A l’approche des examens de fin d’année, les cours de soutien, contrairement à ce qu’on aurait pu penser après tout ce qui a été dit et écrit, semblent encore avoir de beaux jours devant eux.
Ces derniers sont pratiqués à l’aube, à Annaba, obligeant les candidats au baccalauréat à se lever tôt et même très tôt. Pour certains, faute de lieux pour pratiquer leurs activités, ils n’ont pas trouvé mieux que de demander à leurs »élèves » de suivre leurs cours de soutien à partir de 4 heures du matin. D’autres plus »chanceux » seront priés de venir à leurs cours à partir de 6 heures. Le comble, nous lancera cette mère de famille qui accompagnait sa fille, est que si on n’arrive pas avant l’heure, la classe sera archicomble et seules des places au fond de la salle de classe seront disponibles.
Des tarifs exagérés sont imposés aux parents qui se sentent contraints d’accepter car à leurs yeux seul le succès importait. En ce début de vacances de printemps, de nombreux élèves, reconnaissables à leurs cartables et leur allure, ne cessent d’égayer les rues des boulevards et quartiers. Les rues s’animent de bon matin d’élèves, venus parfois de loin, se rendant dans ce qui fait office d’école, et ce, pour recevoir des cours de soutien. Ce sont généralement des garages aménagés, rarement des appartements, où s’agglutinent 20 à 30 élèves. Les conditions de sécurité et d’hygiène laissent parfois à désirer, surtout lorsqu’il s’agit de garages aménagés ou de villas en chantier, louées pour y assurer un enseignement complémentaire.
Le gros des endroits dans lesquels sont donnés les cours de soutien se trouve dans le périmètre de certains quartiers populaires. On en rencontre aussi dans la périphérie et dans d’autres endroits. On y donne des cours de mathématiques, de physique-chimie, de sciences naturelles, de comptabilité-gestion et de langues. Ce sont les mêmes enseignants qui travaillent dans les lycées qui viennent « arrondir » leurs fins de mois dans ces structures informelles.
Ces dernières, on les donnait pour « mortes » lorsque madame la ministre de l’Éducation avait fait leur « procès » l’été dernier. Elle avait déclaré que, en réalité, elle ne pouvait pas agir en policier à leur encontre, mais elle s’était engagée à leur soustraire leur « clientèle » par l’amélioration des prestations pédagogiques, l’amélioration des programmes et l’organisation des cours de soutien au sein-même des établissements publics. Ambigus, ce qui pousse les élèves à aller voir »ailleurs », dira-t-elle. En tout cas, l' »entreprise » de cours de soutien ne semble pas connaître de reflux ou de baisse de fréquentation, et ce, malgré les conditions peu reluisantes dans lesquelles sont donnés ces cours et les montants des prestations qui atteignent jusqu’à 4000 dinars/mois. À cela s’ajoutent les frais de transport et la nourriture pour ceux qui se déplacent sur plusieurs kilomètres.
Khadidja B.