C’est à partir d’aujourd’hui que le procès en appel de Khalifa Bank entrera dans sa deuxième phase avec l’audition des témoins, le tribunal criminel de Blida ayant procédé, jusqu’à hier, à l’audition de 71 inculpés, dont Rafik-Abdelmoumène Khelifa. Si, avant le début du procès les Algériens s’attendaient à quelques révélations fracassantes, ils se disent blasés aujourd’hui, même si certains attendent toujours quelque chose de la part des témoins, mais l’espoir reste très mince. Pour ce quatorzième jour du procès, le juge Antar Ménouar a appelé à la barre Boussehoua Rachid, accusé d’abus de confiance à l’encontre de Khalifa Bank et qui n’a cessé de rappeler que : «J’ai acheté la voiture avec mon propre argent.» Il précisa avoir acheté la voiture à son parent Chachoua Badredine et qu’il l’a payée en entier : «D’ailleurs tous les documents la concernant sont à mon nom, alors comment appartiendrait-elle à Khalifa Bank ?» se demandait-il. Concernant le billet d’avion Alger-Marseille, il reconnut en avoir bénéficié, mais déclare qu’il a payé toutes les charges, ce qui veut dire que le billet n’était pas gratuit.
Quant à Laggoun El-Hadi, poursuivi pour recel d’une villa appartenant à Khalifa Bank, il déclare au juge qu’effectivement il s’est porté acquéreur de cette villa, située au quartier des artistes à Zeralda, pour la somme de 700 millions de centimes mais : «J’ignorais complètement qu’elle ne lui appartenait pas, et qu’elle était la propriété de Khalifa Bank. Il rappela que c’est le père de Chachoua Abdelhafid, Chachoua Ahmed, qui a toujours été son interlocuteur et qui a engagé toutes les démarches et toutes les procédures. Il rappelle que cette acquisition s’est faite de manière légale, de bout en bout, et qu’il y a un acte notarié qui prouve les dires de l’accusé. Même s’il n’y habitait que durant l’été, l’accusé déclare avoir dépensé la somme de 450 millions de centimes pour des travaux entrepris par la suite. Moudjiba Rachid a travaillé pendant 37 ans en qualité de cadre supérieur au sein du ministère des Télécommunications et, dès sa retraite, il fut recruté comme fonctionnaire au sein du groupe Khalifa pour être chargé de mettre le matériel de communication nécessaire à la disposition de toutes les agences de Khalifa Bank.
Concernant les six téléphones portables remis à la Cnas, l’inculpé déclara qu’il l’a fait sur ordre de la direction générale. Il continua en niant connaître des personnes qui ont bénéficié de ces téléphones portables, dont toutes les charges étaient payées par Khalifa Bank. Revenant au micro-ordinateur portable et à divers autres matériels électroniques et mobiliers, Moudjiba précise que c’était des cadeaux reçus de la part de la compagnie française Sagem, chez qui il a été en stage quand il était cadre au ministère des Télécommunications : «Ce matériel n’a rien à voir avec Khalifa Bank», a-t-il répété. Questionné par le procureur général pour savoir s’il avait intervenu auprès de la coopérative des travailleurs de la Poste pour le dépôt de la somme de 52 millions de dinars, il nia toute intervention de sa part. Haddadi Sid-Ahmed est un ancien directeur des finances et de la comptabilité à «Antinéa Airlines», puis chez Khalifa Airways, et il est accusé d’abus de confiance à l’encontre de Khalifa Bank. Chose inhabituelle, Haddadi Sid-Ahmed, qui a été victime d’une maladie qui lui a fait perdre l’usage de la parole, a répondu aux questions du juge par signes ou en écrivant sur du papier quand la réponse avait besoin d’être précisée.
Il nie avoir gardé le micro-ordinateur chez lui pour se l’octroyer, mais affirme que c’est parce qu’il contenait des dossiers importants concernant «Antinéa Airlines» et qu’il avait peur de les perdre. Appelé à la barre pour confirmer ou infirmer les dires de Mme Benouis Lyndia, fille de l’ex- P-DG d’Air Algérie, qui avait bénéficié d’un prêt d’un montant de 900 millions de centimes auprès de Khalifa Bank, Rafik Khelifa déclare que cette dernière n’a pas remboursé le prêt, ni à lui ni à un autre. Mme Benouis soutient, pour sa part, qu’elle a remboursé le prêt et qu’elle a remis la totalité de la somme à un envoyé de Khalifa.
Hadj Mansour