La visite d’État « historique » du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, effectuée mercredi et jeudi à Tunis, à l’invitation de son homologue tunisien, Kaïs Saïed, a permis aux dirigeants des deux pays de jeter les bases d’un partenariat fondé sur une nouvelle orientation d’ordre stratégique.
La visite a été marquée par d’intenses activités du Président et sanctionnée par la « Déclaration de Carthage ». Cette dernière confirme la convergence de vues des Présidents des deux pays quant à la nécessité d’une « nouvelle approche de coopération, à même d’asseoir de nouvelles bases de partenariat bilatéral ».
La Déclaration affirme que les « discussions importantes menées par les deux chefs d’Etats ont consacré la convergence totale des vues des deux Présidents quant à l’appréciation du niveau des relations de coopération et de partenariat entre les deux pays ». Les deux Présidents ont convenu notamment de la nécessité d’adopter une approche différente des cadres classiques de coopération, en vue d’asseoir de nouvelles bases de coopération entre les deux pays, pour davantage de complémentarité stratégique et de développement solidaire et intégré, en ce sens que les deux parties ont salué « le renforcement du cadre juridique à travers la signature d’un nombre important d’accords, à même d’élargir et de consolider les domaines de coopération et de partenariat » .
27 accords et mémorandums ont été signés
La visite du président Tebboune a également été couronnée par la conclusion de 27 accords et mémorandums traduisant la nouvelle dynamique des relations bilatérales portant notamment sur le développement des régions frontalières à travers deux accords de jumelage entre les wilayas de Jendouba et El Taref, et Le Kef et Souk Ahras. Les autres accords concernent les secteurs de la Justice, l’Environnement, l’Energie, la Pêche, les PME et les startups, l’Industrie pharmaceutique, l’Education, la Formation professionnelle, les Affaires religieuses et l’échange entre les radios. Les présidents des deux pays ont, à l’issue d’un entretien en tête à tête, puis élargi aux membres des délégations des deux pays, confirmé lors d’une conférence de presse conjointe, leur souci de renforcer « les relations historiques distinguées » unissant les deux pays, et ce dans le cadre d’une nouvelle orientation stratégique.
Tebboune plaide pour la consolidation du cadre juridique
En effet, en marge de sa visite, Tebboune a plaidé à Tunis pour la nécessaire consolidation du cadre juridique régissant les relations algéro-tunisiennes pour le renforcement de la coopération et de l’intégration économique entre les deux pays. Précisant en outre que ses entretiens avec son homologue tunisien avaient été axés sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale et l’intégration économique entre les deux pays. Faisant état d’ «une orientation stratégique pour tirer parti des points de rapprochement entre les deux pays », évoquant « le grand nombre d’accords de coopération » signés lors de cette visite.
La fermeture des frontières est due à la crise sanitaire
Au deuxième et dernier jour de sa visite, Le président de la République a rencontré des représentants de la communauté algérienne établie en Tunisie, où il a souligné « l’importance de tenir cette rencontre à l’occasion de ma visite à votre deuxième pays la Tunisie », invitant notre diaspora à construire avec le peuple tunisien « un avenir radieux » pour les deux pays. « J’ai donné des instructions à tous les ambassadeurs quant à l’impératif de mettre en place des canaux de communication avec les enfants de la communauté algérienne partout dans le monde en vue de prendre en charge leurs préoccupations », a-t-il ajouté. Aussi Tebboune a évoqué la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays, précisant qu’il ne s’agit nullement d’une fermeture politique ou bien sécuritaire, mais d’une décision liée à la situation sanitaire inquiétante à cause de la pandémie de la covid-19.
L’Algérie veut un Sommet arabe « unificateur et inclusif »
Également le président de la République s’est exprimé au sujet du prochain sommet de la Ligue arabe prévu mars prochain à Alger. Il a affirmé à ce sujet que l’Algérie « entend organiser un Sommet arabe unificateur et inclusif » et qu’elle « ne cautionnera pas la division arabe ».
