Amar Belani, l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, a appelé mercredi à Addis-Abéba la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) à prendre ses responsabilités et rendre compte fidèlement de la situation des droits de l’Homme dans le continent, y compris au Sahara occidental.
Il a également exhorté le Conseil exécutif d’œuvrer pour la concrétisation de la mission d’établissement des faits dans les territoires sahraouis occupés, a-t-il notamment déclaré. Cet appel de l’Algérie vient rappeler que le Maroc, fort du soutien de certains membres du Conseil de sécurité, notamment la France et leur duplicité, poursuit ses violations des droits de l’Homme dans les territoires. Pourtant, les nombreux rapports d’ONG ont fait part de graves violations contre les droits de l’Homme perpétrées par les forces d’occupation. »La promotion et la protection des droits de l’Homme et des peuples africains constituent une partie intégrante des priorités de notre organisation dont l’objectif ultime est le bien-être de nos peuples, conformément à la vision 2063 qui anime notre action commune pour la stabilité et le développement de notre continent », a indiqué Belani dans son intervention à l’occasion de l’examen par le Conseil exécutif du rapport de la CADHP. Belani précise que »la promotion des droits de l’Homme s’inscrit également en droite ligne de l’esprit d’émancipation qui a sous-tendu la création de l’OUA/UA ». Le double jeu des soutiens du Maroc qui lui ont permis d’emmener au blocage du processus du référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui a également paralysé l’action de l’AG de l’ONU. Pour s’en convaincre, il faut rappeler que c’est un véto de la France qui a empêché d’étendre la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires occupés. C’est également grâce au soutien de la France, et des USA sous la présidence de Donald Trump, que le Maroc a tenté d’imposer son projet de large autonomie des territoires occupés comme seul cadre de règlement du plan de décolonisation du Sahara occidental. La France qui se cache derrière le titre de « concepteur », de la déclaration universelle des droits de l’Homme est devenue le principal allié des puissances coloniales, le Maroc et Israël, qui foulent aux pieds ces droits humains et des peuples. Dans son allocution. Belani a rappelé que la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahar occidental est très préoccupante. « Elle s’est particulièrement aggravée depuis la rupture brutale du cessez-le-feu, le 13 novembre 2020, par la puissance occupante marocaine qui a réprimé sauvagement des manifestants sahraouis qui exerçaient leur droit le plus élémentaire à la liberté d’expression et de manifestation pacifique et occupé militairement la zone démilitarisée de Guerguerat, en violation flagrante des accords militaires signés par les deux parties (Maroc et le Front Polisario), au conflit et endossés par le Conseil de sécurité ».
L’Algérie demande un rapport sur la situation des droits de l’Homme
Et à Belani de rappeler que le Conseil exécutif, lors de sa 20eme session « a demandé expressément » à la CADHP de mener une mission au Sahara occidental afin d’évaluer la situation des droits de l’Homme et de formuler des recommandations en la matière (décision 775). Depuis, « le Conseil exécutif ne cesse de réitérer sa demande pressante, mais malheureusement cette mission n’a pas pu se rendre dans les territoires sahraouis occupés », a-t-il indiqué. Cela rappelle une pratique de la puissance coloniale qui a toujours refusé aux missions de l’Onu ou de l’UA ainsi qu’aux nombreuses ONG, de se rendre dans les territoires occupés pour rendre compte de la situation des droits de l’Homme que vivent les populations sahraouies sous occupation. Selon Belani, »contrairement au Maroc qui s’obstine à refuser l’accès à la CADHP parce qu’il a certainement des choses à cacher, l’Algérie a, de tout temps, pleinement coopéré avec toutes les instances régionales et internationales qui ont effectué, à plusieurs reprises, des missions dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, notamment la CADHP et la Commission de l’Union africaine ». Belani ne s’empêchera pas de soulever le fait que, « paradoxalement, le rapport d’activités de la CADHP qui est soumis à débat, ne rend pas compte du blocage de cette mission par les autorités marocaines et ceci constitue un précédent grave que nous dénonçons énergiquement ».
Il a par ailleurs, estimé que »les tentatives malavisées d’utiliser abusivement la décision 693 de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement pour faire l’impasse sur la question essentielle des droits de l’Homme qui relève indiscutablement du mandat de la CADHP en vertu de la charte africaine, sont maladroites, non pertinentes et inopérantes », ajoutant que »ces mêmes tentatives, orchestrées par le Maroc et certains de ses alliés, ne peuvent en aucune manière remettre en cause la décision du 14ème Sommet extraordinaire à « faire taire les armes », dont le paragraphe 15 appelle « à faire ressortir la situation critique des droits de l’Homme dans les territoires occupés».
Cela traduit la volonté de l’Algérie et des pays épris de paix et de justice à faire triompher la légalité internationale qui fait face aux manœuvres du Maroc et de ses alliés à déposséder le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination. Belani a précisé dans ce cadre que la décision 693, qui fait l’objet d’une lecture sélective, partielle et partiale, demande au président de la commission d’engager des consultations pour la réactivation du bureau de l’Union africaine à Lâayoune auprès de la Minurso ». Dès lors, »l’Algérie déplore vivement toutes ces manipulations et exhorte la CADHP à rendre compte fidèlement de la situation des droits de l’Homme dans notre continent, y compris au Sahara occidental », et »demande au Conseil exécutif et à la CADHP de prendre leurs responsabilités pour la concrétisation de la mission d’établissement des faits dans les territoires sahraouis occupés », a-t-il souligné. Cette intervention de Belani constitue une véritable mise en garde de l’Algérie à l’adresse du Maroc et de ses alliés qui doivent cesser les tentatives de manipulation, de lecture tronquée des résolutions onusiennes ou de l’UA et des organismes et commissions qui leur sont rattachées, ou encore d’entraves aux missions d’exploration et d’enquête dans les territoires occupés pour rendre compte fidèlement de la situation des droits de l’Homme qui y prévaut. L’Algérie vient là de rappeler aux pays africains que l’urgence est de permettre à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples de jouer pleinement son rôle, de lui donner les moyens de défendre, avec force les droits de l’Homme et de rendre compte fidèlement de ses missions d’investigation.
Slimane B.