C’était prévisible. Vendredi, le Conseil de sécurité a rejeté le projet de résolution des ÉtatsUnis sur Ghaza. La Russie et la Chine (qui ont mis leur veto) et l’Algérie ont voté contre, la Guyane s’étant abstenue de voter, alors que 11 membres du Conseil ont soutenu le projet de résolution américain. Dans une allocution prononcée au Conseil de sécurité, à propos de ce vote, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a expliqué que le projet de résolution américain, n’était pas à la hauteur des attentes du groupe arabe auxquelles il a toujours donné la priorité, à savoir: un cessez-le-feu immédiat, l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire et le rejet du déplacement forcé. Concernant la teneur du texte américain, le diplomate algérien a affirmé qu’il « n’était pas un message de paix clair, alors qu’il permet l’assassinat de plus de civils palestiniens et ne fournit pas les garanties nécessaires pour empêcher une nouvelle escalade de la violence », soulignant que « ce projet équivaut à un permis de poursuivre l’effusion de sang ». Il a, également, souligné que l’Algérie « a fait entendre la voix de millions de personnes et d’acteurs humanitaires qui appellent à un cessez-le-feu immédiat », relevant que l’objectif principal étant de mettre fin au massacre perpétré par l’occupation sioniste dans la bande de Ghaza depuis plus de cinq mois. Amar Bendjama s’est dit particulièrement inquiet de l’invasion sioniste potentielle de Rafah, et a affirmé que cela aurait des « conséquences dévastatrices », précisant que l’Algérie a appelé, dans son projet de résolution, à « un rejet clair de cette attaque par le Conseil de sécurité, mais ce dernier n’a pas réussi à le faire ». Il a rappelé que le projet de résolution présenté par l’Algérie le mois dernier, qui a reçu un large soutien et a finalement été rejeté, « aurait pu sauver des milliers de vies, s’il avait été adopté ». Amar Bendjama a incité tous les membres du Conseil de sécurité à donner la priorité à la cessation immédiate de l’agression, relevant qu' »Il incombe au Conseil de sécurité de prendre des mesures décisives et significatives pour mettre fin à la violence et préparer le terrain à un processus de paix durable à Ghaza et dans la région ». Amar Bendjama a fait savoir que « toute décision qui entrave le mandat de l’UNRWA ou compromet ses opérations risque d’exacerber la situation humanitaire déjà détériorée », ajoutant qu’ »une telle décision est inacceptable ».
L’HYPOCRISIE DES DIRIGEANTS AMÉRICAINS
Avant le vote, le représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité, Vassili Nebenzia, avait condamné « l’hypocrisie » du texte d’autant qu’il n’appelle pas de manière directe à un cessez-le-feu. Le représentant adjoint de la Russie auprès des Nations unies, Dmitri Polyansky, avait déjà dit du projet des États-Unis sur le cessez-le-feu à Ghaza qu’il n’était « qu’une astuce américaine », dans la mesure où, selon lui, il ne contient aucun appel à un cessez-le-feu. Éffectivement, comment les dirigeants des Etats-Unis peuvent-ils prétendre vouloir un cessez-le-feu alors que le même jour, vendredi, c’est avec leurs bombes, fournies sans limite, que l’armée d’occupation sioniste a bombardé plusieurs bâtiments et incendié le service de chirurgie vasculaire du complexe médical Al-Shifa’a, dans la ville de Ghaza. On sait que les États-Unis ont utilisé le véto à maintes reprises contre des textes appelant à un cessez-le-feu à Ghaza, dont le dernier en date était celui qu’avait soumis l’Algérie. Un nouveau projet de résolution préparé par les membres non permanents du Conseil de sécurité (dont l’Algérie) sera soumis au vote lundi. Il appelle à un cessezle-feu immédiat pendant le Ramadhan qui aboutirait à un cessez-le-feu permanent à Ghaza.
M’hamed Rebah