Le taux de réussite au Baccalauréat session 2018, annoncé mercredi dernier par la ministre de l’Éducation nationale, a laissé certains syndicats du secteur perplexes. Alors que la tutelle s’est montrée satisfaite, le Conseil des Lycées d’Algérie (CLA) ainsi que le Syndicat des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) parlent d’un taux exagéré voirE gonflé.
Pour le secrétaire général du CLA, Idir Achour, en tout cas, «c’est plus qu’évident », le pourcentage de réussite chez les candidats ayant concourus aux épreuves de Bac cette année, ne reflète pas leur vrai niveau. Se basant sur trois paramètres essentiels, il rappelle, en premier lieu, les résultats de l’étude effectuée par son syndicat durant la période des corrections des copies du BAC. L’étude qui avait concerné 2500 copies réparties sur 5 centres d’examens au niveau de différentes wilayas du pays, avait permis de constater, faut-il le rappeler, que les notes des candidats étaient catastrophiques. Le Conseil avait alors relevé que le taux de réussite ne dépasserait pas les 21,18%. Second paramètre sur lequel s’est basé, également le Cla, ajoute Idir Achour, c’est le plan anti-triche mis en place cette année par le ministère de l’Éducation nationale. Selon notre interlocuteur que nous avons joint hier par téléphone, ce plan a permis de réduire considérablement le nombre de cas de fraude cette année et ça a certainement impacté aussi le taux de réussite en le ramenant à la baisse. S’agissant du troisième et dernier paramètre, le SG du CLA indique qu’au cours de l’année scolaire, seulement 30% d’élèves ont pu avoir une moyenne annuelle égale ou supérieure à 10/20. « Comment alors parler aujourd’hui d’un taux de réussite au BAC qui dépasserait les 50% », s’est-il interrogé. Rappelant que l’année scolaire a été fortement perturbée par des mouvements de grève des enseignants, notamment, dans la wilaya de Blida, Idir Achour a souligné que cela avait eu des conséquences sur le moral des élèves. Pour lui, il est certain qu’il y a eu des facilitations lors de la répartition des notes au moment des corrections. Même son de cloche chez le secrétaire général du SATEF, Boualem Amoura, qui persiste et signe que le taux de réussite au bac évalué à 55,88% est «gonflé». Amoura est convaincu que le mouvement de grève ayant touché plusieurs lycées, avait influé négativement sur le parcours des élèves. Après deux mois de rupture, le rattrapage des cours s’est fait en mode «accéléré», et les élèves n’ont pas pu tout assimiler, révèle-t-il. Le témoignage des enseignants chargés de corriger les copies, conforte ses propos, puisque beaucoup d’entre eux avaient fait état de notes catastrophiques dans les différentes matières et spécialités. Ce qui est sûr, pour Amoura, est que cette politique ne profite à personne surtout pas à l’élève qui une fois arrivé à l’université se perd. Chiffres à l’appui, il a indiqué que 75% des étudiants redoublent lors de la première année universitaire.
Ania Nait Chalal