Le jeune Botswanais Letsile Tebogo a conquis l’or olympique du 200 m jeudi à Paris, le premier pour un athlète africain dans cette discipline, alors que l’Américaine Sydney McLaughlin-Levrone a frappé fort avec l’or et le record du monde du 400 m haies.
McLaughlin-Levrone s’est emparée du titre du 400 m haies en battant le record du monde (50.37), comme elle l’avait fait à Tokyo en 2021. Implacable, Letsile Tebogo a lui foncé en 19 sec 46 (record d’Afrique), devenant le 5e homme le plus rapide de l’histoire sur la distance, à 27 centièmes de seconde du record du monde du Jamaïcain Usain Bolt (19.19). Pour s’imposer, le Botswanais âgé de 21 ans a largement devancé une concurrence pourtant terrible avec l’Américain Kenny Bednarek (19.62), en argent comme à Tokyo en 2021 et son compatriote Noah Lyles (19.70), en bronze comme à Tokyo aussi. La dernière image de Lyles à Paris pourrait bien être celle du sprinteur évacué de la piste sur un fauteuil roulant: à court de souffle à la fin de son demi-tour de piste, le champion olympique du 100 m a révélé après la course avoir été testé positif au Covid mardi, et s’être senti à « 90 ou 95% » de sa forme jeudi. « Je pense que mes JO-2024 sont terminés », a-t-il ensuite expliqué, sous-entendant qu’il ne prendrait pas part aux deux relais dont il avait fait des rendez-vous majeurs de ses Jeux. Lui ambitionnait un quadruplé inédit 100 m, 200 m, 4×100 m et 4×400 m a rempli la première partie de son contrat en remportant le 100 m dimanche mais a trébuché sur la deuxième.
« L’Afrique sur la carte du sprint »
Au sommet du podium, Letsile Tebogo a glané son premier titre international, et offert au Botswana le premier or olympique de son histoire, après ses médailles aux Mondiaux de Budapest en 2023 (argent du 100 m, bronze du 200 m), et sa sixième place du 100 m olympique dimanche. Une juste récompense pour ce talent fou de l’athlétisme, capable de briller du 100 au 400 m. Le double champion du monde juniors du 100 m s’était fait un nom il y a deux ans, quand il était devenu, à 18 ans, le deuxième homme de l’histoire à casser la barrière des 10 secondes sur 100 m à moins de 20 ans. Tebogo n’est pourtant pas arrivé à Paris dans les meilleures conditions, très affecté par le décès de sa mère il y a quelques mois. Sur ses pointes victorieuses figuraient la date de naissance de sa mère, en hommage. « Je la porte avec moi à chaque foulée sur la piste, ça me donne une grande motivation », a-t-il expliqué. « J’ai pris entre trois semaines et un mois de pause après cela, sans rien faire. Je n’arrivais pas à passer à autre chose. »
A 21 ans, il est devenu le premier Africain à remporter l’or olympique sur 200 m, après l’argent du Namibien Frankie Fredericks en 1992 et 1996. « Ca représente beaucoup pour le continent: maintenant, on va voir que l’Afrique existe sur la carte du sprint, il fallait que le message soit clair et net », assène-t-il.
« SML » écrase Bol
Quatre Africains ont atteint à Paris la finale du 200 m, avec les Zimbabwéens Tapiwanashe Makarawu (6e en 20.10) et Makanakaishe Charamba (8e en 20.53), en plus du Libérien Joseph Fahnbulleh (7e en 20.15). Quelques minutes plus tard, l’Américaine Sydney McLaughlin-Levrone a réitéré l’exploit de Tokyo avec un succès écrasant sur 400 m haies assorti de son 6e record du monde, pour l’une des plus grandes performances athlétiques de l’histoire. Son chrono de 50 sec 37, avec dix barrières, n’est que deux dixièmes de seconde plus lent que le temps de la dernière qualifiée pour la finale olympique du 400 m vendredi (50.17). « Je peux toujours améliorer des choses, la course parfaite n’existe pas, a-t-elle estimé. Mais on continue de se rapprocher des 49 secondes, j’ai le sentiment que nous y sommes presque. Il faut juste s’en donner les moyens en nous améliorant encore. » Au lendemain de ses 25 ans, McLaughlin-Levrone décroche ainsi un 3e titre olympique (400 m haies et 4×400 m à Tokyo), en devançant sa compatriote Anna Cockrell, en argent, de plus d’une seconde (51.87). Malgré les milliers de supporters orange qui garnissaient les tribunes du Stade de France, la championne du monde néerlandaise Femke Bol, annoncée comme rivale de l’Américaine, n’a jamais pu rivaliser et doit se contenter du bronze (52.15), comme à Tokyo. Grant Holloway et Tara Davis-Woodhall, en or sur 110 m haies et au saut en longueur, ont encore accentué la domination totale des Etats-Unis sur l’athlétisme aux Jeux de Paris (27 médailles dont 9 titres).