Évoquant certains différends entre pays frères, Tebboune a exprimé son souhait de voir le Sommet d’Alger contribuer à la réalisation de « la concorde » et du rapprochement entre ces pays, soulignant être « optimiste », d’autant qu’ «il n’existe pas de graves différends entre les pays arabes, excepté le rejet d’une politique interne d’un pays donné par un autre pays ». Une attitude que l’Algérie qualifie d’ingérence dans les affaires internes des pays. « Aucun pays n’a le droit de s’ingérer dans les affaires internes d’un autre pays », a-t-il précisé, appelant les Etats arabes à « asseoir leurs relations sur cette base ».
En ce sens, le Président a déploré « le fait que certains pays arabes se soient réjouis de la division d’autres pays arabes ».
« C’est inconcevable! », s’est-il exclamé, appelant les pays arabes à tirer les enseignements des expériences passées et à s’unir et s’entraider face aux tentatives de division. Le prochain Sommet « tentera d’unifier les vues quant aux questions internationales, en dehors du monde arabe », a-t-il ajouté.
« Il est grand temps que la Syrie reprenne son siège»
Dans le même contexte, le chef de l’Etat a abordé la crise dans les pays arabes causée par l’ingérence étrangère citant la Syrie, la Palestine et la Libye précisant à ce sujet : « Il est grand temps que la Syrie reprenne son siège au sein de la Ligue arabe », relevant que « le peuple syrien n’y est pour rien », tout comme le peuple palestinien.
« La Syrie s’est effondrée à cause des ingérences étrangères et l’Etat de Palestine n’arrive toujours pas à se relever pour les mêmes causes », a-t-il ajouté. Concernant la situation en Libye, Tebboune a indiqué: « nous convenons avec les Tunisiens que la solution à la crise libyenne doit émaner des Libyens eux-mêmes », exprimant son vœu de voir « la Libye se débarrasser des mercenaires et des forces étrangères et rétablir la concorde entre les belligérants ».
Par ailleurs, le président de la République a réitéré ses voeux à la Tunisie pour « l’immense succès »de son mandat en sa qualité de membre au Conseil de sécurité de l’ONU, saluant ses efforts « efficaces » visant à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la pandémie Covid-19, lesquels ont donné lieu à « l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution importante N2532 grâce à la Tunisie ».
Kaïs Saïed : « le règlement de la crise en Libye doit émaner des Libyens eux-mêmes »
De son côté le président tunisien, Kaïs Saïed a affirmé, que l’Algérie et la Tunisie « coordonnent d’une manière continue concernant les questions régionales », a-t-il déclaré, ajoutant que « le règlement de la crise en Libye doit émaner des Libyens eux-mêmes », précisant que l’Algérie et la Tunisie « coordonnent et ont une position commune et stable concernant la situation dans ce pays », déplorant toutefois l’internationalisation de la crise libyenne. « Il est triste de voir que des réunions se tiennent en l’absence de la partie libyenne », a soutenu le Président tunisien réaffirmant le rejet par les deux pays de l’ingérence étrangère qui « ne fait qu’aggraver la situation ». Il a également souligné leur position commune « s’opposant à la division de ce pays voisin ».
La Tunisie « n’oubliera jamais la main tendue » de l’Algérie
À cet égard, Kaïs Saïd a affirmé, que son pays n’oubliera jamais la main tendue de l’Algérie en temps de pandémie. «Nous n’oublierons jamais la main tendue de l’Algérie pour panser les plaies de la Tunisie en temps de pandémie, ni comment elle a partagé avec nous ses réserves d’oxygène ».
Le Président tunisien a souligné que le Président Tebboune lui avait affirmé, durant leurs discussions, que les deux pays «partagent tout, en vue de concrétiser les aspirations des deux peuples frères », saluant « le soutien permanent de l’Algérie à la Tunisie ».
Sarah Oubraham
Tebboune honoré du Grand Collier de l’Ordre national du mérite tunisien
Le président tunisien Kais Saied a honoré mercredi soir le président de la République Abdelmadjid Tebboune avec le Grand Collier de l’Ordre national du mérite à Tunis pour les efforts qu’il déploie pour réaliser les aspirations du peuple algérien. Le président de la République, accompagné de son homologue tunisien a également assisté à une cérémonie de louange religieuse. La remise à l’honneur s’est déroulée en marge du Diner offert par le président tunisien en l’honneur du président Tebboune et de la délégation qui l’accompagne.
Sarah O.