Avant-garde. Ahmed Attaf notre ministre des Affaires étrangères a été dépêché, jeudi et samedi derniers, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à Tunis et à Tripoli. À chacune de ses étapes, Attaf était chargé de remettre aux chefs d’États, un message écrit du président Tebboune. Au-delà des « relations fraternelles » évoquées par les communiqués, il est également question de « développement et de la promotion des régions frontalières » et de « stabilité de la région et son voisinage ». Plus clairement, il a été question « d’examiner les derniers développements sur le plan régional, la région du Sahel ». Si la Tunisie n’a pas de frontières avec les pays du Sahel, il n’en demeure pas moins qu’elle partage sa frontière Est avec la Libye qui, elle, partage avec le Niger une frontière longue de 342 Km. Le moins que l’on puisse dire est que la situation au Sahel est actuellement plus que préoccupante. Une région très fragilisée par des situations de transition (Niger, Mali et Burkina Faso), ce qui contribue à augmenter le niveau de menace terroriste tel que l’ont constaté des experts de l’ONU dans leur dernier rapport. C’est également une vaste région difficilement contrôlable où certaines puissances se livrent la guerre par procuration. Aux dernières nouvelles, trois des pays du Sahel (Niger, Mali et Burkina Faso) ont choisi de ne plus faire partie de la CEDEAO qui est un regroupement régional qui mutualise les moyens de ses membres. Cet éclatement de la solidarité et de la cohésion des pays du Sahel, constitue une grave menace pour tous les pays de la région. D’autant que des États qui ne nous veulent pas que du bien multiplient les manœuvres pour fragiliser davantage ces trois pays en leur « vendant du vent ». Comme le Maroc qui « offre » à ces trois pays du Sahel un débouché sur l’Atlantique alors qu’il n’a aucune frontière avec eux. Comme on peut le constater, toutes ces manœuvres, de la plus grotesque à la plus « subtile », sont autant de menaces à nos frontières longues de 2280 km (1329 km avec le Mali et 951 km avec le Niger). Fidèle à ses traditions, l’Algérie a toujours basé sa politique étrangère sur des règles strictes de non ingérence, de paix et de bon voisinage. Elle n’hésite pas à exporter ces valeurs partout dans le monde et notamment dans son continent. Au Conseil de sécurité de l’ONU où elle siège pour deux années, elle a annoncé que sa priorité sera de défendre les intérêts de l’Afrique à commencer par ceux de la sous-région. C’est pourquoi la mission de Ahmed Attaf à Tunis et Tripoli revêt, à n’en pas douter, une réelle importance pour la paix et la stabilité dans la région !
Zouhir Mebarki