À quelques encablures de la réunion des pays producteurs de pétrole à Vienne, l’optimisme reste de mise afin de trouver un consensus de plafonner la production du pétrole.
À peine deux mois après le fragile accord conclu en septembre à Alger, le prix du pétrole est loin d’atteindre l’objectif de se situer au dessus de la barre des 50 dollars. Et pour cause, des doutes planent sur la capacité de l’Opep à s’accorder sur une réduction de son offre. Mais contre toute attente, les analystes restent optimistes sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger. En effet, selon le dernier sondage effectué par Bloomberg auprès d’une vingtaine d’analystes pétroliers, l’Opep devrait réduire sa production lors de sa prochaine réunion à Vienne en application de l’accord d’Alger.
L’Organisation des pays exportateurs devrait parvenir à un accord sur une réduction de la production le 30 novembre prochain à Vienne, sa première baisse en huit ans, ont prévu 14 analystes interrogés par cette agence de presse américaine spécialisée dans l’économie et la Finance. Au moment ou les convergences au sein de l’OPEP se multiplient, notamment l’Iran et l’Irak, deux grands producteurs qui veulent augmenter leur production pour revenir aux niveaux d’avant conflit, les analystes estiment que ça n’aura pas des répercussions sur un éventuel accord. Ainsi, les analystes de Bank of America Merril Lynch sont confiants sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger en affirmant que l’Opep allait agir le 30 novembre pour arrêter la baisse des cours qui dure depuis deux ans. Pour ces analystes, il y aurait des « motivations puissantes » pour que les ministres de pétrole des 14 pays s’accordent sur la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
«Il est temps pour l’Opep de concéder que sa tentative pour éliminer la surabondance de l’offre en éliminant les rivaux par la politique des bas prix a été une expérience ratée et d’essayer quelque chose de différent», a commenté Michael Tran, analyste chez RBC Capital Markets LLC. « Les prix évoluent au-dessous des 50 dollars le baril, moins de ce que la plupart des producteurs ont besoin pour couvrir leurs dépenses intérieures, ce qui laisse des pays riches comme l’Arabie saoudite dans une zone serrée», a expliqué Francisco Blanch, chef de la division marchés des matières premières de Bank of America. «L’OPEP veut un prix entre 50 et 60 dollars. Elle veut accélérer le rééquilibrage du marché en réduisant modestement la production», a déclaré Gary Ross, président exécutif de PIRA Energy Group.
La Russie de plus en plus « confiante »
L’autre signe positif est venu hier de la part de la Russie. En effet, au moment ou pas moins de 11 membres de l’Opep ont tenu hier, à Doha (Qatar) une réunion « informelle et consultative », le ministre de l’Energie russe Alexander Novak a déclaré, à l’issue de celle-ci, être de plus en plus confiant sur la possibilité d’un accord entre Moscou et l’Opep sur la production de brut. Il a ajouté avoir eu une « réunion fructueuse » avec le ministre saoudien de l’Energie Khalid al-Falih à Doha. D’ailleurs, Alexander Novak a précisé qu’un gel de la production était une des options passées en revue, tout en refusant de dire à quel niveau interviendrait un éventuel gel. Il s’est également dit confiant de voir l’Opep finaliser le 30 novembre à Vienne son accord de principe, annoncé en septembre.
Mise en garde contre le gaz de schiste américain
Par ailleurs, les analystes ont mis en garde, contre une éventuelle montée en puissance de l’offre de pétrole de schiste américain qui pourrait résulter de la hausse des prix.
Cette production a été à l’origine des excédents des stocks sur les marchés en 2014, rappelle-t-on. Les producteurs de schiste qui ont besoin d’un prix élevé de brut pour développer leurs projets coûteux, pourraient inonder le marché par leur production si l’Opep réussit à redresser les cours, a indiqué Bloomberg citant les prévisions faites mercredi par Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie.
Coté prix, ils restent fragilisés. Après avoir grimpé en flèche mardi, les cours de l’or noir ont connu une semaine controversée. Plusieurs responsables de l’OPEP se sont réunis hier de manière informelle pour négocier certaines des modalités de l’accord d’Alger. Mais l’absence d’envoyés irakiens et iraniens rendait les observateurs sceptiques. Pour rappel, la rivalité géopolitique entre l’Arabie Saoudite et l’Iran plane toujours sur l’accord. Mais l’Algérie reste optimiste à trouver un terrain d’entente, c’est du moins le plus grand souhait de l’Algérie.
Lamia Boufassa