Au troisième jour de l’Aïd El-Adha, Alger commence, doucement mais sûrement, à se réveiller de sa léthargie. La ville se réveille tôt le matin en quête de survie. Ses boulevards et ruelles s’emplissent petit à petit de bruits et d’animation.
Contrairement aux autres jours de semaine, la circulation est plutôt fluide. Quelques commerces «timides» ont décidé de lever leurs rideaux, de peur de représailles des pouvoirs publics, qui imposent de lourdes amendes.
Certes, ce n’est pas encore la grande forme mais, comparativement aux années précédentes, les signes de la vie sont plutôt visibles. Quelques cafés et restaurants ouverts, les magasins de vêtements, alimentation générale animent le paysage de la ville, après s’être plongée dans un profond sommeil, suite à la fête du Sacrifice.
Mais on est loin d’une «vie normale». Il est évident que les Algérois se sont habitués à ce genre de morosité. En effet, il n’en demeure pas moins que de nombreuses personnes ayant choisi de passer la fête en famille, dans leurs wilayas d’origine, n’ont toujours pas regagné leur travail à la Capitale, laissant les Algérois pris en otage. En effet, le peu de commerces ouverts n’arrivent pas à satisfaire les besoins des habitants de la Capitale. Les produits de large consommation, à l’instar du pain et du lait, sont toujours introuvables, et ce, malgré les promesses du ministère du Commerce, qui a réquisitionné, rappelons-le, plus de 4 500 commerçants pour la permanence de l’Aïd.
Un habitant rencontré hier au niveau de la rue Didouche-Mourad nous affirmera qu’«on se croirait en un vendredi. Il y a un service minimal comme durant tous les vendredis.
L’essentiel est que cette situation ne se prolonge pas durant la semaine». Il n’en reste pas moins que le vrai dilemme que rencontrent les habitants est l’ouverture des commerces et la disponibilité des moyens de transport. À la Grande-Poste et ses environs, l’activité commerciale est réduite au strict minimum: un boulanger-pâtissier, un café, mais un tas de supérettes et de kiosques n’ont pas jugé utile d’ouvrir. Pour le pain, les habitants et les passants avaient tout le loisir de s’adresser au boulanger de l’avenue Pasteur. Mais le lait n’était, hélas, pas disponible, souligne une dame qui affirme qu’elle doit s’acheter le lait en brique.
«Tout marche au ralenti», regrette-t-elle, en affirmant que «même mes enfants ne voulaient pas aller à l’école ce matin». «Décidément, cette culture se transmet d’une génération à l’autre», dira-t-elle, avec ironie. Par ailleurs, il faut dire que les signes de la fête du Sacrifice sont toujours présents. En effet, la question de l’insalubrité des rues se pose avec acuité au lendemain de cette fête religieuse.
L’incivisme des citoyens y est pour beaucoup dans cette situation qui, au fil du temps, est devenue indissociable du décor festif de l’Aïd. À la cité «El-Bahia», dans la commune de Kouba, les déchets qui n’ont pas été enlevés par les agents de l’APC au troisième jour de l’Aïd sont restés sur place, dégageant, ainsi, des odeurs nauséabondes. En ces temps où les températures sont trop élevées, les mouches et autres insectes parasites ont trouvé un terrain propice pour proliférer. Quelques camions d’ordure, sillonnaient, hier, les artères de la ville, mais 72 heures après le Sacrifice, les odeurs sont juste «insoutenables». L’autre point noir est l’absence des moyens de transport.
Un manque flagrant des moyens de transports, essentiellement privé, a été déploré par les citoyens.
Hélas, encore une fois, les mauvaises habitudes, en matière de transport, ont repris le dessus, au grand dam des Algérois qui se sont rabattus sur les taxis clandestins. Dans tous les cas de figure, les citoyens rencontrés, hier à Alger-Centre, prévoient un retour à la normale d’ici dimanche prochain. La culture de faire le pont s’est enracinée dans les us, regrettent-ils. D’ici là, les citoyens doivent prendre leur mal en patience !
Lamia Boufassa