Les OQTF de Retailleau ont failli nous faire rater l’essentiel de l’actualité. Jeudi dernier, notre ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a remis au président du Conseil d’administration, Mustapha Houari, de « BF El Djazaïr » (société de droit algérien créée entre la société italienne Bonifiche Ferraresi (BF) et le Fonds national d’investissement (FNI), un contrat de concession agricole d’une superficie de 36 000 hectares dans la wilaya de Timimoun pour une durée de 40 ans renouvelable. Le contrat de concession concerne la réalisation d’un projet intégré de production de céréales, de légumineuses et de pâtes alimentaires dans la wilaya de Timimoun. Plus précisément, « ce projet est destiné à la production de blé, lentilles, haricots secs et pois chiches, ainsi qu’à la culture des oléagineux comme le soja. Il prévoit également la construction d’unités de transformation pour la fabrication de pâtes alimentaires, de silos de stockage et d’autres structures vitales ». D’une valeur totale de 420 millions de dollars, cette exploitation contribuera à la création de plus de 6 700 emplois. Pour Houari, la délivrance de ce contrat de concession « est un moment historique et stratégique ». Pour les deux parties. Pour l’Algérie, qui s’est orientée vers l’agriculture saharienne dans un double objectif : celui d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et diversifier son économie hors hydrocarbures. Pour la partie italienne qui a déjà obtenu un premier contrat de concession l’année dernière, dans la wilaya de Touggourt pour la production de blé dur, ce deuxième investissement de Timimoun « offre de grandes opportunités pour le secteur de la production de pâtes en Italie ». En effet la production locale de pâtes ne suffit plus à assurer la demande du marché italien. Il est prévu d’exporter 40% de la production de pâtes de Timimoun vers l’Italie. L’illustration parfaite du partenariat gagnant-gagnant. Dès le 11 mars prochain, le Conseil d’administration de la société se réunira pour « examiner les moyens d’accélérer la cadence de réalisation du projet ». Plus important encore, la société italienne « entend créer un centre de recherche et de formation en Algérie, pour contribuer à l’augmentation de la production agricole à travers le transfert des technologies modernes de production ». Ce projet de mégaferme de Timimoun s’inscrit dans le Plan national de développement des cultures stratégiques (céréales, légumineuses, plantes sucrières et oléagineuses, graines et lait). Ce plan comprend aussi, entre autres, celui de la compagnie qatarie Baladna Food Industries pour l’élevage de 270.000 vaches laitières et la production de 194 000 tonnes de lait en poudre et de 30 000 tonnes de lait infantile par an, en plus de la construction de fermes modernes pour la production d’aliments de bétail, sur une surface de 117.000 hectares dans la commune de Timokten (wilaya d’Adrar). L’Algérie avance à pas de géant vers l’émergence. L’exportation de son blé est à la portée des mains. Comme avant la colonisation !
Zouhir Mebarki