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Bijoutiers : les artisans fustigent les importateurs

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Dans une lettre adressée, entre autres, au ministre de la Justice, en guise d’objet, ils posent la question: «Qui profite de l’assassinat du métier de bijoutier avec l’ouverture de l’importation et le monopole ?» La Corporation des artisans-bijoutiers en a, apparemment, ras-le-bol du monopole des «affairistes» qui se font de l’argent sur leur dos, faisant du métier d’artisan-bijoutier un métier en voie de disparition car, selon eux, les vrais bijoutiers sont victimes de l’importation massive des produits finis qui se vendent mieux et plus vite que leurs produits, à eux, tout en échappant à l’Administration fiscale alors qu’eux ils vivent sous la pression des organismes de crédit à qui ils doivent de l’argent pendant que ces «businessmen» importateurs se la coulent douce en contournant les lois, et en échappant aux Impôts. En effet, l’Union nationale des commerçant et artisans algériens (UGCAA ) a adressé une lettre ouverte au ministre de la Justice, le directeur général des Impôts, le ministre des Finances, ainsi que le Premier ministre se plaignant du diktat des importateurs qui monopolisent le marché de l’or, et se font de l’argent sur leur dos. Dans cette lettre, ils dénoncent notamment le fait que 70% des artisans ont cessé leur activité, d’une part ; et d’autre part, ils affirment dans cette même lettre que l’Algérie a importé, durant les 3 premiers mois de l’année 2013, la somme de 3,6 milliards de dinars en or, ce qui équivaut à la somme de 14 milliards durant tout l’exercice, en déplorant que les importations de cette année 2013 représentent quatre fois ce qui a été importé durant toute la période qui s’étale entre l’année 2007 et l’année 2011.
Également, ils mettent l’accent sur l’endettement des artisans qui n’arrivent plus à rembourser le crédit qu’ils ont obtenu ou contracté dans le cadre de l’Ansej et la Cnac, ainsi que des banques. Dans sa requête, l’Union indique que durant une année l’Algérie a importé 200 kg d’or en bijous finis, et ce, par des importateurs qui se comptent sur le bout des doigts d’une main, en posant la question: “À qui profite cette situation? Le Trésor public? L’artisan? Ou l’économie nationale? Car ils estiment que le circuit normal et qu’aurait dû emprunter l’or est rompu. Et le pire, selon le même plaignant, est que ces importateurs demandent de plus en plus d’ouverture pour importer plus d’or (fini et poinçonné) alors que les seuls bénéficiaires de cela sont les ateliers d’artisans étrangers, au détriment des artisans algériens.
D’un autre côté, les rédacteurs de cette lettre ne sont pas allés par 36 chemins dans leurs dénonciations, en citant le pays d’où nous provient la marchandise, en précisant que 80% de l’or importé provient des Émirats arabes unis, alors que ce pays ne sert que de transit à la marchandise qui provient de l’étranger et principalement de Chine. L’autre question posée est pourquoi les importateurs ne s’approvisionnent-ils pas directement de pays européens s’il n’y avait pas anguille sous roche? Un autre sujet, et pas des moindres, qui préoccupe les bijoutiers est que ces importateurs monopolisateurs utilisent les petits artisans pour contourner la loi et échapper au Fisc car disent-ils dans la lettre : «Le plus déplorable dans cette histoire est que l’artisan a fini entre les mains de ces importateurs fallacieux aux capitaux douteux qui monopolisent le marché, poussés, soit par leur ignorance, soit par nécessité d’approvisionnement, car n’ayant plus tellement le choix puisque certains fonctionnaires véreux avantagent les (affairistes) au détriment des artisans qui leur prêtent, ainsi, leurs noms, pour éviter le Fisc en écoulant leur marchandise de manière douteuse, c’est-à-dire, soit en la vendant sous la forme «cassée», soit déclaré retournée au fournisseur sans qu’elle n’y retourne vraiment».
À travers ce coup de greule, la Corporation des artisans-bijoutiers exige des autorités compétentes qui encadrent ce secteur à ouvrir des enquêtes et élaboreer des rapports qui puissent identifier les maux générés pour cette importation qui est en train de détruire le métier et d’exposer des familles entières à la précarité et la pauvreté. Pour cela, un des représentants de la Corporation nous a confié qu’il souhaiterait que le modèle turc dans le domaine soit imité au moins pour une période, et qui consiste à interdire, ou à limiter, l’importation de bijous finis, en attendant que les artisans locaux soient forts et acquièrent de l’expérience et la compétence.
La Corporation rappelle que 25 tonnes d’or circulent dans le circuit informel, et un simple calcul, à raison de 80 DA de taxe sur le gramme d’or, donne un manque à gagner de 2 000 000 000 DA. À noter que cette lettre adressée aux autorités publiques pour tenter de sauver la Corporation n’est pas la première du genre puisqu’en date du 27 janvier 2012, une correspondance a été adressée au directeur général de l’Inspection du service de garantie pour dénoncer, justement, le fait qu’une grosse quantité d’or échappe au contrôle.
Nazim Bouadma

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