L’Algérie a réagi officiellement aux propos provocateurs de la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna qui a qualifié « d’une autre époque », le rétablissement de l’hymne national algérien dans son intégralité en y réintroduisant le troisième couplet citant la France. Dans une interview exclusive accordée mardi à l’agence italienne « Agenzia Nova », le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf qui s’est rendu en Italie lundi soir et mardi dans le cadre de sa tournée européenne qui le conduira également en Serbie et en Allemagne, s’est dit « étonné par le fait que la ministre française des Affaires étrangères ait cru pouvoir exprimer une opinion sur l’hymne national algérien ».
« Peut-être aurait-elle pu aussi critiquer la musique. Peut-être même que la musique ne lui convenait pas », a ironisé le chef de la diplomatie algérienne. Pour le diplomate algérien, les milieux politiques français utilisent le dossier de l’Algérie à des fins étroitement politiques. « Pour certains partis ou hommes politiques français, on a l’impression que l’Algérie est devenue un sujet facile à utiliser à des fins politiques », a déclaré le ministre Attaf. « Ensuite, ils nous parlent des accords sur la présence des Algériens en France. Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi ils doivent faire autant de bruit », ajoute-t-il. À noter que l’intégralité de cette interview accordée mardi devait être publiée hier. Invitée par la chaîne LCI à s’exprimer sur la question, Catherine Colonna a jugé comme d’une « autre époque », la décision de l’Algérie de jouer l’hymne national algérien dans son intégralité lors des cérémonies commémoratives en réintroduisant le couplet où la France est citée nommément. Cette réaction de la partie française a suscité une vive condamnation des Algériens qui voient en cette sortie une ingérence flagrante dans les affaires internes d’un pays souverain. Réagissant à ces déclarations, l’ancien diplomate et ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, a qualifié de choquante la sortie de la ministre française des Affaires étrangères. Sa déclaration « concernant notre hymne national est aussi inappropriée qu’inacceptable », a-t-il écrit sur Facebook.
Le Mouvement El Binaa de Abdelkader Bengrina, a, de son côté, qualifié, les déclarations de la cheffe de la diplomatie française de décevantes, provocatrices et inacceptables, qui, selon le parti, ne sont pas de nature à encourager le dépassement des divergences actuelles et la construction de nouvelles relations entre les deux pays. Les efforts de rapprochement entre l’Algérie et la France, pour donner un nouveau souffle aux relations entre les deux pays, s’heurtent souvent à des déclarations et autres gestes hostiles venant de la partie française tantôt développés par des officiels français tantôt par certains milieux politiques nostalgiques de l’Algérie française.
Brahim O.