Accueil ACTUALITÉ Affaire Sonatrach 1 : le bal des robes noires à la barre

Affaire Sonatrach 1 : le bal des robes noires à la barre

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Finalement, et après des séances marathon ayant vu, l’audition des témoins liés avec les trois marchés ayant scindé l’affaire Sonatrach 1. La 18eme journée du procès Sonatrach1 aura été la plus longue selon les présents. Et pour cause, elle a été consacrée aux plaidoiries des avocats constitués partie civile. Ils se sont succédés à la barre à un rythme accéléré. Ce qui a permis au juge Mohamed Reggad d’entendre, d’ores et déjà, une dizaine de plaidoiries. Chacun s´y est préparé à sa façon dans ce procès.

Parmi les accusés figurent l’ex-président-directeur général (P-DG) du groupe Sonatrach Mohamed Meziane et le patron du groupe allemand Contel Algérie Funkwerk, El Smail Mohamed Réda, ainsi que huit (8) directeurs exécutifs de Sonatrach dont Amar Zenasni, responsable du transport par pipeline, et le directeur des activités d’amont Belkacem Boumediène.
Sur la liste des accusés figurent également 4 entreprises étrangères ayant bénéficié « frauduleusement » de marchés publics, au préjudice de Sonatrach.
Parmi les chefs d’accusation retenus contre les accusés dont 7 en détention, figurent « association de malfaiteurs », « passation de marchés en violation de la législation et des règlements en vigueur, «octroi d’avantages injustifiés à autrui», «augmentation de prix dans des contrats avec une entreprise publique», «détournement de deniers publics» et «blanchiment d’argent et corruption». De ce fait, l’avocat de la partie civile représentant le Trésor public, s’est focalisé dans sa plaidoirie sur des questions primordiales, à savoir : Sonatrach est à qui ? Qui sont les actionnaires, représentent-t-ils l’État (ministère de l’Énergie et des Mines) ? Sur ce point, celui-ci rappellera que c’est l’État qui a subi le préjudice de ces contrats et de cette « mauvaise gestion », et non Sonatrach seulement. Ce n’est pas parce que le budget de la compagnie provient de ses recettes pétrolières et gazières et non pas d’une quelconque participation de l’État, que ça donne le droit à ces dirigeants d’agir à leur guise. L’État est le principal actionnaire de Sonatrach vu que l’Assemblée générale est présidée par le ministre de l’Énergie, et le ministre des Finances. Précisant plus loin que plus de 85% des bénéfices de la compagnie sont versés aux impôts pour ne garder que les 15% restants. Dans sa plaidoirie, le maître dira que l’affaire est regrettable, c’est une tragédie pour l’Algérie, et ce, parce que l’élite de la société est impliquée dans ces actes de corruption. De surcroît, il s’est étonné en s’interrogeant quant aux critères de signatures de ces contrats. Est-ce que les contrats de Contel Funkwerk, GK3 et Ghermoul ont été conclus selon les paramètres du juste prix ? Aussi, le défenseur du Trésor public précisera dans sa plaidoirie que Contel Funkwerk, et Saipem ne sont guère des associations caritatives.
D’autre part, dans sa brillante plaidoirie, le second avocat du Trésor a dirigé ses attaques contre les accusés. Tout d’abord, il trouve inconcevable que les dirigeants n’ont en aucun cas évalué le préjudice. De même, l’avocat a qualifié le groupe Sonatrach en utilisant l’expression colosse aux pieds d’argile. En effet, il ne comprend pas comment une entreprise telle que Contel Funkwerk, récemment créée, impose les règles du jeu au géant pétrolier africain.
Faisant allusion aux dires de Massimo Gallipoli, représentant de Saipem Contracting, lorsqu’il a affirmé que les prix étaient raisonnables et qu’on ne compare pas une Mercedes à une Clio, l’avocat a rappelé que Sonatrach représente 72 milliards de dollars de revenus. Dans sa plaidoirie, il s’étonnera, avec ironie, comment le lion négocie avec le chat !
Sonatrach s’est mise dans une position de faiblesse, comment le groupe pétrolier, avec tous ses atouts et ses forces, s’est soumis à une société récemment crée et qui ne peut pas faire le poids devant nous. Il a affirmé, dans sa plaidoirie, que Sonatrach en sa qualité d’entité étatique a causé un préjudice à l’État algérien.
S’agissant des versements bancaires, l’avocat s’est étonné comment un simple conseiller (Mohamed-Réda Meziane) touche des salaires de 30.000 euros, rappelant, dans ce sillage, que même les ministres ne touchent pas un tel salaire. Par la suite, l’avocat de Sonatrach a présenté une plaidoirie délicate, dans laquelle il s’interroge quant à l’entrée de Al Ismail Djaafer, dans la zone de Hassi Messaoud, or, celle-ci est une zone protégée à laquelle on a besoin d’avoir des laissez-passer. Il a, de plus, exprimé son étonnement quant aux déclarations des représentants de Saipem et de Contel Funkwerk, et le bureau d’études CAD quant aux pertes qu’ils ont subi. Ils ne sont pas venus pour nos beau yeux, mais plutôt parce qu’ils savent que Sonatrach est une pendule d’or, a signalé l’avocat dans sa plaidoirie.
Lamia Boufassa

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