déperdition, d’une part, et pour marquer sa contribution dans la création d’emplois, d’autre part. Selon ses explications, la distillation de l’eau de rose s’étend sur toute la période de la cueillette (dite El Kettaf), allant de la mi-avril à la première quinzaine de mai. D’après une technique bien rodée, cette eau florale provient de l’eau de condensation qui est récupérée de l’essencier de l’alambic, une sorte de vase de décantation en cuivre.
L’alambic en question est mis sur le feu pendant au moins quatre heures, temps nécessaire à la vaporisation de l’eau et à sa condensation en vue de sa transformation en gouttelettes d’eau odorantes. « La vapeur condensée doit être récupérée dans un récipient inoxydable, afin d’éviter une altération de la couleur de la matière première », a-t-elle insisté, soulignant que ce même procédé, qu’elle a qualifié de « sensible », permet également l’obtention d’huiles essentielles de fleurs et de roses, mais en quantités bien moindres. Des quantités certes moindres, mais suffisantes pour perpétuer un métier menacé de disparition.

Article précédentOran : le « prêt à manger » en vogue
Article suivantTakerwait : une boisson en vogue durant le mois de Ramadhan à Ghardaïa