La production des viandes rouges est au centre des préoccupations des pouvoirs publics. À quelques jours de l’arrivée du mois de Ramadhan, où ce bien alimentaire enregistre des pics de consommation, le gouvernement a pris conscience de la nécessité de développer cette filière, sur les court et moyen termes.
À cet effet, un dispositif visant le double objectif de réduire les importations ainsi que l’élargissement des capacités de production en la matière a été mis en place. Cela étant dit, les mesures conclues entre le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche et les professionnels du secteur, à cet égard, ne sont pas en soi conjoncturelles et exclusives au mois Sacré. À ce titre, s’il est vrai que le caractère d’urgence peut s’avérer être utile, dans la mesure où le marché local exprime un besoin pressant durant cette période des grandes consommations, il reste que l’objectif futur d’une telle visée, étant de s’affranchir de la dépendance aux importations en viandes rouges. L’Algérie qui en importe annuellement une moyenne de 48 000 tonnes s’est fixée comme objectif à l’horizon 2019, de réduire la barre de ce volume à son niveau le plus bas, soit zéro importations. Dans un contexte plus large, il est bon de rappeler que le pays qui assiste à un recul drastique de ses ressources pétrolières qui ont impacté gravement la trésorerie de l’État a esquissé une politique économique, orientée essentiellement vers la diversification de la production. Étant un secteur levier sur lequel repose cette nouvelle stratégie, l’agriculture à travers ses filières est appelée donc à relever ce défi, consistant à booster la machine productive à même d’améliorer les indices de la croissance économique. C’est à cela à quoi, d’ailleurs, s’est souscrit le nouveau dispositif des pouvoirs publics, consistant en un certain nombre de mesures d’accompagnement de cette filière, qu’il faudra mettre en œuvre aussitôt que dans les trois prochaines années. Pour atteindre cet objectif, le ministère du secteur et les acteurs qui interviennent dans la production animale bovine, notamment, se sont attaqués au problème d’investissement qui représente un véritable écueil aux opérateurs. Justement, pour dépasser cette lacune, il sera question pour l’État d’accorder des concessions agricoles dans le cadre de la mise en valeur des terres. Cette mesure concernera les régions des Hauts-Plateaux et du sud du pays, apprend-t-on du département dirigé par Sid Ahmed Ferroukhi. Visiblement, le choix de la grande steppe algérienne n’est pas fortuit, lorsque l’on sait que les grandes fermes d’élevage spécialisées dans la production bovine sont concentrées dans ces territoires. Ainsi, pour permettre d’étendre les capacités productives de ces niches, des exploitations intégrées d’élevage seront créees. Ces centres d’élevage et d’engraissement devront abriter les sous-activités que sont l’élevage, la production du fourrage et de toutes sortes d’aliments de bétail. Pour joindre l’utile à l’agréable, les pouvoirs publics ont appelé les opérateurs à l’importation dans cette filière à réorienter leurs investissements pour s’intéresser et placer leurs capitaux dans la production bovine. Ceci, bien entendu, dans l’optique de revoir à la hausse le volume productif en matière de viandes rouges toutes variétés confondues, qui sont, à l’heure actuelle, de l’ordre de 500 000 tonnes par an. À préciser que les viandes bovines représentent une part de 31% dans cet ensemble, soit 155 000 tonnes, enregistrées notamment en 2015. En termes du nombre des têtes animales, le cheptel en compte quelques 1,1 millions.
Valoriser la production locale
Dans le but d’accompagner les exploitants agricoles dans la filière bovine à écouler leur production sur le marché national, voire même orienter les excédents productifs si besoin est, vers l’exportation, le ministère de l’Agriculture a donné instruction à l’entreprise publique, Alviar (Algérienne des viandes rouges), à privilégier la conclusion de partenariats avec les professionnels du secteur. Faut-il souligner que la mission de cette société est le développement et la structuration de la filière viandes rouges dans le pays. Concrètement, elle est chargée de gérer, entre autres, les établissements publics spécialisés dans l’abattage des animaux destinés à la consommation. À ce titre, trois grands complexes implantés dans au moins trois wilaya relevant des Hauts-Plateaux. Il s’agit de l’abattoir de Hassi Bahbah (Djelfa), de celui de Bougtob (El Bayadh) et un troisième sis à Aïn M’lila (Oum EL Bouaghi). En termes des capacités productives, ces établissements totalisent un volume de 40 800 tonnes annuels, soit en mesure d’accueillir 60 000 têtes de bovins et 1,5 millions de têtes d’ovins, selon les chiffres rendus publics par le ministère du secteur. Toujours dans l’objectif d’étendre les capacités de production en matière bovine, les pouvoirs publics misent sur le moyen de croisement entre les espèces animales localement produites et celles importées de l’étranger, a-t-on précisé.
Farid Guellil