Djamel Ould Abbès est désormais en campagne prématurée pour soutenir le président Bouteflika pour les présidentielles de 2019. Un scrutin décisif pour le pays, mais aussi pour le FLN auquel il se présente dans une posture jamais vécue auparavant.
Alors que le parti drive la caravane des formations soutenant un autre mandat pour le président, soudainement, la perspective s’embrouillait, son SG devenant de plus en plus capricieux et multipliant les tirs sur tout ce qui bouge. À la guerre comme à la guerre. Après Hanoune et Amara Benyounès, le docteur continue toujours à faire dans la polémique à travers ses décisions et déclarations qui divisent plus qu’elles ne réunissent. Mardi dernier, ses phrases prononcées lors d’une conférence de presse de son parti ont suscité la stupeur des formations de MSP et de RND du Premier-ministre Ahmed Ouyahia. Lors de meeting, Ould Abbés a proféré des accusations selon lesquelles le défunt fondateur du MSP, Cheikh Nahnah, ainsi que le précédent SG du RND ont «marchandé» leur soutien pour la candidature de Bouteflika avant son arrivée au pouvoir en 1999. Ces déclarations ont déclenché le lendemain une riposte immédiate de la part des islamistes du MSP. «Les déclarations qui nous ont parvenues de la part du SG de FLN à propos de cheikh Nahnah sont complètement infondées. Il doit alors donner des clarifications», a déclaré Abderrazak Makri, président du MSP, dans un communiqué, mercredi. Cheikh Mahfoud Nahnah est une personne, dont est nullement besoin deprouver son honnêteté et ses sacrifices, car personne ne peut ignorer son apport considérable pour la sauvegarde de pays alors que beaucoup de politiques y ont renoncé. Mahfoud n’est pas un homme de marchandage, lui qui a renoncé à son droit à la présidence du pays après qu’il eut et choisi par les électeurs en 1995», a-t-il ajouté. Selon l’édition du quotidien arabophone El-Khabar de jeudi qui a cité plusieurs sources du MSP, les déclarations d’Ould Abbès ont provoqué «un véritable séisme» chez les dirigeants de ce parti islamiste qui pour certains, ont même menacé de «révéler leurs vérités sur les pourparlers qui ont précédé les élections présidentielles de 1999». Même si une rencontre entre Ould Abbès et Makri est annoncée pour les prochains jours pour s’expliquer, la direction du FLN s’est vite accourue pour calmer les islamistes et éviter que les choses ne s’enveniment et entachent tous les efforts du parti. Et le FLN s’est effectivement expliqué auprès du MSP. Le président Makri a lui-même annoncé la nouvelle sur sa page Facebook. «Un responsable au FLN a contacté ce matin (jeudi, NDLR) le président du MSP, Abderrazak Makri, pour démentir ce qui est porté par son SG à l’égard de Nahnah et qu’il vont publier des précisions à la presse», a annoncé Makri. Le MSP plaide pour «un candidat de compromis» pour l’opposition et «une période de transition politique accompagnée par l’armée», une initiative qui fut critiqué et attaqué par Ould Abbès. Jeudi toujours, le RND, qui avait l’habitude de patienter un moment avant de réagir, s’est pendu d’un communiqué où il démente, à son tour, les propos tenus par Ould Abbès sur le chef du parti. Paradoxalement, les précisions du FLN à la presse auxquelles il exempte le MSP de «Marchandage», gardent toujours l’accusation contre le SG du RND. Chose que ne nie pas non plus ce dernier, mais avec un petit détail : «l’opinion personnelle exprimée alors par l’ancien SG, Tahar Ben Baibeche (au moment des pourparlers en 1999) a poussé la direction du RND à lui retirer sa confiance et élire Ahmed Ouyahia nouveau SG du parti». Le SG en cause donc s’agit de Tahar Ben Baibeche, actuellement président de parti de Al-Fadj El Djadid. Ce dernier a refusé de commenter ces faits lors de contacts avce la presse. Jusque-là, la direction du FLN semble réussir à contenir les dégâts collatéraux des polémiques d’Ould Abbès. Ou peut-être jusqu’à la prochaine. Lui que de plus en plus de militants de son parti commencent à en avoir marre de ses tergiversations à tenir la session du Comité central du FLN, pour pouvoir enfin l’éjecter de la tête du parti. Mais la stratégie d’Ould Abbès a bien marché : il faut toujours trouver un ennemi externe pour songer à se rassembler et s’unir. Et pour le Docteur, des ennemis, il faut en fabriquer même s’il en faut.
Hamid Mecheri