Les tensions sur le gaz en Europe n’ont jamais été aussi palabrées que depuis l’accentuation du conflit en Ukraine avec notamment l’avènement de l’opération militaire russe lancée durant la nuit de mercredi à jeudi dernier.
Autrement, l’Europe craint plus que jamais pour sa propre sécurité énergétique sachant que la Russie est son premier fournisseur en matière de gaz. Du coup, les spéculations vont bon train au sujet d’autres fournisseurs potentiels en cas de rupture brutale des approvisionnements russes. Ainsi, interrogé sur une probable fourniture de l’Europe en gaz algérien, le P-dg du groupe pétrolier national, Toufik Hakkar, a expliqué que Sonatrach pourrait, en cas de difficultés d’approvisionnement de l’Europe, recourir à ses excédents bien qu’ils ne soient pas en mesure, de loin, de pallier les volumes fournis par la Russie. Pour le patron de Sonatrach, qui s’est livré hier dans un entretien accordé au quotidien « Liberté » et dont l’APS a repris les propos, la compagnie demeurera un « fournisseur fiable » de gaz pour le marché européen, précisant qu’elle est même « disposée à soutenir ses partenaires européens en cas de situations difficiles ». Mais, toutes proportions gardées, Hakkar a souligné que ces éventuels appoints « restent tributaires de la disponibilité de volumes excédentaires » de l’Algérie. La compagnie nationale « demeurera un partenaire et un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est constamment disponible et disposée à soutenir ses partenaires de long terme dans le cas de situations difficiles », a-t-il indiqué. À ce titre, le P-dg de Sonatrach n’est pas sans rappeler la déclaration du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, tenue récemment au Forum des pays exportateurs de gaz à Doha. « L’Algérie est un fournisseur de gaz fiable et crédible », a-t-il indiqué dans son allocution prononcée à l’occasion. Ainsi, sur le redéploiement du groupe pétrolier national sur le marché européen dans le contexte de la crise ukrainienne, Hakkar a soutenu que Sonatrach « dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transméditerranéen (reliant l’Algérie à l’Italie), qui pourrait être, selon lui, utilisée probablement « pour augmenter les approvisionnements du marché européen » en gaz.
L’Algérie, troisième fournisseur après la Russie et la Norvège
Plus précis, il expliquera que la contribution de Sonatrach- troisième fournisseur de l’Europe après la Norvège (2ème) et la Russie (1er)- à l’approvisionnement gazier pourrait « s’élargir aux pays non desservis par les gazoducs reliant l’Algérie et l’Europe à travers des ventes GNL ». De par la proximité géographique avec la rive nord, explique le premier responsable de Sonatrach, l’Europe constitue le « marché naturel de prédilection » de l’Algérie, en matière notamment des produits énergétiques. Pour preuve, la contribution de l’Algérie qui est située à hauteur de 11% dans le total des importations en gaz du continent. « L’alimentation du marché européen se fait via son réseau de pipelines qui accumule une capacité d’expédition de 42 milliards de m3 de gaz naturel et sous forme liquéfiée grâce à une capacité de production de plus de 50 millions de m3 de GNL et une flotte de 6 méthaniers », a-t-il davantage détaillé. D’autre part, le P-dg de Sonatrach a fait valoir le fait que l’Algérie entretenait des relations commerciales « historiques » avec ses partenaires européens, notamment espagnols et italiens, qui considèrent Sonatrach comme « un fournisseur fiable et un acteur important et stratégique sur le marché du gaz ». C’est le cas de le dire en effet, puisque les responsables des deux pays, espagnols surtout, ont eu à exprimer leur satisfaction quant au respect de l’Algérie de ses engagements de satisfaire la demande en gaz.
F. Guellil
