L’hashtag « Aâmi Tebboune, n’allez pas en Irak » fait tache d’huile sur les réseaux sociaux. Comme on pouvait facilement le deviner, l’appel invite le Président à s’abstenir de voyager en Irak pour assister au prochain sommet arabe. Et pourquoi donc ? La Télévision nationale décrypte le message : « Les Algériens craignent pour la sécurité de leur Président » !
La popularité du président Abdelmadjid Tebboune a été, sans le vouloir, soumise à une sorte de « sondage d’opinion » qui ne dit pas son nom. Depuis deux à trois jours, en effet, un hashtag intitulé : « Aâmi Tebboune, n’allez pas en Irak » (traduit de l’arabe, ndlr) fait sensation sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et X (anciennement Twitter).Cet appel a été largement partagé et s’est répondu telle une traînée de poudre parmi les utilisateurs algériens des réseaux sociaux. L’hashtag en question a été massivement repris par nos concitoyens. Du coup, le message a provoqué la curiosité et a suscité l’intérêt des médias nationaux. D’abord il y a lieu de se demander pourquoi cet appel et qu’est ce qui l’a motivé ?
Il faut savoir que le 18 avril dernier, c’est-à-dire il y a six jours de cela, les autorités irakiennes, par le biais du ministère des Affaires étrangères, ont annoncé avoir invité le président Tebboune pour participer au prochain sommet arabe qui aura lieu le 17 mai à Bagdad. Dans ce contexte, il faut aussi rappeler que le Président a, pour des raisons politiques qui relèvent du domaine public, boycotté le précédent sommet, organisé le 4 mars dernier au Caire. On se souvient, cette décision motivée par les positions inflexibles de l’Algérie dans la défense de la question palestinienne, a recueilli un large soutien parmi les citoyens, la société civile et la classe politique nationales. Tout le monde a été derrière le Président. Pour ce qui est maintenant du rendez-vous de Baghdad, avant même que nos autorités officielles ne s’y prononcent, les Algériens invitent leur Président à « éviter » de faire le voyage. Décryptage…
Tout compte fait, cet hashtag cache un message codé que la Télévision publique nationale « a su » décrypter. « L’hashtag largement partagé ne reflète pas tant le rejet du peuple algérien du Sommet arabe que le soutien du peuple à son Président. L’hashtag témoigne clairement du soutien et de l’adhésion du peuple aux décisions et aux positions du président de la République », analyse cette source médiatique dans une publication diffusée sur son compte Facebook. Elle a ajouté que « le peuple algérien accorde une place particulière au peuple irakien, et l’hashtag exigeant du Président de ne voyager est un signe » qui démontre que les Algériens « craignent pour la sécurité de leur Président ». Et pourquoi craindre pour « Aâmi Tebboune » ? Le contexte régional difficile auquel on peut aussi associer des tensions sécuritaires.
Pour la même source, cet appel traduit « la relation forte entre le Président et son peuple à un moment où de nombreux dirigeants de pays à travers le monde ont perdu cette confiance et où le fossé entre les gouvernants et les gouvernés se creuse davantage. » En termes clairs, le président Tebboune jouit de beaucoup d’estime auprès des Algériennes et des Algériens. Un vrai baromètre pour mesurer la cote de popularité en hausse du chef de l’État. Par ailleurs, mêmes « les ennemis » reconnaissent au Locataire d’El Mouradia l’adhésion populaire dont il jouit. L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, l’a appris à ses dépens en le déclarant même contre son gré. « Tous les Algériens d’Algérie et même un certain nombre en France, sont fiers d’avoir un chef d’Etat qui tient tête à l’ancien colonisateur », a-t-il déclaré, mars dernier, sur un plateau de télévision.
Farid Guellil