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Ali Bey Nasri, président de l’Association des exportateurs algériens (ANEXAL), au « Courrier d’Algérie » : «Plaidoirie pour la création d’un établissement de contrôle à l’exportation »

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Rencontré, hier, en marge d’une journée d’information sur la problématique de la logistique, organisée à l’hôtel El Aurassi d’Alger par le FCE et le ministère des Travaux publics et des Transports, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens, a bien voulu répondre à nos questions d’actualité.

Le potentiel dont dispose l’Algérie en matière des exportations, l’affaire des produits refoulés depuis quatre pays étrangers, les perspectives à la chaine logistique dans le domaine, le chef de l’ANEXAL s’en livre et en donne son avis. Dans cet entretien qui suit, Ali Bey Nasri défend les opérateurs qu’il représente et plaide la création d’un établissement de contrôle des produits algériens avant qu’ils ne soient orientés vers l’exportation. Car, pour lui, ça va de l’image de marque du label national.

Le Courrier d’Algérie : Au cours de ces derniers mois, le dossier des exportations s’empare du débat économique. En tant que chef d’une organisation pas peu connue dans ce domaine, à priori pourriez-vous nous faire le point sur le potentiel productif hors-hydrocarbures de l’Algérie ?
Ali Bey Nasri : (Après quelques secondes de réflexion)…Un potentiel productif exportable ? Non, pas entièrement. Car, pour le savoir, il faudrait faire une évaluation. Chose qu’on n’a pas faite, on est tout juste en train de le faire. C’est celui-là le problème. Au sein de notre association, en tout cas, nous avons le groupe Cevital qui est le premier exportateur en 2017 pour une valeur commerciale de 290 millions de dollars. Pour l’ensemble de nos exportations, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 1,9 milliards de dollars. Hors hydrocarbures, nous en avons pour 600 millions de dollars.

-Et vous avez exporté quels genres de produits? Et, puis, pour quelles valeurs marchandes ?
-Le premier produit exporté est le sucre, le deuxième produit c’est le phosphate brut, ensuite le gaz industriel (hélium). Quant au quatrième produit, il s’agit des dattes dont nous avons réalisé 50 millions de dollars durant l’année 2017. Au sein de notre structure, nous avons aussi l’industrie électronique et électroménagère, un poste parmi les premiers, qui a réalisé 50 millions de dollars d’exportations. Il y’a également le gaz industriel, à raison d’une valeur située entre 30 et 35 millions USD. Pour le reste, ce sont des quantités exportées par-ci, par-là. Il faut savoir que parmi les produits cités, 93 % des exportations sont assurées par 10 opérateurs au sein de l’ANEXAL.

-Parlons de l’affaire du refoulement de produits algériens depuis quatre pays étrangers. Tout le monde s’accorde à dire qu’elle risque d’entacher l’image du label exportable national. Qu’en pensez-vous ?
-On parle de refoulement, ce qui est faux car on ne refoule pas les produits. Il pourrait s’agir d’interdiction d’accès, mais pas d’un refoulement. D’autre part, on s’est focalisé sur l’utilisation des pesticides, ce qui est aussi faux. Ecoutez bien, d’abord il faut savoir que nous n’exportons pas beaucoup en termes de produits agricoles. En 2017, nous avons exporté une quantité de 800 tonnes de pomme de terre. Le principal produit c’est la datte. Pour répondre à votre question, il faut souligner que la datte est un produit transporté par voie maritime. Il est vrai, au cours du chemin, la marchandise pourrait être infectée par des insectes. À ce moment là, elle ne sera pas autorisée d’accès (vers le pays de destination, ndlr). Pour revenir à cette affaire, on parle de surdosage en pesticides comme cause, mais personne n’en a donné une preuve à l’appui. Je pèse mes mots, personne ! Il faut savoir aussi qu’on n’arrose pas les pesticides à tout va parce qu’il s’agit d’un produit qui coûte cher. En revanche, c’est la chaine logistique qui est impliquée et qui en était la cause. On ne maitrise pas bien le processus surtout quand le produit est acheminé sur une longue distance. C’est ce qui pourrait donc entrainer des dégâts à la marchandise.

