Dix mille personnes se sont retrouvées, mardi soir au cœur de Berlin, pour condamner Pegida et l’islamophobie après les attentats en France. Dix mille personnes se sont retrouvées mardi soir au coeur de Berlin pour condamner l’islamophobie après les attentats djihadistes en France. Angela Merkel, présente, était déjà montée en première ligne lors des manifestations de lundi en répétant que l’islam faisait partie de l’Allemagne, et elle avait souhaité que ce rassemblement envoie «un signal très fort pour la cohabitation paisible des différentes religions». Face à la foule, où flottaient plusieurs drapeaux français, allemands et israéliens, les responsables musulmans à l’origine de cette initiative baptisée «Rester ensemble – à visage découvert» ont déposé une couronne de fleurs blanches portant l’inscription «Terrorisme : pas en notre nom» devant l’ambassade de France voisine. «Les terroristes n’ont pas gagné et les terroristes ne gagneront pas», a assuré le président du Conseil central des musulmans d’Allemagne, Aiman Mazyek, lors d’un bref discours, avant qu’une minute de silence ne soit observée en mémoire des 17 victimes des attentats en France.
«Je suis musulman»
Le vice-président du Conseil central des juifs en Allemagne, Abraham Lehrer, a «fermement et totalement condamné les actes de vengeance, notamment les agressions contre les mosquées». Il s’est aussi alarmé de la «radicalisation toujours plus forte au sein de l’islam» et du départ vers Israël «d’un nombre croissant de juifs français». Comme M. Mazyek l’avait fait avant lui, M. Lehrer a témoigné de son «profond respect» pour Lassana Bathily, employé du magasin Hyper Cacher de Paris dont quatre clients juifs ont été assassinés vendredi.
D’origine malienne et musulman pratiquant, M. Bathily avait aidé des clients paniqués à se dissimuler dans la chambre froide de la supérette pendant la prise d’otages. «Pour lui, il ne s’agissait pas de religion.
Il s’agissait de gens. C’est et cela demeure notre ligne directrice !» a insisté Abraham Lehrer. Dans la foule silencieuse, évaluée à 10 000 personnes par la police, on relevait plusieurs pancartes «Je suis musulman. Je veux vivre et non ôter la vie», ou «Musulmans allemands solidaires des victimes de l’islamisme à Paris, au Nigeria et dans le monde entier. Contre l’antisémitisme et la haine».
100 000 anti-Pegida
Le rassemblement porte de Brandebourg intervenait au lendemain d’une nouvelle mobilisation record contre l’immigration musulmane à Dresde, rassemblant 25 000 personnes à l’initiative du mouvement Pegida («Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident»). Parallèlement, dans tout le pays, plus de 100 000 personnes, un record également, ont défilé lundi soir dans les grandes villes pour opposer à Pegida l’image d’une Allemagne solidaire des victimes du terrorisme, mais aussi tolérante et ouverte sur le monde.
Pays de 81 millions d’habitants, l’Allemagne compte environ trois millions de personnes turques ou d’origine turque, formant la majorité de la communauté musulmane allemande, qui compte environ quatre millions de personnes.
L’islam prend une place croissante dans le débat allemand, alors que l’Allemagne est devenue la première destination d’immigration en Europe et connaît un afflux massif de demandeurs d’asile, en particulier des zones de conflit comme la Syrie ou l’Irak.