Selon le conférencier, la victime s’était déplacée à L.N.I. en compagnie de deux autres personnes à bord d’un véhicule touristique. Sur place, Djamel s’était rendu compte qu’il était suspecté par des citoyens d’être derrière le déclenchement des incendies.
À ce moment, la victime s’est rapprochée d’une patrouille de la police locale. Ensuite, explique Chakour, « la victime était ensuite conduite vers le siège de Sûreté de le daïra par une patrouille de police». La majorité des mis en cause dans l’affaire de l’assassinat abominable du jeune Djamel Bensmaïl, perpétré mercredi dernier, au chef-lieu de Larbâa Nath Irathen, à Tizi-Ouzou, ont été arrêtés par les services de la DGSN.
Parmi ces suspects, l’individu qui a poignardé la victime et qui allait quitter le territoire national à destination du Maroc, ainsi que la femme qui a appelé, dans la vidéo du meurtre, à la décapitation du corps de la victime.
Ainsi, lors d’une conférence de presse, organisée hier à l’École supérieure de police ‘’Ali Tounsi’’ à Alger, le directeur de la Police judiciaire de la DGSN, Mohammed Chakour a révélé l’arrestation de 36 mis en cause, dont trois femmes. Parmi celles-ci, la femme qui a appelé, à travers la vidéo glaçante filmant la scène du meurtre ignoble, à égorger la victime, le corps complètement brûlé et gisant à terre au milieu d’une foule hystérique. Faut-il rappeler que le défunt Djamel Bensmaïl, un jeune artiste bénévole issu de Méliana (Ain-Defla), s’était rendu à L.N.I. à Tizi-Ouzou, à l’effet de participer aux opérations d’extinction des feux. « Tous les mis en cause arrêtés sont impliqués de manière directe ou indirecte à ce crime ». Parmi ces suspects désormais entre les mains de la justice, l’individu qui a poignardé la victime à l’aide d’un couteau et qui portait un tee-shirt de couleur noire. Celui-ci, précise le Contrôleur de la police, a été arrêté alors qu’il s’est enfui et allait quitter le territoire national à destination du Maroc. Également, parmi les suspects, ceux qui ont brûlé et mutilé le corps de l’enfant de Miliana, dont la vidéo, mise en ligne, a choqué le monde entier. L’enquête de la police judiciaire ne s’arrête pas là, elle se poursuit « jusqu’à l’arrestation de tous les responsables de ce crime crapuleux », rassure Mohammed Chakour. Sur un autre volet, le chef de la PJ est revenu sur les circonstances qui ont entouré l’affaire du meurtre, dont la victime a été arrachée de force des mains de la police, par une foule en furie qui a assassiné et brûlé le corps de Djamel.
La police de LNI «a évité un dérapage dangereux»
À ceux qui se demandaient pourquoi la police n’avait pas usé de tirs de sommation pour épargner la victime, Mohammed Chakour a expliqué qu’un tel scénario aurait envenimé et empiré davantage la situation. Plus précis, il a indiqué que les éléments de la Sûreté de daïra qui transportaient la victime à bord du véhicule de la police ont agi sur instructions fermes du Haut commandement de la DGSN. Autrement, ils ont appliqué l’ordre de ne pas tirer des coups de sommation pour éviter tout dérapage dangereux pouvant créer une situation de chaos qui deviendrait hors de contrôle. « C’est ce que cherchent les ennemis de l’Algérie. Des parties auraient voulu que la police procède de la sorte pour provoquer le chaos et semer le trouble dans le pays », affirme Mohammed Chakour.
Le chef de la PJ explique dans le détail les circonstances de la situation sur place à L.N.I le jour de l’assassinat de la victime. Selon lui, les éléments de la sûreté de daïra étaient scindés en trois groupes. Le premier prêtait main forte à l’action des villageois contre les feux de forêt le second était chargé de la protection de deux suspects arrêtés. Quant au troisième, composé de quatre agents policiers, il était à bord d’un véhicule lorsqu’il a été pris de court par une foule d’individus en furie et en colère qui l’encerclaient de toutes parts. « Je salue les forces de la police qui ont fait preuve de professionnalisme et de sang-froid. Elles n’ont pas répondu à la provocation, et ont déjoué de ce fait le plan prémédité pour déstabiliser la situation », a-t-il affirmé. Enfin, Mohammed Chakour a mis en avant la rapide réaction des services de la police judiciaire qui, en un temps court, ont mis la main sur plusieurs suspects, alors que l’enquête se poursuivra pour en appréhender les autres.
Les suspects passent aux aveux
Lors de cette conférence, Mohamed Chakour a révélé au profit de la presse nationale les témoignages vidéo de quelques suspects. Parmi lesquels, le fameux homme au tee-shirt noir qui a reconnu avoir poignardé la victime. « Je lui ai asséné des coups sur le visage tout en étant persuadé qu’il est (victime, ndlr) derrière le déclenchement des feux », a-t-il craché le morceau. Lui emboîtant le pas, un autre mis en cause, déclare avoir « aidé » les citoyens à l’extinction des feux à L.N.I. « Nous avons appris que le pyromane avait été arrêté et nous avons suivi la voiture de police qui le transportait. Devant le commissariat de police, il y avait une grande foule qui a agressé le défunt. Je l’ai aussi moi-même battu. Je demande pardon, je n’ai pas l’habitude avec ce genre de chose, ils m’ont trompé », a-t-il témoigné. Également, la femme qui a demandé, sur l’une des vidéos en circulation sur les réseaux sociaux, à ce que la tête de la victime soit coupée, a livré son témoignage. «J’étais allée avec mon ami à L.N.I pour aider les gens là-bas à éteindre les incendies qui ont frappé la région. Une fois arrivés sur la place de la ville, nous avons remarqué un rassemblement où se trouvait le corps du défunt Djamel Bensmaïl. J’avoue que j’ai demandé à ce que sa tête soit coupée. Parce que… j’avais peur et je ne savais comment agir en pareille situation. Tout le monde a tort, que Dieu nous pardonne », a-t-elle ajouté.
Farid Guellil