-Vous dites bien qu’il s’agit d’une défaillance dans la chaîne de froid au cours de l’acheminement des produits refoulés. Est-ce que la responsabilité relève de l’exportateur ou bien charge à d’autres intervenants d’en assumer les conséquences ?
– Cette affaire n’est pas une première. Par le passé déjà, nous avons eu des problèmes, uniquement au niveau de l’aéroport (Alger, ndlr), lors d’une opération d’exportation de produits agricoles vers les Emirats arabes unis. La marchandise avait été laissée pendant quatre longues heures sur le tarmac avant d’être chargée dans l’avion. Voilà un problème qu’il faut résoudre alors qu’on en parle et on insiste sur les pesticides. Pour ce qui est de la datte destinée pour le Canada, je l’ai déjà affirmé à la presse. On a détecté des insectes sur la marchandise d’un seul opérateur algérien. Les Canadiens sont très vigilants, ils contrôlent même le taux d’humidité. Ils ont pratiqué un sondage et ils ont dit que le produit n’est pas bon même si le reste l’est. En cause, en effet, il y’a un problème de traitement de la datte en question au niveau de la fumigation.

-Qu’en-est-il des autres produits interdits d’accès ?
– En plus de la datte, je cite également la tomate. Précisément, le problème concerne trois palettes de ce produit agricole. Dire maintenant que la marchandise était restée sur le tarmac de l’aéroport ou bien elle n’a pas été chargée à temps dans l’avion- puisqu’il s’agit de compagnies aériennes étrangères- on n’en sait pas trop. Par contre, il y’a eu trop de bruit médiatique sur cette affaire sur laquelle on s’est beaucoup alarmé. C’était du sensationnel…

-Avez-vous pris conscience du problème après coup ? Dans ce cas, comment aviez-vous réagi et quelles mesures aviez-vous prises pour éviter de tels scénarios dans l’avenir ?
-Oui, bien entendu. Nous avons mis en place un groupe de travail qui a planché sur ces soucis à l’exportation. Aujourd’hui, en tant qu’association, nous avons proposé la création d’un établissement de contrôle à l’exportation. Ce genre d’organisme existe dans d’autres pays. S’il viendrait à se mettre en place, il éviterait au pays d’exporter n’importe quoi. Car, faut-il rappeler que le produit destiné à l’exportation n’est pas le propre de l’opérateur mais il appartient à l’Algérie et véhicule son image à l’extérieur. Toutefois, nous savons que cette période est sensible. En cause, on démarre mal à peine on entame les exportations. D’où, justement, l’importance d’instituer cet établissement public à plus forte raison qu’il existe déjà par le passé. C’est ce qui se fait chez nos voisins pour ne citer que l’huile d’olive tunisienne ou encore les fruits et légumes marocains comme produits soumis au contrôle. En effet, avant d’entamer l’opération d’exportation, un tel établissement permet d’établir et de délivrer à l’opérateur un certificat phytosanitaire.

-Aujourd’hui, le FCE et le ministère des TPT planchent sur la problématique de la logistique, ce maillon faible à l’exportation…Qu’en pensent-ils les exportateurs que vous représentez ?
-L’exportation des produits agricoles recommande d’avoir une vision qui se projette dans le long terme. Il faut tout organiser. Sachant que, on ne peut pas parler d’exportation si l’on effectue une opération et on arrête tout subitement. De par l’expérience en cours à travers le monde, les plus grands pays exportateurs adoptent le modèle d’une agriculture exportatrice.
Car, ils ont compris qu’il faudrait produire ce dont le monde à besoin. Ceci, pour ne parler que de l’importance d’un marché cible dans la stratégie à l’export. Par exemple, l’Algérie opterait pour la France, un pays qui abrite une importante communauté algérienne, qui demande nos produits.
Aussi, faut-il poser la question de savoir quel est le produit le plus rentable, le plus demandé, celui qui souffre le moins, avant de se fixer sur l’exportation. En tout cas, si vous voudriez connaitre mon avis, je suis d’accord avec ceux qui disent : investissons dans une agriculture exportatrice. Car, un investisseur est un professionnel qui est appelé à mieux organiser son activité. Pour peu qu’on lui accorde une assiette foncière agricole et que celui-ci présente aux autorités un business plan (plan d’affaires). Un investisseur sait quoi faire de la chaine logistique. Nous en avons déjà des exemples, comme c’est le cas de la région d’El Oued. Dans le Sud aussi. Pour comprendre l’importance de l’investissement dans ce domaine, vous devriez savoir que vous ne pourrez pas avoir accès sur les marchés étrangers si vous ne disposez pas de la taille critique à la production.
Entretien réalisé par Farid Guellil

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