Le grand absent de la scène politique fera son retour aujourd’hui, à l’occasion d’une rencontre qui le regroupera, à Alger, avec les organes médiatiques de la presse nationale. Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, puisque c’est de lui qu’il s’agit, tentera de rattraper son silence observé depuis quelques semaines. Le tweet scabreux du Premier ministre, Manuel Valls, la sortie du chef du RND, Ahmed Ouyahia, seront entre autres les sujets auxquels s’attaquera le patron de l’ex-parti unique.
Cette rencontre qui se tiendra à l’hôtel Moncada de Ben Aknou, intervient à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, et au lendemain de la fête internationale des travailleurs. Le choix du timing est-il fortuit ? En tout cas, du moins au demeurant, la circonstance importe peu. Car, à priori, ce qui est attendu par l’opinion publique, c’est la réaction de Saâdani et sa position sur les nombreuses questions brûlantes de l’actualité. Lesquelles, en dépit des enjeux qui les entourent et la portée politique y afférente, comme en témoigne la polémique grandissante suscitée parmi la classe politique et l’opinion publique en général, l’homme fort du FLN a gardé un silence qui laisse perplexe. à titre d’exemple, ce qui est un cas édifiant d’ailleurs, l’affaire de la photo du président de la République publiée par le premier ministre français, Manuel Valls, sur son compte tweeter, au lendemain de sa visite effectuée en Algérie, les 9 et 10 avril dernier. Il va sans dire donc que cette question occupera la part belle du discours de l’homme qui a habitué l’opinion par ses sorties surprenantes et ses prédictions qui ont été assez souvent suivies par des effets immédiats. Il est bon de souligner que la dernière sortie publique de Saâdani remonte au 29 mars dernier, lors de la tenue du meeting populaire des partisans de l’initiative portant sur l’édification d’un rempart national autour du chef de l’État et de l’Armée nationale populaire (ANP). Quelques jours plus tard, le même responsable a effectué une visite en République populaire de Chine, soit le 6 avril dernier. D’ailleurs, son absence sur le territoire national a été le seul motif avancé par la direction politique du FLN, pour justifier l’absence d’une réaction du premier responsable de la formation politique de la majorité. Ceci, de surcroit, devant un acte sans précédent, qualifié par le commun des leaders politiques proches du pouvoir, comme étant «une attaque et une provocation contre l’Algérie». Néanmoins, hormis le geste incommodant du chef du gouvernement français, la direction dirigeante du FLN par la voix de son responsable à la communication, Hocine Khaldoune, en l’occurrence, a réagi pour dénoncer l’autre fait scandaleux inhérent à l’affaire d’évasion fiscale dite «Panama papers», où le quotidien de l’Hexagone, «Le Monde», a illustré un article traitant de l’Algérie, la photo de Bouteflika. Si une telle campagne médiatique qui a soulevé un tollé général des acteurs politiques, qu’ils soient dans l’opposition ou dans le pouvoir, où chacun des acteurs a fait part de sa position qui lui sied, il n’en demeure pas moins que la voix de Saâdani a manqué de par son pesant d’or sur le cheminement du cours des événements dans le pays. à contrario, la réaction de son alter égo au sein du RND (Rassemblement national démocratique), Ahmed Ouyahia, ne s’est pas faite attendre. Soit dit en passant, l’actuel directeur de cabinet auprès de la présidence de la République a qualifié l’acte de Valls, de «comportement abject», et a considéré la publication de la photo du chef de l’État sur son compte tweeter d’un «complot contre l’Algérie». De quoi couper l’herbe sous le pied de son rival politique, Saâdani, dans la mesure où ce dernier se retrouve au moment du feu de l’action à l’étranger, notamment pour espérer une quelconque réaction, prompte ou attardée, soit-elle. C’est ce à quoi fait référence un responsable du bureau politique du FLN, qui a estimé lors d’un entretien téléphonique qu’il nous a accordé le 19 avril dernier, allusion à Ouyahia, qu’«il y’a des personnes qui ont profité du voyage de Saâdani à l’étranger pour le discréditer». Or, pour lui, le FLN qui incarne le pouvoir, «a déjà réagi sur la campagne féroce dirigée contre l’Algérie et menée depuis la France», a indiqué Khaldoune. En tout cas, même si le timing ne s’y prête pas, pas trop du moins, à réagir à une polémique qui s’est dissipée ou presque, tout porte à croire que l’ex-président de l’APN reviendra sur cette affaire à même de mettre à plat les rumeurs les plus folles et les supputations qui ont en suivi son silence.
Farid Guelli