Construite vers la fin des années 50 du siècle dernier, la cité Belhadj Hamida, qui est attenante à l’abattoir de Hammam Bou Hadjar, est composée de plusieurs bâtiments, aujourd’hui dans une précarité avérée grave sur les plans de la sécurité et de la santé publique.
S’exprimant à la presse, le doyen qui y habite (avec ses 5 enfants dont deux mariés) dans un logement de type F2 se rappelle de l’époque où la première pierre a été posée. J’y suis depuis plus de 53 ans a-t-il dit. Et d’ajouter « les logements sont délabrés, ça suinte et ça pue partout, c’est invivable et les risques de voir une catastrophe arriver se multiplient et augmentent d’une année à une autre.» C’est un résumé qui laisse deviner la suite et qui en dit long sur ce qu’endurent les habitants. Khalti Fatma, une vieille de 70 ans dit que les agents de contrôle de l’état des lieux des logements ont refusé de pénétrer chez elle parce qu’ils étaient empêchés par les odeurs suffocantes et piquantes qui émanent des toilettes, des semblants de toilettes car elles sont presque hors d’usage. Les murs et les plafonds suintent d’eaux polluées. Et cela se complique davantage quand il pleut. On est sous un tamis, a-t-elle dit. Un autre locataire explose en pleurs, c’était le moment où il a pu dégager ce qu’il éprouvait intérieurement et c’était aussi l’instant de trouver quelqu’un qui peut l’écouter et enregistrer ses propos. «L’armature des balcons et les loggias se corrodent, la ferraille se défait et des parties se détachent causant lors de leur chute des bruits insupportables. Et durant la nuit la panique est générale et les cœurs sont serrés de peur de voir un drame arriver à celui dont le balcon a cédé. Le danger n’est pas écarté même quand les agents communaux se présentent pour fermer l’issue donnant au balcon à l’aide de ferraille.
Ce mode est à répétition chaque fois qu’une loggia tombe», a-t-il enchaîné. Un autre furieux n’arrivait pas à prononcer les mots comme il se doit, il fallait le consoler un peu à même de reprendre les phrases tout doucement. Il vocifère «Mes trois enfants sont foutus, ils sont atteints de maladies à cause de la saleté immonde qu’on respire jour et nuit, on n’a pas le droit d’inviter de gens chez nous et personne ne veut de nous, nos enfants en âge de se marier n’ont pas où aller fonder leur foyer, c’est un calvaire éternel qui nous guette et qui nous suit de bout en bout, c’est un sort qui s’accroche à notre peau.» Un autre encore braille «une cité qui a dépassé 50 ans et qui se trouve dans une telle situation de précarité doit être démolie, c’est les normes.» Et du côté des responsables locaux les choses n’ont pas l’air de les inquiéter. Il faut tout un programme de relogement en extrême urgence. Ils savent tous que le danger est omniprésent et à n’importe quel moment l’irréparable advient sans aviser. La situation est critique.
Boualem Belhadri