Des défenseurs des droits de l’homme et des universitaires en Australie s’inquiètent d’une ingérence marocaine après l’annulation à Sydney d’un débat sur le Sahara occidental que devait animer l’activiste sahraouie Tecber Ahmed Saleh, le 25 septembre courant.
Ils ont pointé » un précèdent dangereux « , rapporte dimanche The Guardian. L’université de Sydney, où devait se tenir ce débat, a annulé l’événement au motif que l’activiste avait déjà animé le 5 septembre une conférence similaire sur le Sahara occidental dans le même campus universitaire.
Selon The Guardian, l’évènement, parrainé par le centre de droit international de l’Université de Sydney, affichait complet avant son annulation. Les organisateurs ont dû ensuite changer le lieu de la rencontre, la maintenant à la date et heure prévues dans l’université de technologie de Sydney.
Les défenseurs australiens des droits de l’homme, outrés par cette décision, affirment que l’évènement a été annulé après une intervention de l’ambassade du Maroc à Sydney, qui dans une lettre à l’université, à contesté la tenue de cette conférence. The Guardian Australia, l’édition australienne du quotidien britannique, a confirmé que l’ambassade du Maroc a entrepris des démarches auprès de la Faculté de Droit de Sydney pour saborder la rencontre. L’interférence du Maroc n’a pas été démentie par l’Université, dont la porte-parole a confirmé avoir reçu une lettre de l’ambassade, dans laquelle la représentation diplomatique marocaine » exprime son inquiétude quant au libellé de l’évènement « , publié sur le site web de l’université. Contactée par le quotidien britannique, l’ambassade du Maroc s’est refusée à tout commentaire. La décision a été qualifiée de grave ingérence par des universitaires et des syndicats australiens qui ont écrit à l’université pour exprimer leur préoccupation sur » un précèdent dangereux» d’autant que l’influence étrangère dans les universités australiennes représente actuellement » une question extrêmement sensible « , avec le parrainage d’instituts de recherches par des gouvernements étrangers, relève The Guardian. Kamel Fadel le représentant du Front Polisario en Australie et en Nouvelle-Zélande a déclaré au journal que l’intervention de Tecber Ahmed Saleh était prévue depuis plusieurs mois avant d’être annulée unilatéralement par l’université. Le représentant sahraoui a ajouté qu’en dépit des motifs invoqués par l’université, la décision de l’annulation intervenant après la lettre envoyée par l’ambassade du Maroc et donnant l’impression que les universités australiennes sont susceptibles d’être influencées par l’étranger.
« Nous pensons qu’il est inapproprié d’avoir une influence étrangère sur une grande université indépendante comme l’Université de Sydney », a regretté Kamel Fadel, réfutant l’explication fournie par l’Université de Sydney, selon laquelle les deux événements étaient trop similaires. » Les intervenants étaient différents, le thème était différent, l’emplacement était différent « , a-t-il précisé, ajoutant que » la question du Sahara occidental est vaste et complexe pouvant être traitée par différentes facultés à différents moments « . La conférence annulée devait traiter des aspects juridiques de la question sahraouie qui n’ont pas été abordés lors de la première conférence de Tekber, axée sur la situation des droits de l’homme, a souligné le représentant sahraoui.
Mokhtar Bendib
